Il a attaqué, il a impressionné et il a gagné. Ce dimanche, Alberto Contador a exterminé la concurrence, pourtant conséquente, sur Tirreno-Adriatico. Une deuxième victoire en deux jours qui scelle quasiment la victoire finale de l’Espagnol. Le – très – grand Contador est de retour, ça ne fait plus aucun doute.

Panache maîtrisé

Il y a quelques années, le Madrilène semblait imbattable, parfois sur le Tour, parfois sur le Giro ou sur la Vuelta. Depuis son retour de suspension, c’est un peu différent, tout ne paraît plus aussi simple. Moins bon en montagne et en chrono, disent certains, Contador a perdu de sa superbe et ne domine plus autant. Malgré tout, il y a bien une chose que le Pistolero n’a pas perdu : son panache. Les épisodes pré-suspension sont nombreux, mais il n’y en n’a pas moins depuis le retour de l’Espagnol, en août 2012. On se rappelle forcément de l’étape de Fuente Dé sur la Vuelta, il y a un an et demi. Une attaque lointaine, un Rodriguez isolé, une victoire d’étape et finalement le général en prime. Le monde du cyclisme avait tiré son chapeau pour le repenti. Sans que l’intégralité des soupçons ne se dissipent, mais en reconnaissant la classe et le panache du coureur de l’équipe Saxo-Bank.

Sur ce Tirreno-Adriatico, Contador a donc remis ça, et sur la plus belle étape. Après s’être mis en confiance – si tant est qu’il en avait besoin – sur les pentes de Cittareale, le double vainqueur du Tour avait décidé de porter l’estocade décisive ce dimanche. Pour cela, le Passo Lanciano devait être sa rampe de lancement. Et tout a semblé fonctionner à merveille. La première attaque a été suivie, pas la seconde. Même Quintana n’a pas bronché quand l’Espagnol est parti, se dandinant en danseuse dans son style si caractéristique. Le leader de l’équipe Tinkoff-Saxo avait encore 32 kilomètres à parcourir, mais il n’a jamais douté, jamais faibli. Au contraire, il a creusé l’écart sur ses adversaires en revenant sur les échappées. Puis il a géré, dans le Mur final de Guardiagrele, s’en allant décrocher une étape amplement méritée, qui lui permet de prendre une avance largement suffisante sur ses poursuivants au général : 2’08’’ sur Quintana et 2’15’’ sur son coéquipier Kreuziger.

Quelle suite ?

Milan-Sanremo le week-end prochain, puis les Tours de Catalogne et du Pays-Basque, c’est le programme de Contador dans les semaines à venir. Avant une grosse coupure jusqu’au Dauphiné, en juin prochain, juste avant le Tour de France. Pas de classiques de prévues et de façon générale un programme clairement allégé par rapport à 2013. Une stratégie qui correspond parfaitement à celle des Sky, mise en place pour Wiggins et Froome ces deux dernières saisons. C’est à dire un entraînement effectué à l’abri des regards avec des tests réguliers pour se mesurer à la concurrence et tenter d’emmagasiner de la confiance. Depuis deux ans, c’est la technique gagnante pour remporter le Tour de France. Alors à 31 ans et avec une grande équipe autour de lui, on ne voit pas pourquoi cela ne fonctionnerait pas pour Alberto Contador. D’autant que cela a bien démarré avec une deuxième place rassurante en Algarve et une victoire finale qui se profile sur Tirreno, alors même qu’il y a un an, le Madrilène avait subi la loi du duo Nibali-Froome.

2014 pourrait être donc l’année du retour, justement parce qu’on n’attendait pas l’Ibère. A la fin de la saison dernière, on n’imaginait même pas Contador poursuivre sous les ordres de Tinkov. Finalement, il est encore là, et désormais, l’homme d’affaire russe l’encense sur Twitter. A la fin de l’été 2012, on ne voyait pas non plus le grimpeur de la péninsule remporter sa deuxième Vuelta. Il l’a fait, avec un énorme panache. Alors à l’heure où le Pistolero file vers un sacre inédit sur la course des deux mers, il est possible de rêver à nouveau d’un succès sur la Grande Boucle, qui serait son premier sous les couleurs de Tinkoff. Chris Froome et Vincenzo Nibali sont en tout cas prévenus ; Contador s’est loupé en 2013, mais s’est remis en question pour revenir plus fort. Reste à savoir s’il le sera assez pour faire la nique à ses rivaux sur les routes hexagonales de juillet.

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