La semaine dernière, l’épreuve catalane a vu s’affronter les plus grands leaders du peloton : de Rodriguez à Froome en passant par Contador et Quintana, tous dans le top 10 final. En compagnie de deux français : Romain Bardet, quatrième, et Warren Barguil, neuvième. Deux grimpeurs révélés en 2013 et sur qui l’on peut visiblement compter dans les grands rendez-vous.
Barguil, grimpeur parmi les sprinteurs
Au sein de l’équipe Giant-Shimano, le Français est sans aucun doute le meilleur grimpeur. A 22 ans seulement. On connaît le garçon depuis un moment déjà puisqu’il cartonnait dans les catégories de jeunes, mais c’est bien en 2013 que le Morbihannais s’est révélé aux yeux de tous. Il faut dire que deux victoires d’étapes sur la Vuelta, c’est peu commun pour tout homme non sprinteur, et ne jouant pas les premiers rôles au général. D’autant que Barguil n’avait pas choisi les étapes les moins intéressantes, s’imposant toujours au sommet d’une difficulté, et disposant d’adversaires aux noms souvent plus ronflants que le sien. Hors de ses frontières, la pression était faible sur les épaules de Warren Barguil ; enfin, jusqu’à maintenant. Car ses performances de la fin de l’été ont attiré l’attention, et ceux qui ne le connaissaient pas se sont mis à voir en lui la nouvelle vedette du cyclisme tricolore.
Un statut que l’on a trop vite donné aux jeunes pousses par le passé. Histoire de ne pas refaire indéfiniment la même erreur, tout le monde s’est rapidement calmé. Il fallait laisser Barguil tranquille. Le principal intéressé, lui, a continué d’éviter les grandes épreuves françaises du calendrier, faisant l’impasse sur Paris-Nice pour revenir en terre conquise, sur le sol espagnol. En Catalogne cette fois. Et après une semaine de course, il y a de quoi être satisfait : neuvième du général et huitième de l’étape phare arrivant à Vallter 2000, l’ancien stagiaire de Bretagne-Schuller a plus que rempli les objectifs internes qui lui avaient été fixés. Ne concédant que 25 secondes à Froome sur sept étapes – pour beaucoup montagneuses -, le natif de Hennebont a assuré, et s’est rassuré. A l’approche des ardennaises qu’il disputera avec un statut particulier au sein de l’équipe Giant, il n’est plus un inconnu, mais bien un jeune qui monte en puissance.
Bardet, la force tranquille
Chez AG2R La Mondiale, en ce début de saison, c’est quasiment champagne tous les soirs. Avec modération car bien sûr, il faut être en mesure de poursuivre les très bonnes performances. Après Betancur, Pozzovivo et Péraud, c’est le tout jeune Romain Bardet qui a montré le bout de son nez en Catalogne. Le grimpeur de 23 ans avait préparé le terrain en remportant la Drôme Classic au début du mois, et après un Paris-Nice frustrant, il a poursuivi en beauté sur les routes catalanes. De façon plutôt inattendue, parce qu’on ne l’attendait pas à ce point proche des cadors du peloton. Neuvième à la Molina, huitième à Montjuic et surtout deuxième à Vallter 2000, sur l’étape reine, le Brivadois est passé tout proche d’un succès de prestige, seulement battu au sommet par Tejay van Garderen. Qu’importe, on a pu voir que Bardet était en forme, et que désormais, il faudrait compter sur lui lors des grandes échéances.
Sans doute en partie libéré par les excellentes performances de l’ensemble des hommes de Vincent Lavenu, Bardet confirme en ce début de saison son Tour de France 2013. 15e et premier français en juillet dernier, le grimpeur de poche de 23 ans avait enchaîné en remportant le Tour de l’Ain. Le début d’une belle histoire qui se poursuit en 2014, et que l’on espère longue. Comme pour Barguil, rien ne sert d’aller trop vite en besogne, et de mettre une pression folle sur les épaules d’un coureur encore en construction. Mais à n’en pas douter, ces deux gars-là ont de l’avenir. Barguil, Bardet, on devrait les retrouver ces prochains mois. Car pour eux, cette saison est déterminante : il s’agit de prouver qu’ils ont franchi le pallier entre la catégorie des jeunes espoirs et celle des coureurs capables de peser sur les courses. Avant, peut-être, de viser plus haut.