Seuls trois anciens vainqueurs des mondiaux seront présents au départ à Florence, le 29 septembre. Malgré leurs noms prestigieux, les championnats du monde sont souvent une course de loterie, où seul celui qui saura combiner le facteur chance et la force physique pourra espérer porter le maillot arc-en-ciel pendant 12 mois. Les élus sont rares et nombreux sont les coureurs talentueux à avoir buté sur les derniers hectomètres alors que la victoire finale leur tendait les bras. Focus sur trois coureurs qui ont cru décrocher la victoire, avant de finalement échouer…
Alejandro Valverde
Véritable “loser” des championnats du monde, avec pas moins de six tops 10 en huit participations – dont quatre podium -, le coureur de Murcie court toujours après un titre mondial qui se refuse à lui depuis ses débuts professionnels. Systématiquement présent grâce à une grande régularité sur son grand tour national, Alejandro Valverde n’a jamais démérité et aurait pu réaliser le coup du siècle en 2006, en attaquant avec son compatriote Samuel Sanchez à moins de 2 kilomètres de l’arrivée. Présent en 2012 avec une 3e place derrière l’imbattable Philippe Gilbert, le coureur espagnol fera encore partie des favoris à la victoire finale. Mais malheureusement, si l’on en croît les statistiques, la consécration ne sera pas pour cette année. Très peu à son aise sur les courses transalpines, le coureur de la Movistar n’a jamais réalisé de résultat probant sur les terres de Victor-Emmanuel où il n’est plus le bienvenu depuis ses problèmes avec le CONI, précurseur de sa suspension pour dopage. Outre son désamour avec la patrie italienne, c’est son programme de course qui pourrait être son autre désavantage.
Après avoir visé la victoire finale sur les classiques et le Tour, l’Ibère avait semblé moins fort sur la Vuelta, malgré une troisième place finale au classement général. Un programme de course assez chargé, qui pourrait le pénaliser lors des derniers kilomètres. Mais a contrario, il possède le profil parfait pour devenir champion du monde, avec des qualités de sprinter largement au-dessus de la moyenne face aux nombreux grimpeurs que compte le peloton professionnel. Ce n’est pas par hasard s’il a fini autant de fois à une ou deux marches de la première place du podium. S’il ne parvient toujours pas à conquérir le titre mondial cette année à Florence, il pourra tenter sa chance l’année prochaine en Espagne, neuf ans après sa deuxième place à Madrid derrière Boonen. Mais c’est certain, les Mondiaux 2013 et 2014 seront ses dernières chances pour enfin porter le maillot arc-en-ciel, un rêve qui s’éloigne année après année. Balaverde a déjà 33 ans…
Fabian Cancellara
Recordman du nombre de victoires au championnat du monde du contre-la-montre avec quatre succès, le Suisse n’est toujours pas monté sur le podium de la course en ligne malgré ses 4e places en 2009 et 2011. Pour enfin remédier à cette grosse anomalie sur son palmarès, le coureur de la Radioshack a décidé de se concentrer sur les classiques et de négliger l’effort en solitaire où il n’a plus grand-chose à prouver. Après avoir réalisé une campagne de classiques de haute volée avec un triplé E3/Ronde/Roubaix, Fabian Cancellara vient de réaliser une Vuelta impressionnante, avec une victoire lors du chrono individuel ainsi que deux podiums sur des courses en ligne. En snobant la Grande Boucle cet été, le Bernois arrive frais et en forme à Florence, ce qui a été rarement le cas ces dernières années. Sur un parcours difficile comme celui de cette année, rares sont les coureurs de 85 kilos pouvant suivre ceux de 65 sur des pourcentages de plus de 9 %. Mais Cancellara n’est pas un coureur comme les autres.
À Mendrisio, chez lui en Suisse, il avait réalisé une course de toute beauté, terminant au pied du podium, ne pouvant rattraper le trio Evans-Rodriguez-Kolobnev parti quelques kilomètres plus tôt. Comme une preuve que pour espérer porter le maillot arc-en-ciel, Canci devra batailler, malgré son énorme talent. Un Cancellara du niveau de juillet 2009 à avril 2010, où il était le roi de planète cycliste, est indispensable pour espérer pouvoir gagner sur le parcours florentin. Mais surtout, en plus de retrouver son niveau d’extraterrestre, il devra jouer de finesse et attaquer au moment le plus propice, car le circuit de Florence n’est pas le pus favorable au Suisse, malgré sa polyvalence. Grand jour et finesse tactique seront les quatre mots que Cancellara devra appliquer s’il veut enfin remporter le titre sur la course en ligne.
Matti Breschel
Le Danois, avec ses deux podiums sur les Mondiaux, est surnommé le coureur des Mondiaux. Un surnom attribué suite à ses places d’honneur entre 2008 et 2010, malgré un statut qui n’en faisait même pas un outsder. Briller sur des parcours aussi différents que ceux de Varèse, Mendrisio et Geelong n’est pas donné à tout le monde. Très endurant et possédant une bonne point de vitesse, le coureur de la Saxo possède aussi une extrême polyvalence, un cocktail parfait pour briller sur le rendez-vous annuel de fin septembre.
Mais depuis son transfert chez Rabobank, Matti Breschel ne brille plus. À l’instar de Nick Nuyens, ce transfert vers l’équipe néerlandaise s’est transformé en cauchemar, entre blessures et contre-performances, alors que ce changement de structure devait lui permettre de franchir un cap. Après deux années très moyennes chez Rabobank, le Danois est donc retourné chez Bjarne Riis, pour retrouver le goût de la victoire. Malgré une campagne des classiques assez discrète, Breschel revient petit à petit en fin de saison avec une double victoire sur son Tour national et de bonnes performances sur les semi-classiques d’après Tour. Un retour en forme qui pourrait se concrétiser par un excellent résultat à Florence et pourquoi pas le titre mondial, qui sera plus disputé que jamais. A noter qu’après avoir gagné sur le Tour du Danemark, Matti Breschel est toujours rentré dans le top 10 des Mondiaux.