Arredondo. Le nom est peu connu, tout simplement parce que le garçon possède une expérience assez minime. A 25 ans, il n’a que deux années professionnelles derrière lui. Alors il doit franchir les étapes rapidement, ce qu’il a fait en passant directement de l’équipe Nippo de Rosa, en Continental, à Trek, en World Tour. Pour l’instant, avec une grande réussite.

Une progression inattendue

Sur le site officiel de l’équipe Trek, Julian Arredondo est le seul coureur à ne pas encore avoir sa photo. Pourtant, il est bien en Une du site après sa victoire dans la deuxième étape du Tour de San Luis. Preuve que le Colombien prend tout le monde de court en ce début de saison. On l’imaginait s’intégrer progressivement auprès des frères Schleck, de Cancellara ou encore de Zubeldia, qu’il est venu épauler sur l’épreuve argentine. Mais le grimpeur au gabarit presque stéréotypé (1m64, 58 kilos) n’a peur de rien, et dès le départ, a demandé à avoir certaines libertés. L’étape d’hier, arrivant au sommet du Mirador de Potrero, il l’avait coché. Et il ne l’a pas manqué, devançant au sprint Peter Stetina. Une histoire de jeunes, puisque derrière, on retrouve aussi Nairo Quintana et Darwin Atapuma, ses deux compatriotes. Pourtant, le nouveau joyau de l’équipe Trek est loin d’avoir la même réputation qu’eux. Si le Tour de San Luis est une course assez exotique, elle fait partie des plus réputées. Jusqu’à maintenant, Arredondo n’avait eu droit qu’à l’amuse-bouche.

Lorsqu’il signe en faveur de l’équipe Nippo en 2012, il ne sait évidemment pas ce qui va l’attendre. Chez les amateurs, il a souvent été placé, mais comme beaucoup de grimpeurs, avait du mal à gagner. Neuf victoires seulement. Mais toutes conquises en Italie, où le garçon est alors installé. Le début d’un attachement fort au pays transalpin. Il y signera son premier contrat professionnel, et y disputera sa première course. Toutefois, lors de sa première saison, c’est surtout au Japon qu’il se distingue. Deuxième des Tours du Japon et de Kumano, puis quatrième de la Japan Cup, il commence à se faire un nom. Et si le World Tour paraît encore très loin, une autre épreuve asiatique va tout accélérer : le Tour du Langkawi. En 2013, le Colombien décroche une étape et le général devant Weening, Pardilla et Stetina notamment. Assez pour que Luca Guercilena, à l’origine du projet Trek, se rapproche d’Arredondo. L’accord est trouvé rapidement et le grimpeur peut continuer sa saison, avec une épopée japonaise encore très fructueuse qui apporte une nouvelle ligne à son palmarès : le Tour de Kumano.

Et maintenant ?

La suite, vous la connaissez. Arredondo lève les bras près de chez lui, en Amérique du Sud. Une victoire à relativiser malgré tout, histoire de ne pas tomber dans un enthousiasme général qui pourrait amener une grande déception dans quelques mois. Le Tour de San Luis est l’une des premières épreuves de la saison, et la forme des principaux protagonistes est encore très aléatoire. Pour preuve, au sommet de la première étape de montagne, il n’y a aucun signe de Nibali ou Rodriguez. Les seconds couteaux sont à la fête, comme chaque année au mois de janvier. Il suffit de nous remémorer la victoire de Daniel Diaz il y a un an sur l’épreuve sud-américaine pour rester mesuré. On retrouvera une photo de Julian Arredondo sur le site Trek d’ici quelques jours, c’est une certitude. Mais pas sûr en revanche qu’on revoit le Colombien devant les cadors du peloton après le Tour de San Luis. Gagner sur des épreuves de seconde zone est un passage obligé avant de devenir un grand coureur. Mais ce n’est absolument pas un gage de réussite future. Le prochain Tour d’Italie, qu’il devrait courir avec beaucoup de libertés, devrait nous éclairer. D’ici là, prudence…

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