A cause du vent qui souffle depuis hier au sommet du Mont chauve, l’organisation du Tour a décidé de juger l’arrivée six kilomètres plus bas, à Chalet Reynard. Un 14 juillet, jour de fête nationale, on aurait aimé que les coureurs se livrent bataille jusqu’en haut. Mais ce changement de programme ne signifie pas forcément que la montagne accouchera d’une souris.

Acte IV

Les deux premiers actes, le week-end dernier, ont donné l’avantage à Chris Froome dans le duel qui l’oppose à Nairo Quintana. Vers Bagnères-de-Luchon, le Britannique a fait la descente à tombeau ouvert et grappillé 23 secondes, bonifications comprises, sur son rival colombien. A Andorre-Arcalis, le lendemain, les deux hommes se sont neutralisés. Puis le troisième acte a pointé le bout de son nez là où on ne l’attendait pas, hier vers Montpellier. Plein de panache et de vice, le Maillot Jaune de la Sky a su prendre la roue de Sagan au bon moment pour aller chercher une poignée de secondes supplémentaires. Il n’y a pas encore eu de bagarre en montagne ni même de contre-la-montre que 35 secondes séparent déjà les deux grands favoris de ce Tour de France – et les deux seuls qui restent avec les mésaventures de Contador, Aru et Pinot. Alors forcément, la montée du Ventoux, ce jeudi, apparaît d’ores et déjà comme un possible tournant dans la course à la victoire finale.

S’il ne se réveille toujours pas, Quintana pourrait finir par le regretter. Oui, il n’est pas encore trop loin au général, surtout si l’on compare avec 2013 et 2015, où il était déjà relégué bien plus loin de Froome à ce stade de la course. Mais il ne peut pas se cacher derrière ça pour attendre jusqu’à Morzine avant de placer une attaque. La deuxième partie de course est entamée, il est temps, s’il le peut, de reprendre le maillot jaune. Son équipe est largement capable de l’assumer pendant dix jours, du Ventoux jusqu’à Paris. Le Colombien doit aussi prendre ses responsabilités et arrêter de la jouer mauvaise foi. Au sommet de l’Aspin, il prenait son bidon ; vers Montpellier, les conditions étaient trop dangereuses. Peut-être, mais Froome s’est adapté. S’il veut gagner le Tour, l’enfant de Tunja doit en faire autant. Il n’est plus question de se plaindre, simplement d’aller batailler.

Un mal pour un bien ?

En retirant purement et simplement les six derniers kilomètres d’ascension du Mont Ventoux, l’organisation prive forcément les coureurs d’un terrain de jeu propice aux attaques. Mais avec une ascension qui depuis Saint-Estève fait encore presque 10 kilomètres, la montée finale reste un gros morceau. Les deux dernières bornes seront les plus « faciles », avec un pourcentage moyen de 7,5 % : mais avant, il y aura largement le temps de faire des différences, avec des pourcentages entre 8,5 % et 10 % pendant près de huit kilomètres. La fin de la montée, à découvert, pouvait aussi en rebuter certains dans leurs velléités offensives. Le problème est résolu, et pourrait donc même favoriser les attaques. Ce Ventoux raccourci peut donc en faire tiquer certains pour le côté historique et symbolique. Mais pour la course, ce n’est pas qu’une mauvaise chose. Non, l’ascension ne sera pas escamotée. La bagarre sera seulement différente de celle qui était attendue. Peut-être plus explosive encore. Parc que le Ventoux ne peut qu’être décisif.

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