Au cours des quinze dernières années, de nombreuses éditions des Championnats du Monde ont crée la polémique. La faute, souvent, aux stratégies de course ou au dopage. Voire parfois, à cause des deux à la fois. Nous avons sélectionnés trois années particulièrement marquantes.
2000 : Tchmil amère à jamais
Pour les plus jeunes qui ne connaîtraient pas ou peu Andrei Tchmil, le Belge d’adoption est une personnalité unique dans le monde du cyclisme. Vainqueur de Paris-Roubaix, du Tour des Flandres et de Milan-Sanremo, le baroudeur est un homme fier, patriote et maître de l’offensive. Devenu belge en fin de saison 1997, le Soviétique de naissance a rarement sa langue dans sa poche, comme le prouve l’affaire Planckaert en ou ses critiques envers son ancien coureur, Pippo Pozzato.
Revenons-en donc aux Mondiaux de Plouay, en 2000. Andrei Tchmil attaque une première fois à 12 kilomètres de l’arrivée, sans succès. Il retente alors sa chance sous la flamme rouge, comme ce fut le cas 18 mois plus tôt sur la Primavera. Mais alors que la victoire lui semblait acquise, Vainšteins lui passe devant à 50 mètres de la ligne. Le Letton devient champion du monde, alors que le coureur de la Lotto l’avait battu au sprint quelques semaines plus tôt, sur la Clasica San Sebatian. Sous le coup de la déception, Tchmil accuse Rumsas d’avoir aidé Vainšteins lors du dernier kilomètre, alors que l’un et Lituanien et l’autre Letton. Sur les images, on voit en effet que le coureur de la Fassa Bortolo roule à fond pour replacer Vainšteins et rouler contre Tchmil, alors qu’il n’avait aucune raison de le faire. Le futur Moldave accuse donc Vainšteins d’avoir promis de l’argent à Rumsas contre ce service. Il insinue alors une trahison de Rumsas envers sa patrie.
Par la suite, Rumsas sera mêlé à de nombreuses affaires de dopage, qui ont terni sa réputation à jamais. Mais cet épisode pointe un autre fléau du cyclisme que l’on pensait pourtant éradiqué, l’achat de course. Il y a un an, Boogerd avait avoué avoir laissé gagné Camenzind sur le Tour de Lombardie 1999 contre une certaine somme d’argent. Sans oublier, ces dernières années, l’affaire Vinokourov, qui est suspecté d’avoir offert une grosse somme d’argent à Kolobnev pour remporter sans difficulté Liège-Bastogne-Liège 2010…
2007 : Le podium 2006 crée la polémique
Le monde cycliste a souvent traversé des tempêtes médiatiques pour ses affaires de dopage, et nombreux sont les passionnés qui se sont habitués à ses vagues négatives abattues sur notre sport. Mais quand le podium complet d’un mondial (voir deux) crée la polémique, la pilule ne passe pas si facilement. Début 2007, l’affaire Puerto refait surface avec l’apparition dans les dossiers du Dr. Fuentes du pseudonyme “Valpiti”, qui fait référence à Alejendro Valverde, médaillé de bronze des Mondiaux précédents.
Mais après le Murcian, c’est au tour des briscards Zabel et Bettini de faire parler d’eux. Le premier tombe dans l’affaire des révélations de dopage sur son ancienne équipe Telekom, lors du Tour 1996, où Zabel avait remporté son premier maillot vert. Avouant s’être dopé cette année là mais assurant avoir arrêté par la suite, le quadruple vainqueur de la Primavera espère sauver sa participation aux Mondiaux de Stuttgart. Pour Bettini, c’est son refus de signer la charte “d’engagement pour un nouveau cyclisme” imposé par l’UCI qui crée une nouvelle fois la polémique. Et quelques jours avant les Championnats, c’est son ancien coéquipier Patrik Sinkewitz qui l’accuse de lui avoir proposé un gel de testostérone.
Qu’importe, Bettini remporte un deuxième titre de champion du monde, devant Schumacher et Kolobnev, deux coureurs qui seront rattrapés par la patrouille. Pour Valverde et Zabel, les affaires sur le dopage ne font que commencer. L’Espagnol sera suspendu deux années par l’UCI alors que l’Allemand reviendra sur ses déclarations et avouera s’être dopé de 1996 et 2003. Des affaires qui sont sans aucun doute loin d’être véritablement achevées…
2008 : Entre Cera et bataille d’équipe
Après l’affaire Ricco et Sella, l’ombre de la Cera, EPO de troisième génération, plane sur ses Mondiaux. Suite à l’annonce en septembre de l’ALFD, qui décide de réanalyser une dizaine d’échantillons douteux datant du Tour, le peloton prend peur et de nombreux coureurs décident de déclarer subitement forfait. Malgré leur objectif commun de briller sur l’épreuve mondiale, Cancellara, Kirchen, Leipheimer, Albasini, Sastre ou Gerdemann renoncent quelques semaines avant le départ. Pour ne pas arranger les choses, l’unité italienne contre le dopage perquisitionne l’équipe luxembourgeoise deux jours avant le départ de la course en ligne, coupable d’avoir dans ses rangs Frank Schleck, coureur dans la controverse et qui avait été convoqué le lendemain par sa fédération.
C’est dans cette ambiance glaciale que démarre une course aux nombreuses incertitudes. Alors que le peloton joue clairement battu après une offensive qui surprendra la majorité des favoris, c’est un groupe d’une dizaine de coureurs qui se retrouve à l’avant de la course. Dans cette échappée assez fournie, de nombreux coureurs rêvent de pouvoir accrocher le titre mondial et des décisions tactiques vont s’avérer difficiles à accepter pour certains. Malgré la langue de bois habituelle d’après course, Damiano Cunego n’acceptera jamais l’attaque de Ballan dans les trois derniers kilomètres, alors qu’il était le plus fort. Côte Belge, c’est Nick Nuyens qui en prend pour son grade. Après une course très mal gérée par l’équipe de Carlo Bomans, le coureur de la Cofidis est désigné coupable d’avoir mis sur la touche Gilbert et Van Avermaet, alors que la Belgique était en position de force avec quatre coureurs dans le bon groupe.
Quelques semaines ou mois après ses Mondiaux, de nombreux coureurs sont contrôlés positif à la Cera. Leonardo Piepoli, Michael Schumacher et Bernhard Kohl sont suspendus pour avoir été contrôlé sur la Grande Boucle. En avril 2009, c’est Rebellin et encore son coéquipier Schumacher qui se font prendre la main dans le sac, pour un contrôle positif à la Cera lors des JO. Puis c’est au tour de Danilo Di Luca, qui n’était pas présent à Varèse, de tomber sur le Giro 2009. Des affaires qui ont encore fait du mal au cyclisme, mais qui ont permis d’éradiquer le fléau Cera et de montrer, pendant un court moment, que l’agence antidopage était pour une fois en avance sur les malfaiteurs.