Le sélectionneur de l’équipe de France, Bernard Bourreau, a jusqu’à lundi pour communiquer la liste des neufs coureurs qu’il emmènera à Doha pour la course en ligne des Championnats du monde, le 16 octobre prochain. Depuis des semaines, il paraît compliqué voire impossible de réunir les trois sprinteurs tricolores Bouhanni, Démare et Coquard. Mais s’il y en a bien un dont il ne faut pas se priver, c’est le premier.

Ingérable…

Nacer Bouhanni est le point central du casse-tête de Bernard Bourreau en vue des Mondiaux. Un coureur au talent incroyable mais tellement imprévisible, sur le vélo comme en dehors, que les doutes ne s’estompent jamais vraiment quant à la pertinence de sa sélection. Il y a deux ans, à Ponferrada, il n’y avait pas eu trop de questions à se poser : le Vosgien était le sprinteur français qui passait le mieux les bosses, et offrait au sélectionneur la meilleure alternative à Tony Gallopin, davantage puncheur. A l’arrivée, Bouhanni s’était classé dixième, une performance prometteuse. Si le garçon avait depuis été un coureur « normal », il ne ferait donc aucun doute qu’il serait de la partie à Doha, dans moins d’un mois. Sauf que voilà. Le désormais leader de l’équipe Cofidis va de frasque en frasque. Même après avoir mis de côté sa rivalité presque malsaine avec Arnaud Démare à la FDJ, il a gardé pour habitude faire régulièrement parler de lui pour les mauvaises raisons. Dernier épisode en date, son altercation à la veille des Championnats de France à Vesoul au mois de juin, qui lui a valu de faire une croix sur le Tour de France.

Forcément, l’idée de faire à nouveau courir Bouhanni et Démare ensemble paraît risquée. Et la victoire du Picard en mars dernier, sur Milan-Sanremo, joue clairement en sa faveur dans l’esprit collectif. L’ancien champion du monde espoirs a prouvé avec ce succès qu’il était capable de l’emporter sur les plus grandes épreuves du calendrier, quand Bouhanni, de son côté, peine à franchir un cap depuis son arrivée chez Cofidis. Mais une seule immense victoire ne doit pas aveugler Bernard Bourreau. Le sprinteur de la FDJ, sur la Primavera, n’a pas volé sa victoire. Mais il a bénéficié de circonstances favorables : une chute dans le final qui a éliminé Gaviria et presque Sagan, et un problème de dérailleur de Bouhanni. Sans oublier qu’à Sanremo, il manquait des grands noms du sprint. Pour s’imposer, Démare avait battu Swift, Roelandts, Van Avermaet et Kristoff. A Doha, il faudra se coltiner Kittel, Greipel ou Cavendish. Rien à voir, en somme. Et ces garçons-là, il n’y a pour l’heure qu’un seul français qui peut les titiller : Bouhanni.

…mais capable de tout

Emmener Démare au Qatar, c’est sans doute s’assurer une place d’honneur derrière les monstres du sprint mondial. Mais c’est presque, aussi, faire une croix sur le maillot arc-en-ciel. En 2016, le garçon n’a gagné « que » quatre fois. Sans parler d’exception, lever les bras reste pour lui assez rare. Et ça n’arrive presque jamais lorsqu’il est en concurrence avec les quelques grands favoris des Mondiaux. Tout le contraire d’un Bouhanni qui, malgré ses problèmes, a lui décroché dix bouquets cette année. La comparaison est saisissante. Voilà pourquoi le champion de France 2012 est celui qui doit rallier Doha, sûrement accompagné d’un Bryan Coquard au profil tellement différent qu’on l’imagine mal être écarté de la sélection. Le Vosgien n’offre presque aucune garanti quant à son résultat final. Mais il est aussi le seul Français qui a une – petite – chance d’être sacré champion du monde. Et rien que pour ça, il doit être celui pour qui l’équipe roulera.

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