PLACE AU TOUR 8
En 1986, Hinault emmène Lemond pour une démonstration en duo sur les 21 lacets de l’Alpe d’Huez – Photo W. Marling

Les 21 lacets de l’Alpe d’Huez font partie intégrante de l’Histoire du Tour de France. Très régulièrement au programme depuis les années 1970, la montée alpestre a su, par son caractère décisif, se faire une place parmi les cols les plus réputés de la Grande Boucle. Au programme pour cette centième édition du Tour, l’ascension aura même droit à un traitement de faveur.

13,8 kilomètres mythiques

Sur les pentes de l’Alpe d’Huez, de Bourg d’Oisans au sommet, en passant par chacun des 21 lacets affichant une pente moyenne de 7,9 %, les coureurs du Tour ont forgé l’Histoire de cette ascension plutôt courte mais sacrément nerveuse et d’une raideur à couper les jambes. La première fois que l’Alpe était au programme du Tour, l’essai ne fut pas forcément concluant. Un Fausto Coppi ultra-dominateur biaisa sacrément résultat, l’emportant presque facilement, reléguant Jean Robic, son dauphin à 1’20’’, et le reste du peloton à plus de 3’. Une démonstration qui avait quelque peu retiré de l’intérêt à l’innovation de cette arrivée au sommet. A l’image de ce Tour, remporté par le Campionissimo avec plus de 28 minutes d’avance sur Stan Ockers, ce qui valut au Belge une double-prime… Mais ce qui valut surtout à l’Alpe d’Huez une attente de 24 ans avant que la Grande Boucle daigne y arriver de nouveau.

C’était donc en 1976, et Joop Zoetemelk s’imposa. Les prémices d’un surnom pour l’ascension, appelée quelques années plus tard « La montagne des Hollandais ». La faute aux nombreuses victoires de coureurs bataves : Zoetemelk, Kuiper et Winnen par deux fois, sans oublier Rooks et Theunisse, le tout en en 13 arrivées en haut de la station alpestre seulement. Mais depuis, plus rien, et c’est une autre anecdote qui a vu le jour. Celle-ci dit que le maillot jaune en haut de l’Alpe d’Huez a de fortes chances de remporter le Tour par la suite. Sur 27 arrivées au sommet de l’ascension iséroise, cela s’est confirmé 20 fois, de Coppi à Sastre en passant pas Hinault, Fignon, Indurain et Armstrong notamment. La preuve de l’impact d’une étape arrivant à l’Alpe d’Huez sur le déroulement de la course, pourtant pas toujours disputée en fin d’épreuve.

Mais l’Alpe d’Huez, c’est bien plus que ces anecdotes ou chiffres statistiques. Ce sont aussi – et surtout – des moments de légende. C’est l’arrivée, bras dessus bras-dessous de Hinault et Lemond en 1986 après une ascension folle. C’est aussi le terrible record de Marco Pantani, sans doute inscrit dans les tablettes pour un moment, qui avait gravit les 21 virages en seulement 36’40’’ un après-midi de juillet 1995. C’est aussi le maillot jaune conservé au courage par François Simon en 2001, malgré un Lance Armstrong virevoltant dans la montée. Sans oublier le maillot jaune conquis par Carlos Sastre en 2008, alors que le duel entre Schleck et Evans était attendu par tous. Et puis, c’est, il y a seulement deux ans, la victoire de Pierre Rolland après une bataille avec Alberto Contador et Samuel Sanchez. Une victoire qui met fin à 25 ans sans succès tricolore au sommet de l’ascension alpestre.

2013, l’innovation historique

En 2010, le Tourmalet avait fêté ses 100 ans sur le Tour, et avait eu droit à deux ascensions en deux jours. Un an plus tard, même tarif pour le Galibier. L’Alpe d’Huez, malgré son histoire plus récente, aura droit à encore mieux : deux montées lors de la même étape. Parce que cette fois, c’est la Grande Boucle elle-même qui fête son centenaire, et que l’Alpe d’Huez est devenu un col qui compte. En 1979 déjà, ce qui n’était encore qu’une innovation remise au goût du jour avait été mis en avant. Deux jours de suite, le peloton y était passé. Mais au fil des années, les passages, tout en restant réguliers, sont devenus moins fréquents. Pour 2013, l’organisation a donc décidé de remettre en avant cette ascension reconnue, avec un parcours totalement inédit. Dans une étape courte et nerveuse, il faudra gravir deux fois les presque 14 kilomètres de l’Alpe d’Huez.

Dans cette journée, les kilomètres de plaine se compteront sur les doigts de la main. Le début d’étape, passant par les cols de Manse et d’Ornon ainsi que la Rampe du Motty, sera un bon échauffement avant le début des choses très sérieuses. Car c’est en moins de 65 kilomètres que le peloton effectuera la double montée. Une première fois où il poussera jusqu’au col de Sarenne, avant une descente des plus techniques qui précèdera l’ascension finale. Une étape très importante dans la conquête du maillot jaune mais qui ne sera pas, comme c’est souvent le cas ces dernières années, l’ultime étape de montagne avant l’arrivée sur les Champs-Elysées. Ce sera le premier gros morceau alpestre et on peut imaginer le début de la grosse bagarre à un moment où tout ne sera pas encore joué. Messieurs Chris Froome, Alberto Contador et les autres sont donc prévenus : l’Alpe d’Huez, ça ne se boycotte pas, et il faudra y être présent !

Robin Watt

>> Retrouvez tous nos articles de la saga “Place au Tour” en préambule de la centième édition en cliquant ici.


 

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