Après deux saisons à tutoyer le ciel, la formation de Dave Brailsford a brutalement refait connaissance avec le quotidien d’une équipe « normale ». Pas de Tour de France victorieux, des blessures et des leaders défaillants, la Sky de 2014 est rentrée dans le rang.

Deux raisons d’être satisfaits

Le retour au premier plan de Bradley Wiggins. Le Wiggo de 2014 n’a plus rien à voir avec celui de 2012, lorsqu’il remportait le Tour de France. Celui d’aujourd’hui est redevenu la machine à rouler que l’on connaissait, et fort heureusement, ne grimpe plus aussi bien que Froome ou Nibali. Troisième du chrono de Tirreno-Adriatico, il a surtout marqué son retour par une improbable neuvième place sur Paris-Roubaix, parce que le Britannique aux rouflaquettes reste un homme surprenant. Mais c’est bien dans les chronos qu’il a refait son apparition tout au long de la saison. Il n’a certes décroché « que » quatre succès dans l’exercice, ils y a parmi eux les titres nationaux et surtout mondiaux dans l’effort solitaire, qui marquent un retour tonitruant dans l’élite du cyclisme mondial.

La campagne flandrienne de Geraint Thomas. Spécialiste des classiques, le Britannique n’a pas trusté le haut de l’affiche au printemps dernier, mais s’est montré d’une régularité qu’il est important de souligner, surtout au sein d’une équipe qui a toujours semblé ne pas considérer à leur juste valeur les grandes classiques du calendrier. Troisième du GP E3, huitième du Tour des Flandres et enfin septième de Paris-Roubaix, le Gallois de naissance, habitué à enchaîner ces classiques pavées, y a brillé presque plus qu’on ne pouvait l’espérer. Une aubaine pour la formation Sky, qui n’a pu compter sur un Ian Stannard tantôt transparent tantôt blessé après avoir pourtant remporté l’Omloot Het Nieuwsblad.

Trois raisons d’être déçus

L’inefficacité de Chris Froome. Oui, il y a largement de quoi trouver des excuses au Britannique au terme de cette saison ratée. Vainqueur en Romandie, il était dans ses temps de passage, et c’est finalement cette chute sur le Dauphiné qui a signifié le début d’une période galère. Mais tout ne peut pas se résumer à la malchance. Froome avait mal débuté son Tour de France, et ses chutes n’ont fait que confirmer que ce n’était pas son année. Mais surtout, celui qui avait été sacré presque facilement en 2013 n’a pas été capable de se remettre aussi vite que son rival Alberto Contador, qui avait pourtant connu pareille désillusion sur les routes hexagonales. Résultat, celui qui avait pris l’habitude de tout contrôler s’est retrouvé sur la Vuelta dans la position du challenger. Et il n’a pas su renverser la tendance.

Le cas de Sergio Henao. Le Colombien devait succéder à Rigoberto Uran, prendre des responsabilités et surtout s’affirmer comme un coureur capable de briller sur trois semaines. Mais une histoire de suspicion de dopage encore empreinte de zones d’ombre a plombé sa saison. Contraint de repartir en Colombie pour réaliser de nombreux tests physiques durant plusieurs mois, il n’a couru que 16 jours cette saison. De quoi laisser sur leur faim tous ceux qui attendaient beaucoup de ce grimpeur de poche souvent à son avantage en 2013. Alors cette année blanche n’aura peut-être pas été complètement inutile, mais ça, il faudra le prouver l’année prochaine.

Le rôle de Richie Porte. En début de saison, on attendait de voir l’Australien leader sur le Tour d’Italie pour enfin jouer sa carte personnelle. Mais au dernier moment, conscient que tout ne serait peut-être pas aussi limpide que par le passé et contraint de pallier le cas Henao, son staff lui a demandé de faire une croix sur la course rose pour se concentrer sur la Grande Boucle, où il serait de nouveau équipier de Froome. Il s’est plié aux exigences de Brailsford, et finalement, a passé lui aussi un sale mois de juillet. Victime de défaillances en série, il n’a pas su être le leader de substitution qu’attendait la Sky. Et après ça, il a terminé très discrètement sa saison en abandonnant les classiques d’Hambourg et de Plouay. Indigne.

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