PLACE AU TOUR 16
Récent champion de Grande-Bretagne, Mark Cavendish est prêt pour la Grande Boucle – Photo Vaughn Ridley

Les champions de sa trempe n’ont même pas besoin de temps d’adaptation. Transfuge de  Sky, Cavendish a posé le pied dans son nouvel étrier belge avec détermination et soif de nouvelles conquêtes. Son début de saison tonitruant tranche avec ses résultats « mollassons » des printemps précédents. Le Cav de 2009 est de retour, avec cette fameuse rage de vaincre que rien ne pouvait éteindre, qui lui permettait de se surpasser dans les moments cruciaux. Super-combatif du Giro, champion de Grande-Bretagne, 14 fois vainqueur : The Man of Man est redevenu sans pitié pour ses adversaires qu’il s’apprête une nouvelle fois à dépiter.

Greipel ne peut pas rivaliser avec le véritable Cavendish

Habitué à remporter ses cinq bouquets annuels sur le Tour de France, le champion du monde avait été très frustré par l’attitude de sa formation en 2012, presque entièrement tournée vers la montagne, qui ne permettait pas à son sprinteur vedette de déployer l’intégralité de ses capacités. Privé d’un train digne de ce nom, il avait par deux fois subit la loi d’André Greipel, son rival. Un affront terrible pour un Cavendish orgueilleux, vexé de voir ainsi son statut de meilleur sprinteur du peloton remis en question par l’ogre de Rostock ; un adversaire pour qui il n’a jamais eu d’estime : « Il ne m’arrive pas à la cheville, ne me battra jamais et ne remportera jamais de belle course ». Ce fort antagonisme qui lie les deux hommes s’est développé au cours de leur ancienne cohabitation au sein de l’équipe Columbia, puis HTC-High Road. Vexé par sa non-sélection sur Milan-Sanremo en 2010, Greipel tente de bousculer Cavendish au petit jeu des déclarations. La réplique du Britannique sera fracassante : « Même hors de forme je suis plus rapide que lui. Greipel ne remportera jamais une telle course dans sa carrière ».

Si cette haine viscérale s’est depuis légèrement atténué, Cavendish félicitant même Greipel pour ses victoires acquises sur les deux derniers Tours de France, l’esprit de compétition et d’opposition perpétuelle qui les oppose cimente leur parcours et produit une émulation positive qui force l’un et l’autre à se surpasser. Fortement pourvu en succès cette année, Greipel conserve néanmoins cette réputation de sprinteur de « petites courses » qui lui colle à la peau. Pendant que Cavendish cueillait ses 5 bouquets sur le Giro, Greipel se contenta des modestes Tours de Turquie et de Belgique pour faire gonfler son compteur. Le nouveau train trouvé par l’Express de Man en rejoignant OPQS est composé entre autres des efficaces Tony Martin, Matteo Trentin et Gert Steegmans, des valeurs sûres sur lesquelles s’appuie le champion pour amorcer la préparation de l’emballage final. Parfaitement déposé aux 200 mètres, comme ce fut le cas sur pratiquement chaque étape du Giro, Cavendish a récupéré ce précieux atout que constitue une équipe soudée et préparée pour réciter sa partition : exactement ce qui lui avait manqué l’année passée, où malgré les coups de main ponctuels des rouleurs de la Sky, le mélange manquait cruellement de cohérence et d’uniformité.

Un maillot vert incertain mais accessible, une légende qui se forge

Lorsque l’on jette un œil au tracé de cette 100e Grande Boucle, on s’aperçoit que pas moins de 7 étapes pratiquement plates sont au programme. Du pain béni pour les sprinteurs, et donc pour Mark Cavendish. Greipel probablement hors de l’équation, c’est alors le problème Sagan que se devra de résoudre le conjoint de Peta Todd (Google Images après lecture de l’article, merci). Capable d’aller très vite sur le plat, le Slovaque trouvera sur son chemin un total de 5 étapes au dénivelé intéressant, qui lui permettront peut-être d’accumuler des points là où les purs spécialistes auront été distancés précédemment. Si l’on prend 2011 comme base de référence pour Cavendish (réforme des sprints intermédiaires), sa marque de référence s’établit à 334 points. Bien loin des 421 récoltés par le coureur de la Cannondale en 2012. Vous l’aurez compris, Cavendish devra lutter intensément pour reconquérir son bien, les sprints  intermédiaires représentant désormais la clé de voûte pour remporter le maillot vert. Cependant, il ne faudra pas non plus y laisser trop d’énergie avant le sprint final. Voilà un casse-tête auquel les sprinteurs font face chaque année depuis cette réforme audacieuse et bien pensée d’ASO –c’est assez rare pour être signalé.

Enfin, Cavendish, auteur de 23 succès d’étapes sur les routes juilletistes, n’est plus qu’à 11 unités du record de Merckx, que l’on pensait parfaitement inaccessible. Agé de 28 ans, au sommet de son art, l’Express de Man n’aura besoin que de deux ou trois éditions pour faire tomber le Cannibale. L’insatiable brabançon n’avait eu recours qu’à 7 participations pour se forger son inimitable palmarès. Si l’on occulte sa 1ère participation « éclair » de 2007, Cavendish s’impose donc avec le même rythme vorace que le second athlète du millénaire. Le règne sans partage du natif de Douglas semble ainsi s’inscrire dans la pérennité, tant la nouvelle génération semble encore à des années lumières de s’approcher du niveau presque inatteignable fixé par le Mannois.

Louis Rivas

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