Révélation de la saison 2010, Richie Porte est enfin parvenu à confirmer ses performances de néo-professionnel. Véritable lieutenant de Christopher Froome, avec lequel il forme un duo parfaitement synchrone, l’Australien n’a qu’un objectif : permettre à son leader de monter sur la première marche du podium des Champs-Elysées. En montant lui aussi sur la boîte si possible…
Un binôme plus complémentaire que Froome-Wiggins
Conditionné pour son rôle de lieutenant qu’il assume depuis le début de son passage au niveau World Tour, le coureur originaire de Tasmanie oscille parfaitement entre les statuts de leader et d’équipier de luxe. Sur des épreuves prestigieuses telles que Paris-Nice (1er) et le Tour du Pays-Basque (2e), Porte s’est montré en mesure de justifier les attentes placées en lui au général. A contrario, il n’a jamais rechigné à jouer les fers de lance pour Froome aussi bien sur le « modeste » Critérium international qu’au Dauphiné, où à chaque fois le tandem a survolé la course pour prendre les deux premières places finales devant une concurrence dégoûtée. Mais surtout, on sent se dégager entre d’eux une certaine fraternité qui facilite leur cohabitation sur les routes : « Je suis heureux d’être là, de m’impliquer et de faire des sacrifices pour voir un bon copain être en mesure de gagner le Tour. C’est tout ce que le vélo est. » Conscient de ses facultés, il aspire néanmoins à se positionner parmi les meilleurs : « Si tout va comme prévu, je pourrai aussi jouer ma carte et enlever un peu de pression à Chris. »
La légère différence de niveau en faveur de Froome lève donc toute ambiguïté concernant les fonctions de l’un et de l’autre au sein de l’équipe Sky. Contrairement à son coéquipier l’année passée, Porte ne sera pas amené à servir un coureur moins fort que lui pour respecter la stratégie fixé par sa direction. En effet, aussi bien en contre-la-montre qu’en montagne, l’ancien de la Saxo-Bank semble un peu moins efficace que ne l’est son leader. La seule fois où l’Aussi a réellement dominé Froome, c’était lors du Critérium international en mars : en très grande condition, il avait alors devancé de 2 secondes le deuxième du Tour 2012 pour s’adjuger une victoire d’étape. En revanche, plus récemment, et ce malgré avoir rattrapé Alberto Contador, Porte a accusé un retard de près de 30 secondes au cours des 32 bornes du Chrono des Oiseaux, sur le Dauphiné. La hiérarchie est ainsi claire après avoir été prouvé sur le terrain.
Un nouveau doublé Sky restera très difficile
Les enseignements du Dauphiné se concrétisent parfois sur la Grande Boucle, mais rarement dans leur intégralité. En 2012, Sky avait placée 4 coureurs dans le top 10 de la course Iséroise : cependant, Rogers (2e) et bien sur Porte (9e), avaient ensuite reculés de nombreuses places au classement final du Tour de France. Leur travail précoce abattu dans les cols en était la cause,et cela rappelle que le doublé Sky est encore loin d’être acquis. Si Froome rencontre un problème mécanique lors des derniers kilomètres d’une étape de haute montagne, ce sera à Porte de se sacrifier pour lui venir en aide. Il pourrait également être actionné plus tôt que prévu sur une étape difficile où les autres favoris du Tour auraient décidé de mettre à mal Froome en combinant leurs attaques.
Rappelons aussi que Froome a promis qu’il ne se contentera pas de suivre au train, que ce Tour le montrera sous un visage de coureur offensif, prêt à faire le spectacle, même en possession de la précieuse tunique jaune. Si les accélérations venaient à se multiplier, Porte, malgré ses progrès en haute montagne, ne semble pas encore paré pour combiner travail pour son leader et gain d’étape de haute montagne. Sur le Dauphiné, lors de l’étape reine de Valmorel, remportée par Froome, l’Australien s’était vu relégué dans le deuxième groupe, celui des Valverde, Rogers, Moreno et autres Taaramae. Une situation qui pourrait se reproduire dans les prochaines semaines. Parce que si Froome paraît plus fort que le Wiggins d’il y a un an, Porte est incontestablement en dessous du Froome de juillet dernier. Si le doublé reste envisageable, il sera beaucoup moins évident à aller chercher qu’en 2012…
Louis Rivas