Jürgen Van den Broeck fait partie des nombreux candidats au podium final à Paris, notamment depuis l’abandon de Christopher Froome lors de la cinquième étape. Après avoir terminé à deux reprises au bord du podium, le leader de la Lotto ne court que pour cet objectif. Maintenant que la bataille pour les accessits a déjà commencé, voici les différents arguments pour croire, ou non, à une future troisième place, voire mieux, du grimpeur belge.

Les raisons d’y croire

Son retour en forme inattendu. Il ne faut pas sous-estimer la blessure qui a contraint le coureur belge à abandonner sur le Tour 2013 et à mettre ensuite fin à sa saison. D’abord jugée bénigne, sa blessure au genou s’est vite aggravée après avoir abimé ses cartilages lors de sa rééducation. Sa remise en forme a pris bien plus de temps que prévu et son retour en forme sur le Dauphiné a été une surprise pour tout le monde. Jusque là, il avait particulièrement déçu, en abandonnant sur Tirenno et les classiques ardennaises, mais son podium sur l’épreuve savoyarde à reboosté son moral. Alors qu’un top 10 sur la Grande Boucle était à peine envisageable il y a six mois, un podium semble de nouveau possible et sa montée en puissance lors du Tour devrait venir confirmer les espoirs. Sur ce qu’il a montré lors du Dauphiné, il n’a rien à envier à ses concurrents directs surtout depuis l’abandon d’un Christopher Froome qui lui laisse encore un peu plus de place.

Un seul chrono au programme. Van den Broeck plus jeune était considéré comme un spécialiste de l’effort solitaire. Champion du monde de la discipline en juniors, il avait ensuite montré ses capacités de rouleurs chez les professionnels lors de l’Eneco Tour ou encore lors du championnat de Belgique. Mais par la suite, il a décidé de s’orienter vers la haute montagne, en négligeant une de ses qualités premières. Alors que son poids atteignant il y a quelques années les 75 kg, il est descendu jusqu’à 67 kg pour pouvoir performer sur le Giro en 2008. Ce changement d’objectif et cette perte accrue de poids ont eu pour effet de le voir régresser dans l’épreuve du chrono. Une édition avec seulement un contre-la-montre individuel est donc devenue une opportunité à saisir pour le leader de la Lotto. Face à Nibali, Contador, Talansky ou Porte qui sont à priori bien meilleurs que lui dans cet exercice, il pourrait ainsi limiter la perte de temps. D’autant que disputé en fin de Tour, ce chrono se jouera aussi sur le fraîcheur. Quand on sait que l’une des principales qualités du Flamand est la récupération, l’espoir est permis.

Une édition sans lourde chute ? C’est plus de la superstition qu’autre chose, mais si cela se confirme, le natif d’Herentals sera aux anges. Van den Broeck a pour mauvaise habitude de perdre énormément de temps ou d’abandonner une année sur deux durant la Grande Boucle. En 2009, il avait perdu énormément de temps lors du chrono par équipes après une chute, ce qui l’obligea à faire une croix sur le classement général. En 2011, il chuta en compagnie de Vinokourov et Wiggins lors de la fameuse étape de la traversée du Massif Central, où Thomas Voeckler prit le pouvoir. Pour finir, il est lourdement impliqué dans la chute de Nacer Bouhanni sur le final marseillais de la cinquième étape du Tour en 2013, ce qui l’obligea à abandonner comme il l’avait fait deux années auparavant. A contrario, il a brillé lors de ses seules deux éditions sans lourde chute. Profitant à chaque reprise de ses déceptions pour prendre sa revanche l’année suivante, on à de quoi dire que le dénommé VDB carbure lors des années paires. Cinquième en 2010 – avant déclassement de Contador -, quatrième en 2012, et une marche plus haut en 2014 ? Rien n’est donc illusoire.

Les raisons de ne pas y croire

Il est trop régulier. On dit assez souvent qu’on a les qualités de ses défauts. Pour le coureur âgé de 31 ans, cette expression lui va à ravir. Van den Broeck est un coureur très régulier lors d’un grand tour, qui est l’un de ses gros points forts. Il n’a que rarement des jours sans et il fait partie de ces coureurs qui ressentent le moins la fatigue, qui encaissent le mieux les difficultés au cours des trois semaines de course. Mais le gros soucis quand on a cet avantage, c’est qu’il est difficile de faire des coups d’éclat. Le leader belge n’est pas un grand attaquant, il est systématiquement à 100 % et il est tout simplement incapable de réaliser une grosse étape où il mettrait en difficulté ses concurrents, ce qui est primordial pour pouvoir ésperer finir sur le podium à Paris. Il fait partie de ces coureurs qui n’ont tout simplement pas la capacité d’attaquer, à cause de leur incapacité à accélérer et à prendre les quelques mètres qui suffisent pour s’extraire du groupe. Rédhibitoire.

Son manque de repères. Son excellent Dauphiné a diminué ce point d’interrogation mais il reste toujours d’actualité. Sa blessure l’année dernière et son début de saison très mitigé l’ont empêchés de pouvoir se confronter aux meilleurs grimpeurs du peloton. Alors qu’un Alberto Contador connaît ses concurrents à la perfection, le Belge ne peut se jauger que sur ce qu’il a vu sur le Critérium du Dauphiné, un gros inconvénient. En plus de cela, il n’a plus terminé une épreuve de trois semaines depuis plus de deux ans, une éternité. Pour briller sur un grand tour, rien ne doit être laissé au hasard et ce manque de références, de base solide, pourrait lui jouer des tours.

Il est Belge et roule chez Lotto. Le dernier coureur belge à avoir terminé sur le podium final sur la Grande Boucle, c’était Lucien Van Impe en… 1981 ! Depuis l’homme aux six maillots à pois, 33 ans sont passés et la Belgique attend toujours son successeur. Que s’est-il passé depuis ? Les coureurs belges ont exclusivement brillé sur le maillot vert, avec les succès de Planckaert, Maertens, Pevenage et Hoste durant les années 80 et plus récemment Tom Boonen en 2007, mais c’est la bérézina la plus totale au classement général. Les coureurs d’Outre-Quiévrain ayant figuré dans le top 10 au classement se comptent sur les doigts d’une main. Encore pire, il a fallu attendre 12 ans et la quatrième place de Van den Broeck pour qu’un coureur du plat pays succède à la dixième place d’Axel Merckx sur le Tour 1998. La Belgique a perdu cette culture des grands tours depuis bien longtemps. Chez Lotto, il se retrouve dans un effectif qui est de plus en plus orienté vers les objectifs d’un Greipel très décevant. Les seuls qui pourront l’aider en haute montagne, Gallopin et De Clercq, ont déjà roulé énormement depuis le début de ce Tour. Ce n’est pas anodin si Cadel Evans avait décidé de quitter l’équipe belge en 2009, pour enfin atteindre le graal deux ans plus tard…

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