PLACE AU TOUR 17
Ca fait un moment déjà qu’on n’a plus vu le signe du Pistolero sur le Tour. Y aura-t-on droit en 2013 ? – Photo Astana

C’est presque le défi de sa vie. Le presque fatidique anniversaire des 30 ans passé, Alberto Contador a pris un coup de vieux, et pas que sur le papier. En ce début de saison, le Madrilène est apparu très en-deçà des attentes, loin de son rival annoncé sur la Grande Boucle, Chris Froome. Rarement en concurrence directe avec le Britannique depuis la reprise l’hiver dernier, il n’y a pourtant pas photo. El Pistolero arrive sur le Tour bien moins confiant et dans la peau d’un simple challenger…

Le rôle parfait ?

Mais justement, ce statut d’outsider n°1 qui tentera de faire vaciller la machine Froome pourrait lui scier à merveille. Même si la pression ne l’a jamais affaibli, et il l’a admirablement prouvé ces dernières années, cette nouvelle position pourrait le rendre encore plus fort. Parce qu’aujourd’hui, peu de monde le voit monter sur la plus haute marche du podium à Paris. Sauf peut-être lui, qui martèle à qui veut l’entendre qu’il croit en ses chances. Et connaissant le garçon, il ne faut pas y voir là une quelconque stratégie ; s’il ne se voyait pas possible vainqueur dans un peu plus de trois semaines, il ne prendrait pas le départ de Corse. Orgueilleux comme peu dans le peloton, l’Espagnol fera tout ce qui est en son pouvoir pour déjouer les pronostics. Et ça commence avant même le départ, avec les déclarations dans la presse. Rien de salvateur, mais de quoi amplifier légèrement la pression sur le leader de la Sky…

Ainsi, Contador a récemment déclaré à L’Equipe « qu’être favori, c’est un truc de journalistes », avant de déclarer « si je ne suis pas le favori n°1, ça me va », même s’il doute clairement quand au fait qu’il aura plus de libertés. Avant d’affirmer que Froome est « le coureur référence », et que pour le battre, il faudra avoir des jambes de feu. Sans aucun doute, il n’est pas le seul à le penser, ni à vouloir faire tomber de son piédestal le natif de Nairobi. Du coup, il pourrait profiter dans les cols pyrénéens puis alpestres d’une aide de grand luxe, en plus de celle de ses coéquipiers. En effet, il n’est pas impossible qu’une alliance ibérique se mette en place, avec Joaquim Rodriguez et Alejandro Valverde pour soutenir le double vainqueur du Tour. Comme sur la dernière Vuelta, où ce trio avait pris soin d’éliminer les Sky avant de se livrer pleinement bataille.

Discret jusque là, explosif sur le Tour ?

Sur Tirreno au printemps dernier, mais surtout sur le Dauphiné, Contador a terminé derrière Froome. De quoi donner confiance au Britannique en vue de la grande messe de juillet. Mais si tout était calculé ? Car à vrai dire, si le Madrilène a la solution pour tout faire exploser, il ferait bien de la garder au chaud pour l’utiliser au moment le plus opportun, c’est à dire surtout pas sur le Dauphiné, où il s’est montré en retrait. C’est d’ailleurs ce qu’il confiait, toujours à L’Equipe : « Il ne faudra pas attaquer n’importe comment. » Et surtout, quand il attaquera, l’Espagnol devra faire la différence. Parce que ce n’est désormais plus un secret, Froome lui prendra du temps sur les chronos. Sur ceux de Nice et du Mont-Saint-Michel, c’est une certitude, et peut-être même sur le celui d’Embrun, pourtant plus vallonné. Pour compenser, Contador va donc devoir faire la différence en montagne, où l’Anglais semble malgré tout ultra-dominateur. Une équation presque impossible à résoudre…

Très clairement, avant le départ de ce centième Tour de France, il est difficile de dire que Contador pourra mettre à mal Froome ou même les autres candidats au podium, le tout ne se basant que sur des hypothèses. Celle que Froome puisse faillir sous la pression qu’il devra gérer, et celle que l’Espagnol, accompagné de son équipe, ait déjà la solution pour faire plier la formation de Dave Brailsford. Le Kenyan blanc semblant encore plus fort que Wiggins l’an passé, il faudrait donc un véritable exploit de la part du Pistolero pour lui chiper le trône promis. L’exploit d’une carrière après des Tours conquis tous différemment, mais toujours au top de sa forme. Cette fois, le Madrilène arrive sans grandes certitudes, et va devoir prouver qu’il est un candidat crédible, avant de passer aux actes. Et pour cela, une chose pourrait faire la différence : l’orgueil du champion.

Robin Watt

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