Une équipe mythique par sa philosophie plus que par ses résultats, c’est rare. Mais c’était propre à la formation Euskaltel-Euskadi. On parle au passé et cela pourrait paraître déplacé puisque la formation basque est encore dans le peloton, et disputera notamment la Vuelta dans quelques semaines, presque à domicile. Mais la saison prochaine, à moins d’une retournement de situation fantastique, les Orange ne seront plus là…

Une disparition progressive

Il est tout de même loin le temps où les Basques mettaient le feu sur le Tour de France à chaque passage des Pyrénées, avec en leur sein des coureurs comme Iban Mayo, Roberto Laïseka ou Haimar Zubeldia. Aujourd’hui, lorsqu’on parle d’Euskaltel-Euskadi, on pense à une équipe appréciée, mais clairement en manque de résultats. Et si jusque là, ça n’avait jamais été la priorité des dirigeants, la formation ibérique a atteint la limite. Les sponsors veulent arrêter, et les supporters – ceux d’Euskaltel étant sûrement les plus fidèles – rejettent la faute sur le nouveau manger général, Igor Gonzalez de Galdeano. Ancien coureur au sein de la formation basque, l’homme a pris la direction de l’équipe en 2007. Pour une descente aux enfers bien trop rapide pour une structure jusque là pérenne, présente dans le cyclisme depuis 1994.

Tout commença avec les départs de coureurs importants, et les contrôles positifs jusque là très rares dans l’équipe. De dynamiteurs de la course, les Basques changent de statut et deviennent simplement les baroudeurs de l’extrême, toujours devant, presque jamais vainqueurs. Amets Txurruka est notamment élu supercombatif du Tour 2007, mais repart finalement bredouille. Tout comme Egoi Martinez deux ans plus tard, qui passera proche du maillot à pois, avant de finalement céder. Pour les observateurs, Euskaltel est l’équipe sympathique qui ne gagne jamais. Mais là n’était pas le plus grave, et c’est véritablement à l’hiver dernier que tout a basculé, lorsque Gonzalez de Galdeano a décidé de recruter des coureurs « à points » pour rester dans l’élite du cyclisme mondial. L’identité de l’équipe bafouée, le manager s’est mis les supporters à dos. Et le résultat n’est pas glorieux, avec seulement quatre victoires depuis janvier. Du coup, les sponsors ne répondent plus, et l’équipe ne débutera sûrement pas la prochaine saison.

La grande braderie

Il y a quelques jours, l’encadrement a donc décidé d’annoncer à ses coureurs qu’ils étaient libres de négocier avec d’autres équipes pour assurer leur avenir. Des coureurs comme Samuel Sanchez, Igor Anton ou Mikel Nieve se retrouvent ainsi sur le marché, tout comme les frères Izaguirre ou le jeune Landa. Une aubaine pour les autres formations, qui vont pouvoir recruter facilement des coureurs un minimum expérimentés ou prometteurs. La fin de plusieurs années de galère pour Euskaltel, qui a vu ses résultats sauvés chaque année par un Samuel Sanchez extraordinaire. Jusqu’à ce que l’âge ne rattrape celui qui était le seul non-basque accepté par les fans de l’équipe – il est en fait asturien. A 35 ans et après deux tops 5 sur le Tour ainsi que deux podiums sur la Vuelta, Samu ne peut plus. Les blessures parfois, la forme physique souvent, l’ont empêché de glaner les sommets ces dernières années. Et il finira sans doute sans aucun grand tour au palmarès ; comme Euskaltel : un regret pour les deux parties.

Mais finalement, même si les dernières années ne ressemblent pas vraiment à la philosophie historique d’Euskaltel, on pourra retenir de cette équipe la leçon de morale qu’elle a voulu inculquer, celle qu’on peut gagner avec des coureurs locaux. Tout en saluant son influence au Pays Basque, l’objectif annoncé lors de la création de cette formation désormais connue de tous. Et à n’en pas douter, que ce soit du côté français ou du côté espagnol, on continuera de voir, en juillet ou en septembre, les maillots orange des supporters sur le bords de la route. Parce qu’à défaut de rester dans le peloton, la formation basque restera dans les cœurs, après deux décennies de bons et loyaux services.

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