Finalement, il y a une vie sans les Schleck pour la structure luxembourgeoise. Orpheline de Frank, suspendu, et d’Andy, à la rue, Radioshack s’est trouvée d’étonnantes ressources pour palier ces défaillances. L’inévitable Fabian Cancellara a une nouvelle fois surclassé la campagne printanière de tout son talent, puis le vétéran Chris Horner a révélé son potentiel enfoui de grand leader en enlevant la Vuelta devant un Vincenzo Nibali volontaire mais bien impuissant face à la fraîcheur du quadragénaire américain.

Cancellara rayonne, comme à son habitude

Dotée d’un effectif jugé vieillissant, composé en majorité de coureurs ayant dépassé la trentaine, il y avait fort à craindre pour l’équipe des frangins. Entre le retrait rapide de Nissan, la suspension de Frank Schleck et l’absence de recrutement clinquant dû à ce budget revu à la baisse, les voyants étaient au rouge. Formant la garde rapprochée d’un Andy Schleck revenu à la compétition dès le Tour Down Under, Tiago Machado, Ben Hermans et Maxime Monfort se distinguent tour à tour sur les épreuves de début de saison, comme le Tour Méditerranéen où le Wallon termine quatrième. Mais le premier objectif de la saison est bien Milan-Saremo, course sur laquelle Fabian Cancellara butte régulièrement depuis plusieurs années. Une nouvelle fois battu par la surprise Ciolek, Cancellara se venge en écrasant les flandriennes, et tour à tour, ce sont l’E3, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix qui tombent sous sa coupe. Tom Boonen et Alessandro Ballan absents, le chemin du succès était totalement dégagé pour le Suisse.

Alors que l’ancien Jens Voigt décrochait sa 100e victoire professionnelle à l’occasion du Tour de Californie, Robert Kiserlovski livrait un Giro discret mais efficace, avec une 15e place proche de son niveau attendu. Dominante lors des championnats nationaux, notamment par l’intermédiaire de l’éclair Stijn Devolder, champion de Belgique totalement inattendu, Radioshack aborde le Tour de France sans grande ambition, Andy Schleck n’étant pas en mesure de jouer un rôle au général, malgré son encourageante 20e place lors d’une étape de montagne du Tour de Suisse. Dès le deuxième jour en Corse, Markel Irizar Jan Bakelants frappe un grand coup, et s’empare du maillot jaune. Déjà réussi, le Tour de France des Américains sera embelli par les barouds impressionnants du quadragénaire Jens Voigt, et boosté par la semi-résurrection pyrénéenne  d’un Andy Schleck aux prises avec le Top 20 !

Christopher Horner magistral

Vint alors la Vuelta. Et tout a été dit sur la performance sensationnelle du coureur de l’Oregon. Spécifiquement préparé pour la course de sa vie, Horner offre une première démonstration de force lors de la troisième étape, son attaque diesel distançant l’intégralité des favoris. Maillot rouge, le plus vieux vainqueur d’étape sur un grand tour affiche ses ambitions : il rivalisera en montagne avec les favoris. Des favoris qui montrent déjà quelques signes de faiblesse, usés par une saison longue et difficile. Les « doublants » Vincenzo Nibali, Joaquin Rodriguez et Alejandro Valverde ne tiennent pas la même condition physique que lors de leur premier grand tour de l’année. Certains, comme Rigoberto Uran, Sergio Henao et Michele Scarponi disparaissent même des premières places. Un temps récupéré par un impressionnant Nicolas Roche, puis par l’écran de fumée Dani Moreno, le paletot rouge est récupéré par Horner lors de la première véritable arrivée au sommet, à Guejar-Sierra. Devancé de 48 secondes par son rival, Nibali comprend à se moment là qu’il lui sera bien difficile de refaire son retard, quand bien même il remportera largement la bataille du chrono disputée le lendemain.

Pena Cabarga sera le théâtre de la chute mentale d’un Nibali défaillant qui perdra du temps sur l’intégralité de ses adversaires, et cédera le jour suivant sa place de leader. Enfin, l’Angliru clôturera cette lutte intense par un mano à mano spectaculaire mettant aux prises les deux meilleurs coureurs de cette Vuelta. Nibali attaque, une, deux, trois, quatre, cinq fois ; et Chris Horner revient au train, de plus en plus facilement, sur un adversaire qui ne parvient pas à prendre une avance conséquente. Ayant usé toutes ses cartouches, le Squale finit par craquer complètement, ne pouvant suivre l’attaque finale d’un Horner qui sera consacré à Madrid. Le point d’orgue d’une saison au-delà de toutes les attentes du coté de chez Radioshack.

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