Après le Tour et avant la Vuelta, le peloton international a pris pour habitude de faire une escale en Pologne pour une semaine de course. Au programme notamment, deux étapes de montagne et un chrono final qui décidera sans doute du vainqueur. Cependant, personne n’y sera au top : soit les coureurs récupéreront activement de la Grande Boucle, soit ils seront en phase finale de préparation en vue de la Vuelta. De quoi avoir une hiérarchie chamboulée.
– Les Favoris :
**** Fabio Aru : Il sera en reprise et on ne peut pas vraiment anticiper l’état de forme du jeune italien. En préparation pour la Vuelta, il pourrait tenter de se rassurer, le parcours le lui permettant sur le papier. Mais il y a un an, son coéquipier Vincenzo Nibali avait été à la rue sur les routes polonaises avant de livrer un formidable mano a mano avec Chris Horner sur le dernier grand tour de l’année. C’est donc l’inconnu qui plane au dessus d’un Aru malgré tout largement capable de rafler la mise.
**** Eros Capecchi : Après le Tour d’Italie, l’Italien de la Movistar n’a jamais vraiment coupé. Quelques semaines par-ci, d’autres par-là, mais jamais plus d’une vingtaine de jours. Onzième du Tour d’Autriche quand se disputait la Grande Boucle, il semble dans une bonne dynamique avant d’arriver sur une épreuve qui l’avait vu terminer à la sixième place l’an passé. Pas forcément à l’aise en très haute montagne, il pourra sans doute profiter d’un parcours légèrement plus clément cette année. De quoi aller titiller son compatriote Aru.
*** Damiano Caruso : Lui a connu un été chargé, entre Dauphiné, Tours de Slovénie et d’Autriche. Troisième de ce dernier, il arrive dans une forme rare pour cet habituel équipier. Attendu pour porter haut les couleurs d’une équipe Cannondale déçue de son Tour de France, il fera partie des très nombreux transalpins au départ de l’épreuve polonaise, et pourra compter sur un équipier de choix en la personne de Moreno Moser, lauréat en 2012 d’une épreuve World Tour chaque année plus ouverte que la précédente.
– Les Outsiders :
*** Rafal Majka : On aurait bien voulu placer le Polonais parmi les grands favoris. Intrinsèquement, il est sans doute le meilleur coureur au départ avec Aru et Betancur. Mais après un grand Tour de France, il est toujours difficile d’enchaîner. Riblon y était parvenu il y a un an, mais Majka a réalisé un mois de juillet autrement plus plein. Bien sûr, il aura le public pour le pousser plus haut que jamais : mais avec deux grands tours dans les jambes, pas dit que son corps réponde aussi bien que l’espèrent ses supporters.
*** Gianluca Brambilla : Encore un Italien ! Comme Aru, il n’a plus couru depuis la fin du Giro – à l’exception de ses championnats nationaux en juin, sans peser – et devra se remettre dans le rythme en Pologne. Mais ses qualités de puncheur sont indéniables, et pour une fois que l’équipe OPQS lui laisse la place pour s’exprimer, il ne fait aucun doute que le Lombard fera tout pour saisir sa chance et prouver à Patrick Lefévère qu’il peut être un peu plus qu’un simple équipier.
** Carlos Betancur : On l’aurait presque oublié compte tenu du Tour des AG2R La Mondiale, mais le Colombien est l’un des meilleurs éléments de la formation de Vincent Lavenu. Parti se ressourcer au pays après les Ardennaises, il semblerait que même son équipe ne savait pas vraiment où il était et quand il reviendrait. Absent du Giro et du Tour, il est donc attendu sur la Vuelta et compte bien remontrer le bout de son nez en ce début de mois d’août. Les deux arrivées au sommet doivent bien lui convenir, reste à connaître sa condition.
** Pieter Weening : Le tenant du titre mérite évidemment d’être cité, mais on l’imagine mal devancer tout le beau monde au départ de ce Tour de Pologne. Bien sûr, l’an dernier, il avait aussi fait la nique à des cadors du peloton, mais cette année, il ne pourra pas compter sur l’effet de surprise. Et si les purs grimpeurs décident de dynamiter la course, il y a fort à parier que le Néerlandais de l’équipe Orica-GreenEdge passera par la fenêtre.
– A ne pas sous-estimer
** Przemyslaw Niemiec : Comme Aru et Brambilla, on ne l’a plus vu depuis le mois de mai et un Tour d’Italie décevant compte tenu des ambitions du Polonais. Mais chez lui et avant de disputer la Vuelta, les doutes devraient passer au second plan : Niemiec doit se reprendre en main et prouver à la Lampre qu’elle peut compter sur lui, à défaut de pouvoir s’appuyer sur un Horner qui n’était pas un si bon coup qu’il n’y paraissait à la fin de l’été dernier.
** Dario Cataldo : La Sky cherche à se refaire une santé et ce n’est pas la place d’honneur de Nieve à San Sebastian qui suffira. L’Italien, qui a pourtant peu couru depuis un peu plus d’un mois, sera donc attendu comme le sauveur de l’équipe britannique. Il faut relancer la machine avant la Vuelta, pour retrouver la confiance. D’autant que Cataldo sera sans doute l’un des hommes clés pour entourer Froome sur les routes ibériques.
* Beñat Intxausti : Le Basque a pris l’habitude de ne pas décevoir lorsque la Movistar lui laisse le leadership. Ion Izagirre, deuxième en Pologne l’an dernier, aura donc sans doute son mot à dire ; mais le vrai leader devrait bien être Intxausti. Habitué des courses par étapes et plutôt à l’aise en chrono, il peut réellement être un danger pour la colonie d’Italiens au départ. Reste à savoir s’il aura bien récupéré d’un Tour passé à aider Valverde, mais sa neuvième place à Getxo il y a quelques jours a de quoi rassurer.
* Warren Barguil : On ne pouvait pas oublier le Français, même si le parcours ne semble pas convenir parfaitement à ses qualités. Des montées un peu courtes et un chrono qui le pénalisera forcément, cela fait sans doute trop pour espérer quelque chose au général. Mais avant une Vuelta qu’on espère aussi belle que l’an dernier pour le Breton, tous les espoirs semblent permis. Devant retrouver le rythme, il pourrait se lâcher et faire très mal.
Mentions : Julian Arredondo, Ion Izagirre, Edvald Boasson Hagen, Janez Brajkovic, Ryder Hesjedal, Samuel Sanchez, Bob Jungels, Robert Gesink.