Dans son discours, il en parle comme quelque chose d’accessoire. Mais Alberto Contador, 33 ans, sait que c’est bien plus que cela. Sur les grandes épreuves françaises (Paris-Nice, Dauphiné et Tour de France), il n’avait plus porté le maillot jaune depuis la septième étape du Dauphiné 2014. Puis avant ça, cela remontait à 2010. Une éternité.

Le Dauphiné, toujours

Avant le court intermède de 2014 (une journée seulement), c’était à une autre époque. Dauphiné 2010, troisième étape. C’est là qu’Alberto Contador avait enfilé son dernier maillot jaune sur une épreuve française du World Tour. En faisant abstraction de sa suspension, on peut admettre qu’il en a décroché un dernier à Paris, le 25 juillet de la même année. Mais celui-là lui a été retiré pour l’affaire du clenbutérol. Froome et Quintana étaient alors des inconnus du grand public. Le Pistolero n’avait encore jamais été pris pour dopage, et ses rivaux s’appelaient Schleck et Armstrong. On a presque envie de parler d’un autre cyclisme, qui n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Pourtant, dans ce monde où tant de choses, y compris la gloire, sont éphémères, le Madrilène a perduré. Six ans après, le voilà qui a de nouveau gagné le prologue du Dauphiné pour s’offrir le maillot jaune. Il était si souvent passé à côté depuis son retour de suspension que ça a de quoi sonner comme un soulagement, surtout à quelques semaines d’un Tour qui pourrait être son dernier.

Un symbole qu’il faudra conserver

Bien sûr, tout ce qui compte est de l’amener à Superdévoluy, dimanche soir. Pour ça, il va falloir se défendre presque toute la semaine, avec une succession de journées compliquées, et trois dernières étapes qui arriveront en altitude. Mais goûter au maillot jaune et faire travailler son équipe – à peu de choses près celle qui sera alignée sur les routes de juillet – était important. C’est pour ça que dès le prologue, l’Espagnol a voulu frapper fort. Il n’est pas à l’abri d’un coup d’éclat comme avait pu en offrir Janez Brajkovic en 2010, subtilisant la victoire au grand favori qu’était Contador. Mais ce ne sera alors qu’un détail. Le Pistolero doit surtout marquer l’esprit de ses concurrents directs, de Chris Froome à Fabio Aru en passant par Richie Porte et Thibaut Pinot. C’est déjà réussi.

Plus symbolique qu’autre chose, ce maillot presque inattendu vient pour l’instant simplement réconforter un Contador passé à côté de la victoire sur Paris-Nice puis en Catalogne, mais qui confirme être au top depuis le Pays-Basque. Il n’a jamais, d’ailleurs, été un grand adepte du maillot jaune. Avec ses deux victoires sur le Tour – mettons définitivement de côté 2010 -, il n’a porté « que » onze jours le paletot de leader. Chris Froome, avec autant de succès à Paris, a lui eu l’honneur de la tunique jaune à trente reprises. Sur ce Dauphiné et grâce à ce maillot, l’enfant de Madrid a donc montré que malgré ses années, il pouvait encore se comporter en patron. Peu de monde en doutait, surtout après son très beau printemps, mais il manquait un petit quelque chose pour le concrétiser. Ce maillot jaune qu’il porte depuis trois jours vient combler le vide.

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