Alors que Paris-Nice approche doucement de son dénouement, de l’autre côté des Alpes, la bataille ne fait que commencer. Si Michal Kwiatkowski a réussi à prendre la tête de l’épreuve après trois jours de course, c’est parce qu’il a profité du chrono par équipes inaugural et des deux journées terminées au sprint. Mais aujourd’hui et demain, ce ne sera pas la même course. Les deux étapes phares vont faire le tri, et dimanche soir, si tout n’est pas déjà plié, ils ne seront plus qu’une poignée de coureurs à pouvoir rêver de victoire finale.

Deux étapes…

Ce samedi vers Cittareale, les hommes forts de ce Tirreno-Adriatico vont devoir abattre leurs cartes. Peut-être pas toutes, mais une bonne partie. Car la différence va inévitablement se faire sur les pentes du col transalpin. Pas aussi coriace que bon nombre de ses homologues, la montée de Selva Rotonda est longue (14 km) mais peu pentue (5,3% de moyenne). Sur le papier, pas de quoi faire frémir l’actuel leader, le Polonais Kwiatkowski. Mais à y regarder de plus près, finalement, l’ascension pourrait faire des dégâts. En effet, les premiers kilomètres fausse un peu les chiffres. En réalité, les 4,5 dernières bornes sont à 6,4% de moyenne, avec des pointes à 10% à quelques encablures du sommet. Certes ça ne vaut pas le Stelvio ou le Zoncolan, escaladés de temps à autres sur le Tour d’Italie. Mais c’est largement assez pour faire craquer les non-grimpeurs, et faire un premier tri conséquent au soir de cette première journée importante. D’autant qu’avant la montée finale, le peloton devra escalader deux autres difficultés répertoriées : l’amuse-gueule Forca di Cerro (9,6 km à 4,6%), puis le non-négligeable Forca Capistrello (16,3 km à 6,7%).

Dimanche matin, la liste des potentiels vainqueurs de cette 42e course des deux mers sera donc vraisemblablement réduite à quelques noms. Après 150 kilomètres déjà casse-pattes, le Passo Lanciano se dressera face aux coureurs : 12,4 kilomètres à 7,4% de moyenne, avec des passages à 13%. Alors Kwiatkowski, toujours là ? Si c’est le cas, il restera à ses rivaux quelques hectomètres pour le lâcher, dans le Muro di Guardiagrele, la véritable attraction de ce dimanche. Une route étroite qui pourrait contraindre, comme l’an dernier vers Sant’Elpidio, des coureurs à mettre pied à terre. Il faut dire que les 610 mètres du mur à 22% de moyenne piquent les jambes. Et que dire des passages à 30% ! Un dénivelé de plus de 130 mètres à avaler sur une si courte distance, une prouesse incroyable que tous les leaders devront réaliser. Et sans même avoir le temps de se reposer, il faudra enchaîner avec les 250 derniers mètres de l’étape, qui offriront un dernier mur au peloton, ou du moins à ce qu’il en restera. Des pentes à 12% qui passeront pour un replat, mais qui seront bien le dernier moment pour faire la différence.

…et moins de quinze prétendants

Ce matin, les écarts au classement général étaient encore minces. Mais en éliminant d’ores et déjà les sprinteurs et les coureurs relégués à plus de 50 secondes dans un classement virtuel, la liste des potentiels vainqueurs ne contient plus qu’une quinzaine d’hommes, voire un peu moins. Kwiatkowski, évidemment, reste en bonne position, surtout grâce au chrono final de 9 kilomètres où le futur vainqueur devra forcément se montrer à son avantage. Mais derrière lui, la meute est motivée : Uran (à 10’’), Clarke (à 13’’), Contador (à 36’’), Quintana (à 38’’), Porte (à 39’’), Kreuziger et Roche (à 44’’), Basso (à 46’’), Arredondo (à 47’’) ou Mollema (à 49’’) espèrent tous faire la différence ce week-end. Sans oublier quelques outsiders, entre seconds couteaux (Intxausti, Nieve, Kiserlovski) et leaders un peu décrochés (Evans, Pinot, Horner, Moreno). Du beau monde pour la victoire, et une seule condition essentielle : passer les montées abruptes du week-end. Ensuite, il sera temps de réfléchir au chrono. Mais de toute façon, compte tenu de la distance, les écarts y seront faibles. Et demain soir, on pourrait déjà avoir une idée précise du futur vainqueur.

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