Tirreno-Adriatico repousse sans cesse les limites de l’extrême. Le menu de cette semaine italienne a beau être équilibré avec deux étapes pour sprinteurs et deux chronos plats – dont un par équipe en ouverture -, le week-end proposera un programme terrifiant qui promet un nouveau spectacle éblouissant sur des pentes avoisinant parfois les 30%.L’étape du dimanche verra en effet les coureurs gravir un vrai col, le Passo Lanciano (12,4 km – 8%) avant de s’affronter sur le terrible mur de Guardiagrele, doté de pourcentages si ahurissants qu’il ferait presque passer le célèbre Montelupone pour un dos d’âne. Longue (610m) et pentue (22%), cette difficulté sera sans doute le juge de paix de l’épreuve qui dispose encore une fois d’un plateau digne du Tour de France. Comme sur un grand tour, le niveau est tel qu’une surprise semble inenvisageable, la victoire devant se dessiner entre quelques hommes suffisamment complets et robustes pour briller à la fois sur les murs et les chronos. Et ceux-là se comptent sur les doigts d’une main… Pour les autres, la perspective d’une victoire sur Milan-Sanremo passe presque toujours par une semaine difficile sur Tirreno et ces coureurs en sont bien conscients ; les sprints de la course des deux-mers étant un révélateur précis de l’état de forme des prétendants au gain de la Classicima.

– Les Favoris

***** Michal Kwiatkowski : C’est l’homme en forme du moment. Impérial dans son mano a mano avec Peter Sagan sur les Strade Bianche, notamment lors de l’arrivée finale sur les hauteurs de Sienne qui sonne évidemment comme un avant goût de ce que retrouveront les coureurs sur Tirreno-Adriatico, le Polonais avait également dominé une forte concurrence sur le Tour l’Algarve en remportant aussi bien une étape difficile que le chrono. Tous les signaux sont au vert pour une première victoire sur une grande course par étapes labellisée World Tour. 

**** Richie Porte : Il fut appelé d’urgence en renfort suite au forfait de Froome, et cela prouve deux choses : d’abord que Tirreno-Adriatico est un véritable objectif pour Sky, qui souhaite mesurer son leader de rechange face aux meilleurs. Porte, qui vise le Giro, pourra ainsi passer un test important lors de cette semaine. Ensuite, que Bradley Wiggins n’est sans doute pas dans une forme optimale, sans quoi la présence de Porte n’aurait pas été nécessaire. 

**** Cadel Evans : Trop usé pour les grands tours et la répétition des grands cols, c’est typiquement sur ce genre de profil que l’Australien a encore toutes les chances de briller. L’ancien vététiste pourra faire valoir son punch et ses talents de rouleurs pour remporter une deuxième fois Tirreno-Adriatico après son succès de 2011, qui avait lancé la saison la plus réussie de sa carrière. Solide sur les Strade Bianche, Evans est prêt.

– Les Outsiders  

*** Roman Kreuziger & Alberto Contador : Certes, il lui faudra composer avec un Espagnol en quête de revanche après le fiasco dernier Tour de France, mais l’avenir et le présent appartiennent au Tchèque, qui aura l’occasion de confirmer qu’il est enfin devenu un coureur de classe mondiale après des années passées sans montrer la réelle ampleur de son immense potentiel. En fonctionnant ensemble et non l’un au service de l’autre, ce duo pourrait faire des étincelles cette année. 

*** Nairo Quintana : Meilleur grimpeur au monde avec Chris Froome, Quintana a déjà pris ses marques en 2014 en remportant le Tour de San Luis, chez lui en Amérique du Sud. Étant donné qu’il vise le Giro, le leader de l’équipe Movistar est forcément en avance sur ses temps de passage de l’an dernier. Le voir s’imposer sur Tirreno, lui le tenant du titre au Pays Basque serait d’une logique implacable. Il sera intéressant de comparer son temps lors du chrono avec celui des leaders assez bons rouleurs comme Evans ou Contador, sachant que Porte et Kwiatokowski lui reprendront forcément un peu de temps. 

*** Michele ScarponiTirreno-Adriatico est la course fétiche du transalpin. Théâtre de son retour vainqueur en 2009, puis de ses nombreux podiums les années suivantes. Légèrement sur la pente descendante, le coureur de 34 ans n’a plus beaucoup d’explosivité mais garde des ressources physiques et mentales impressionnantes. Les forts pourcentages l’avantagent forcément et font de lui un outsider crédible, non pas pour la victoire mais au moins pour une belle place au général. 

– A ne pas sous-estimer

** Bauke Mollema : Il n’y a désormais plus aucun doute sur le fait que Bauke Mollema soit bien l’homme fort de l’équipe Belkin sur les courses par étapes. Il a certes montré ses limites sur trois semaines, mais aussi sa faculté à faire des placettes partout où il passe. Cerise sur le gâteau, le Néerlandais s’est trouvé un certain sens de la gagne en allant chercher en costaud des victoires improbables en Suisse et sur la Vuelta l’année passée. 

** Domenico Pozzovivo : Le problème reste identique pour le lutin d’AG2R, la présence d’un contre-la-montre, même court, lui retire toute chance de gagner un jour une belle course par étapes. Sans compter le fait que son équipe a la fâcheuse habitude de prendre des valises lors des chronos par équipes. 

** Daniel Martin : Couronné meilleur puncheur du monde par sa saison 2013 de haute volée, l’Irlandais a les jambes pour distancer n’importe quel adversaire sur les différents murs du parcours. Bien plus à l’aise en montée que sur un vélo de chrono, son talon d’Achille le condamne, au même titre que Pozzovivo. Dommage de ne pas avoir choisi l’option Paris-Nice, qui lui convenait à merveille… 

* Christopher Horner : Bonne pioche pour l’écurie Lampre avec la signature du vétéran vainqueur du Tour d’Espagne. A voir si le Jeannie Longo masculin sera capable de répéter ses numéros en haute altitude dès le mois de mars, surtout avec aussi peu de compétition derrière lui. Car Horner est un diesel. 

* Daniel Moreno : La doublure parfaite de Purito aura le loisir de mener la Katusha sur un tracé qui lui sied à merveille. D’avantage « homme de coups » sur les courses d’un jour ou certaines étapes ciblées, Moreno n’a pas le profil pour se positionner véritablement au général, étant presque toujours sanctionné net par un jour sans. 

* Jürgen Van den Broeck : L’unique grand grimpeur belge du peloton ambitionne de remporter Liège-Bastogne-Liège. Les classiques ardennaises ne sont pas pour tout de suite mais après ses six mois d’arrêt, VDB a faim de compétition. 

Mentions : Thomas Lofkvist, Andrew Talansky, Rigoberto Uran, Jean Christophe Péraud, Thibaut Pinot, Ivan Basso, Diego Ulissi, Pierre Rolland et Robert Kiserlovski

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