Après une semaine de course sur laquelle il a été le plus régulier, Nibali s'est paré de rose - Photo gazzetta.it
Après une semaine de course sur laquelle il a été le plus régulier, Nibali s’est paré de rose – Photo gazzetta.it

Après 9 jours de course tout bonnement incroyables, il est temps de faire un point sur la façon dont se sont comportés les ténors du Tour d’Italie. L’occasion de constater que le classement général offre des surprises, mais aussi des confirmations de la tendance qui semble se dégager sur les routes diluviennes de la botte. Après l’édition banale de l’an dernier, le Giro retrouve ses lettres d’or et c’est aux coureurs que l’ont doit ce spectacle de tous les instants.

Nibali impérial, Evans et Scarponi en embuscade ?

1)     Vincenzo Nibali (Astana Pro Team) en 34h19’31”

Déjà en rose, le co-favori du départ l’est toujours autant. Mieux, la « défaillance » de son rival annoncé Bradley Wiggins le renforce dans sa position. Après avoir parfaitement géré le parcours semé d’embuches de la première semaine, le Squale a impressionné sur le contre-la-montre de Saltara en prenant la 4e place de l’étape à quelques secondes seulement de l’Anglais Wiggins. Parti en trombe sur ce parcours long de 55 kilomètres, il a réussi à conserver un rythme suffisamment élevé pour ne pas flancher sur le derniers tiers du parcours. Tous les voyants sont donc au vert pour Nibali. Cependant, la fébrilité affichée par ses équipiers de la formation Astana ainsi que son état de forme déjà très avancé alors que les montagnes de la 3e semaine sont encore bien loin a de quoi soulever quelques interrogations…

2)     Cadel Evans (BMC Racing Team) à 29”

Comme annoncé en préambule, Evans est finalement dans la course. Fort d’une expérience inégalable, concentré et appliqué, l’Australien est totalement maître de son sujet. Sa position de 2e du classement général lui permet d’économiser les ressources limitées de son équipe BMC. Très à l’aise dans les ascensions, Evans aura les ressources suffisantes pour se défaire de Nibali quand l’occasion se présentera. En l’état actuel des choses, l’ancien vainqueur du Tour de France est le principal danger que devra tenter de canaliser Nibali. A voir toutefois si Evans ne sera pas tenté de lever le pied pour conserver ses chances sur la Grande Boucle qui reste son objectif prioritaire. En rassurant de cette façon en Italie, il prouve pour l’instant qu’il demeure un niveau au dessus de Tejay Van Garderen.

3)     Robert Gesink (Blanco Cycling Team) à 1’15”

Dans la discrétion la plus totale, l’éternel espoir s’est positionné sur le podium ! A l’image de son équipe, Gesink fait peu parler de lui, se contente de suivre, pour l’instant avec succès. Dans l’effort chronométré, le Néerlandais a correctement limité les dégâts, réalisant un temps inférieur à celui de Michele Scarponi mais bien supérieur à celui de Samuel Sanchez. Souvent piégé rapidement sur les grands tours, Gesink semble voir la malchance l’abandonner. Il faudra confirmer ces bonnes performances en haute montagne, où l’irrégularité chronique de ce coureur ne permettra aucune prévision définitive.

4)     Bradley Wiggins (Sky Pro Cycling) à 1’16”

Peu épargné par les incidents en tout genre (chute, crevaison), le Britannique sort affaibli de ces premiers jours de course. En grande condition physique, c’est au niveau du mental que le vainqueur du dernier Tour de France semble particulièrement marqué. Le sort s’acharne sur un coureur qui après avoir connu un parcours sans faute en 2012, retrouve les terribles conditions qui l’avaient poussé à abandonner le Giro en 2010. Le retour du beau temps aidera Wiggins à se refaire une santé. Après tout, et ce malgré une semaine absolument apocalyptique, il n’est qu’à une minute au général. La supériorité de Nibali en montagne restant à prouver sur le terrain, Wiggins est encore dans le coup.

5)     Michele Scarponi (Lampre-Merida) à 1’24” 

Sans sa chute malencontreuse survenue dès le 3e jour où il dut abandonner une minute, l’Italien serait 2e du classement général, tout proche de Vincenzo Nibali. Vraiment impressionnant dans les côtes, Scarponi est aussi rentré dans le top 10 du contre-la-montre, sur un exercice qui on le sait ne lui est pas favorable. A la lutte avec l’actuel maillot rose sur les Giro 2010 et 2011, Scarponi a prouvé qu’il était d’un niveau pratiquement identique avec son rival. Avec un retard qu’il est possible de gommer mais tout de même assez conséquent, il lui faudra passer à l’offensive en montagne, pourquoi pas aux cotés des colombiens de la Sky ou de Samuel Sanchez, qui seraient des alliés de poids dans l’optique de distancer Nibali sur un col difficile.

6)     Sergio Henao (Sky Pro Cycling) à 2’11” 

Préservé par David Brailsford au moment de faire descendre des équipiers pour aider un Wiggins en difficulté, le Colombien est considéré comme un potentiel leader de rechange en cas de véritable défaillance de l’Anglais en montagne. Est-il réellement en mesure de faire la différence en montagne pour combler son débours de plus de deux minutes ? Quelle sera la tactique de Sky dans les cols si Wiggins, Uran et Henao affichent finalement un niveau similaire ? Tant d’interrogation auxquelles il faudra tenter de trouver une réponse rapidement pour la direction de Sky qui doit prendre en compte le statut de Wiggins mais aussi la réalité du terrain qui place Henao comme une alternative tout à fait viable.

7)     Mauro Santambrogio (Vini Fantini – Selle Italia) à 2’43” 

Ancien gregario modèle pour ses leaders Cunego et Ballan, Mauro Santambrogio est un homme transfiguré depuis qu’il a rejoint la formation Vini Fantini. Assez peu référencé en montagne, l’Italien a en tout cas montré son aisance sur les courtes côtes, lui le « spécialiste » du Tour de Lombardie. Malgré son Tour du Trentin et ses progrès, il semble tout de même improbable de le voir suivre les meilleurs lors de la 3e semaine…

8)     Przemyslaw Niemiec (Lampre-Merida) à 2’44”

Excellent équipier depuis bon nombre d’années pour l’équipe Lampre, Niemiec passe régulièrement un nouveau cap, démontrant qu’il faudrait un jour compter sur lui pour mener une équipe. En attendant, Michele Scarponi doit s’estimer heureux de pouvoir compter sur un coureur de cette qualité pour l’épauler dans sa quête de victoire finale sur le Giro.

9)     Rigoberto Uran (Sky Pro Cycling) à 2’49”

Brilant depuis le départ, le vice champion olympique a effacé d’un coup tous les doutes qui entouraient son état de forme. Alors que l’objectif majeur de sa saison, les championnats du monde, se dérouleront à Florence, sur les terres de l’étape d’aujourd’hui, Uran a pris acte et se positionne par la même occasion comme un candidat crédible au top 10. Un peu moins à l’aise que Sergio Henao sur les longs cols, il pourrait être le troisième larron « sacrifié » en montagne pour favoriser ses leaders.

11)  Ryder Hesjedal (Team Garmin-Sharp Barracuda) à 3’11”

Victime de problèmes gastriques, le tenant du titre a subit deux gros éclats sur les deux dernières étapes et vient d’abandonner presque toute chance de conserver sa couronne. La journée de repos arrive à point pour le Canadien qui aura le temps de récupérer. Décroché au général, il devra se jeter  corps et âme dans de grandes offensives en haute altitude pour espérer recoller. Compliqué quand on connait les qualités de grimpeurs du leader de la Garmin qui, tout en étant correctes, sont loin d’être suffisantes pour battre les meilleurs à la pédale. Son statut ne lui permettra pas non plus de partir en baroudeur, bref, la suite s’annonce compliquée.

13)  Benat Intxausti (Team Movistar) à 3’36”

Après avoir goûté aux joies du maillot rose, la suite à été difficile pour l’Espagnol qui n’a pas vraiment assuré sur le contre-la-montre. Très bon grimpeur, il remontera sans doute de quelques places au général d’ici la fin du Giro mais jouer le podium face à une telle concurrence sera malgré tout très compliqué.

14)  Samuel Sanchez (Euskaltel-Euskadi) à 3’43”

Bien placé jusqu’au contre-la-montre de ce samedi, Samuel Sanchez y a sûrement perdu ses rêves de podium. Mais désormais, l’Asturien va pouvoir entamer sa remontée avec un parcours qui sera clairement à son avantage. Avec une certaine régularité, c’est certain, Samu peut aller chercher une jolie place d’honneur. Reste à savoir s’il sera capable de tenir le coup deux semaines à bloc.

Louis Rivas


 

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