A quatre jours de l’arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle, Fabio Aru pointe à la cinquième place du classement général de la Vuelta, derrière un quatuor intouchable. Une place qu’il devrait pouvoir conserver sans trop de soucis jusqu’à dimanche, et qui vient confirmer son excellent Giro. L’Italien est un vrai leader sur les courses de trois semaines.

Deux ans chez les pros et déjà important

Chez les professionnels, l’histoire de Fabio Aru ne s’est écrite que chez Astana. La formation à l’accent très italien l’avait signée en août 2012, et deux ans après, il est déjà l’un des membres éminents de l’équipe kazakhe. Derrière Vincenzo Nibali, leader suprême, il a supplanté Michele Scarponi pour s’imposer comme le deuxième patron de la troupe d’Alexandre Vinokourov. Et puisque le Squale avait tout misé sur le Tour en 2014, Aru a eu sa chance sur le Giro d’abord, et sur la Vuelta actuellement. Résultat, un podium sur la course rose, devant ses tifosi. Loin du podium et d’un Nairo Quintana aérien, c’est vrai ; mais il faut souligner le rapidité de l’apprentissage. Parce que le Sarde est allé chercher cette troisième place pour son deuxième grand tour seulement. Avec une étape en prime dans la besace, il a clairement été la révélation de ce Giro 2014, même si son éclosion était attendue.

Cependant, qu’il brille en cette fin d’été sur la Vuelta est bien plus surprenant. A 24 ans et avec une expérience très réduite, on pouvait douter de sa capacité à doubler deux grands tours. Mais force est de constater que le jeune transalpin a parfaitement géré les semaines qui séparaient les deux échéances. Le Tour de Pologne est la seule course qu’il a disputé entre les deux épreuves de trois semaines, et il y a été très discret, préparant méticuleusement son Tour d’Espagne. A quelques jours de l’épilogue, loin de ses supporters, sur une épreuve qu’il découvre et face à une concurrence largement plus coriace que sur les autres grands tours de cette année, il est donc allé chercher son étape en patron, et se fait une place au classement général, derrière des habitués du haut de l’affiche. « Je me découvre », avait concédé Aru lors du dernier Giro. Nous aussi à l’époque, on le découvrait à un tel niveau. Mais désormais, il va falloir s’y habituer.

Décomplexé et plein de panache

Au départ de la Vuelta, Aru assurait n’avoir aucun objectif précis, simplement le désir de faire du mieux possible. Sans doute un moyen d’évacuer la pression et de rouler décomplexé. Car c’est en train de devenir une marque de fabrique chez le natif de San Gavino Monreale. Sur le Giro comme sur la Vuelta, il est allé décroché un bouquet sur une étape de montagne. Il aurait pu, pourtant, rester dans les roues, la jouer discret et se contenter de suivre le plus longtemps possibles les cadors. Mais ce n’est pas son style. En mai dernier vers Montecampione, il s’était montré impatient mais aussi parfait tactiquement. Aidé par des jambes de feu, il avait placé son attaque au bon moment et s’était envolé presque naturellement pour déjà se rapprocher de son futur podium. Mais il y a quelques jours, vers San Miguel de Aralar, c’était encore plus marquant. Après le premier jour de repos et sur une étape importante, aucun des leaders n’osait se livrer. Aru, si.

Dans le dernier kilomètre, c’est donc lui qui a fait la différence, lâchant Contador, Rodriguez, Valverde et Froome, notamment. Et si sur la course rose, il avait confié qu’il n’était « pas sûr d’avoir les jambes » au moment de son offensive, cette fois, plus expérimenté et vraisemblablement plus sûr de lui, il n’a pas paru un seul instant douter de sa capacité à aller jusqu’au bout. Parce que le jeune Aru était en apprentissage sur le dernier Tour d’Italie, mais plus maintenant. Désormais, il fait partie des coureurs qui comptent au sein du peloton, et sera de plus en plus annoncé comme un outsider de taille sur les courses de trois semaines. Un statut mérité pour celui qui a rassuré l’ensemble du public italien en s’affirmant comme celui capable de gagner un grand tour d’ici quelques années, au même titre que Scarponi ou Nibali, ses actuels coéquipiers. Peut-être pas un hasard, justement…

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