Ce dimanche, Rui Faria Da Costa remettra en jeu son titre de champion du monde. Une année après sa victoire à Florence, c’est l’heure du bilan pour le portugais ; et force est de constater qu’il n’est pas très réjouissant. Attendu au tournant, il a énormément déçu sur les épreuves phares du calendrier World Tour, même si ses performances sur les courses d’une semaine sauvent son bilan comptable. Focus sur la saison de l’un des hommes les plus attendus de 2014.

Décevant sur ses deux principaux objectifs

Porter le maillot arc-en-ciel n’a pas que des effets positifs. Ce titre donne une pression supplémentaire et le coureur est naturellement beaucoup plus surveillé, ce qui peut expliquer la fameuse malédiction du paletot de champion du monde. Rui Costa avait deux grands objectifs en début de saison, les classiques ardennaises et le Tour de France. Les deux se sont soldés par un échec. Sa campagne des classiques, d’abord, a moyennement démarrée avant de finir en désastre. Après une préparation perturbée sur le Tour du Pays Basque à cause d’un problème de transport, il débute par une anonyme dix-septième place sur l’Amstel Gold Race. Suivie par une piètre performance sur la Flèche Wallonne, il vise la Doyenne pour sauver son printemps. Malheureusement pour lui, l’exploit n’aura pas lieu. Le coureur portugais tombe à un peu moins de 80 kilomètres de l’arrivée, et se voit contraint d’abandonner. Sale semaine…

Heureusement, la fin du printemps et le début d’été lui sont plus prolifiques à l’approche d’une participation à la Grande Boucle pour enfin briller au classement général, après avoir déjà décroché trois victoires d’étapes les années précédentes. Mais malgré un début de Tour assez correct, la seconde semaine lui sera fatale. Il chute sur la 11e étape à Oyonnax, remportée par Gallopin, et perd plus d’une minute trente sur le groupe des favoris. Cette chute est un premier coup de poignard pour le Portugais. Il venait de retrouver sa place de neuvième au classement général et se trouvait à onze secondes d’une potentielle sixième place. Quelques jours plus tard, après avoir abandonné tout espoir de bon classement lors de l’étape arrivant à Risoul, il quitte la course par la petite porte, victime d’une bronchopneumonie.

Présent sur ses courses de prédilections

Rui Costa n’a pas non plus réalisé une saison blanche, loin de là. Après avoir joué la gagne sur le Tour d’Algarve avec Kwiatkowski et Contador, il finit à une excellente deuxième place sur Paris-Nice, même si le manque de concurrence fut longuement débattu. Mais c’est encore une fois en Suisse et au Canada que le coureur de la péninsule s’est montré à son avantage. Tout d’abord, il finit pour la troisième fois de suite sur la troisième marche du podium lors du Tour de Romandie, quelques jours seulement après sa lourde chute sur Liège-Bastogne-Liège. Et un mois plus tard, il réalisa un autre triplé, bien plus prestigieux, en remportant le Tour de Suisse. Lors de cette édition, il devient le premier coureur à remporter consécutivement trois fois l’une des courses d’une semaine les plus difficiles du calendrier et se rapproche du record de quatre victoires sur l’épreuve, détenu par l’Italien Pasquale Fornara. Une énième confirmation de ses qualités de coureur complet, à l’aise sur des épreuves d’une semaine. Sa victoire d’étape, au panache, lors de la dernière étape, marque particulièrement les esprits. Puis il termine deuxième du GP de Montréal – seule classique World Tour à son palmarès – derrière l’imbattable Gerrans.

Malgré ces belles performances et une excellente sixième place au classement World Tour, preuve d’une solide régularité, l’ancien coureur de Movistar a globalement déçu. Son titre de champion du monde était le tremplin parfait pour passer un cap et enfin devenir un véritable leader sur les monuments voire sur les courses de trois semaines, et même si certains pourront crier à la malchance, ses chutes sur Liège et le Tour ne sont que des leurres. Que ce soit sur les classiques précédentes ou lors de la première semaine du mois de juillet, l’ancien lieutenant de Valverde n’avait pas montré de signes encourageants et semblait déjà à la peine. À 27 ans, l’âge de la maturité, c’était le moment propice pour franchir le palier qui le sépare des grands. Il reste maintenant à Rui Costa le championnat du monde et le Tour de Lombardie pour nous faire mentir, mais son potentiel semble le restreindre à jouer les seconds rôles sur les grandes épreuves du calendrier World Tour. À moins qu’il ne suive une trajectoire à la Simon Gerrans, véritable modèle du genre…

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