Avec un troisième sacre sur le Tour des Flandres, le Suisse a décroché cette saison le septième monument de sa carrière. Et s’il est passé à côté du doublé sur Paris-Roubaix, il a malgré tout montré tout au long de la campagne de flandriennes qu’il était le plus costaud. Encore une fois…

Gagner peu mais gagner bien

A 33 ans, le Bernois n’est plus vraiment celui qu’on a pu connaître. Il n’est plus le meilleur rouleur du monde, ne parvient plus véritablement à être au top tout au long de la saison et a parfois encore plus de mal qu’avant pour concrétiser. Sauf sur les courses pavées ! Sur celles-ci, le plus fort l’emporte peut-être un peu plus souvent, de quoi favoriser un Cancellara parfois en manque d’inspiration tactique… Quoi qu’il en soit, au printemps dernier, il n’a pas fait dans le détail sur le Tour des Flandres, disposant à l’expérience d’un trio belge aux dents longues (Vanmarcke, van Avermaet et Vandenbergh) qui ne rêvait que de faire chuter l’un des deux maîtres de la discipline – oui, on n’oublie pas Tom Boonen. Sauf qu’avec les championnats de Suisse contre-la-montre, c’est la seule fois où Canci a levé les bras cette année.

Cela pourrait faire un peu tâche pour un coureur de son envergure, qui il y a seulement un an décrochait un triplé GP E3 – Ronde – Roubaix. Mais c’est finalement assez logique. Deux doublés consécutifs aurait été un exploit tonitruant, et son enchaînement 2013-2014 est déjà le plus prolifique de sa carrière. En effet, le trois sur quatre est déjà exceptionnel pour celui qui après son doublé de 2010 avait connu deux années sans victoire (deux podiums en 2011, un abandon sur le Ronde et un forfait pour Roubaix en 2012). Face à une concurrence assez inexpérimentée, il a donc su tirer le meilleur de ses qualités et ce malgré une grosse pancarte qu’il a tenté de faire oublier. La preuve que sa domination, sans un Boonen en grande forme, ne souffre d’aucune contestation.

Toujours le patron

Pour le faire perdre sur l’Enfer du Nord, l’équipe OPQS a pu profiter d’une supériorité numérique considérable. Sur dix coureurs se jouant la victoire, trois étaient des hommes de Patrick Lefevere, quand le Suisse n’avait plus d’équipier depuis de nombreux kilomètres. Alors forcément, il était difficile voire impossible pour Cancellara de réagir à l’attaque de Terpstra. Si souvent piégé lorsqu’il a voulu chasser tout le monde – comme sur Milan-Sanremo en 2012 -, il a pour une fois joué la carte de la prudence. Cela ne lui a pas réussi, mais il n’avait pas le choix. Ce podium sur le vélodrome de Roubaix est presque un exploit compte tenu des circonstances. La seule solution pour l’ancien habitué du maillot jaune du Tour aurait sans doute été de partir de loin, comme en 2010 par exemple. Mais les quatre années de plus que compte le leader de l’équipe Trek au compteur l’ont sûrement refroidi.

Que Cancellara ait moins de marge par rapport à ses adversaires que par le passé ne fait donc aucun doute, mais il reste le meilleur flandrien du peloton. Sa connaissance parfaite du terrain lui permet de garder une petite longueur d’avance en dépit d’une équipe relativement faible pour l’entourer. On ne saurait vous dire combien de temps encore cela va durer, car la nouvelle génération emmenée par Sep Vanmarcke se montre de plus en plus pressante. Mais le maître suisse est devenu le roi pour déjouer les statistiques. Au printemps dernier, il se présentait au départ du Ronde sans le moindre succès, et c’était une première dans sa carrière. Ca ne l’a pas empêché de gagner, et c’est ce qui nous empêche pour le moment de prédire un déclin qui se rapproche inéluctablement.

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