Il aura 35 ans trois jours après le départ du Giro, et cela fait maintenant près de quatre saisons que l’on attend qu’il remporte son premier grand tour. Au départ de Belfast, Purito doit donc se dire que le temps passe vite. Et qu’il a vraiment loupé deux belles opportunités de gagner sur trois semaines, sur le Giro et la Vuelta 2012. Il est temps de réparer l’anomalie, car le temps presse.

Une longue histoire

Entre le Giro et Joaquim Rodriguez, tout n’a pas toujours été rose. Souvent, le Catalan préférait se préserver en début de saison pour tout miser sur le Tour d’Espagne, à la fin de l’été. Une stratégie que le grimpeur de poche a su remettre en question ces dernières années devant une prise de conscience personnelle et collective : il pouvait gagner de grandes épreuves. On a alors découvert un Purito capable de doubler Giro et Vuelta, ou Tour et Vuelta. Et donc de jouer la gagne sur trois semaines deux fois par an. C’est le cas depuis 2008, mais ce sentiment a pris de l’importance deux ans plus tard, lorsque l’Espagnol a rejoint les rangs de l’équipe Katusha. Enfin libre de ses mouvements et leader unique, il a su faire sa place parmi les cadors du peloton. Près de quatre ans plus tard, il est toujours chez les Russes, et connaît désormais bien l’épreuve transalpine : quatrième en 2011, deuxième l’année suivante, il est même passé tout près de la victoire la dernière fois qu’il s’y est rendu, seulement battu par un Ryder Hesjedal presque sorti de nulle part, et très rapidement rentré dans le rang.

Une désillusion comme Rodriguez semble les attirer, et qui n’arrivent qu’à lui. Comme lorsqu’il perd le Tour d’Espagne de cette même année 2012 en une étape, celle qui mène à Fuente Dé et sacre Alberto Contador. Parce que le natif de Barcelone n’est pas un grand habitué de la victoire. Et s’il a réussi à se faire violence pour décrocher quelques succès de prestige, son palmarès compte bien plus de places d’honneur que de bouquets. Pourtant, il est sans doute le meilleur puncheur et l’un des meilleurs grimpeurs du peloton. De quoi en faire un adversaire redoutable, mais dont on sait presque toujours qu’il échouera dans sa quête. Depuis l’épisode du Giro 2012, où Hesjedal lui repris le maillot rose le dernier jour, lors du chrono de Milan, pour seulement 16 petites secondes, Purito n’est pas revenu sur ces routes si cruelles pour lui. Il a préféré le Tour et la Vuelta, avec à la clé un nouveau podium, sur la Grande Boucle. Comme ça, il peut dire qu’il est monté sur la boîte de chaque grand tour. Maigre consolation… Alors comme l’Ibère est teigneux, il a décidé de revenir en 2014. Avec un objectif très clair : la gagne.

Un duel épique ?

Le parcours de ce 97e Tour d’Italie rendant hommage à Marco Pantani fait honneur à la montagne, ce n’est plus un secret. Alors certes, pas autant que lors de l’édition boulimique de 2011, mais assez pour nous livrer un sacré duel. Parce que si Rodriguez est redoutable dès que la route s’élève, et qu’il pourrait bien y prendre un ascendant conséquent sur les Evans, Uran et compagnie, il lui restera un adversaire de taille : Nairo Quintana. Le Colombien, qui l’avait devancé sur le podium du dernier Tour de France, vient avec un objectif tout aussi limpide. Le maillot rose, c’est déjà dans les têtes, se jouera alors entre ces deux hommes. Et peut-être un troisième larron, car la course italienne n’est jamais avare en surprise. Histoire d’en remettre une couche, on dira que Rodriguez en a été le témoin privilégié il y a de cela deux ans. Alors il faudra mettre toutes les chances de son côté. Pour cela, Purito a fait appel à Dani Moreno, son plus fidèle lieutenant. Pas fan du Giro, période à laquelle il développe pas mal d’allergies, le Madrilène ira cependant aider un leader qui en aura besoin.

En équipier de grand luxe, il espère ainsi participer à la construction d’un premier sacre de Purito tant attendu sur une épreuve de trois semaines. Parce qu’on se dit qu’à force de tourner autour du pot, il va bien finir par y arriver. Pour cela, il faudra être aussi fort qu’en Catalogne, fin mars. A domicile, Rodriguez y avait écœuré la concurrence, avant d’être à moitié présent sur la semaine ardennaise, la faute à une chute malvenue sur l’Amstel. Pas grave, depuis, il est reparti aux Canaries pour une dizaine de jours d’entraînement en altitude, avant le départ de Belfast. Sa préparation aménagée laisse donc planer quelques doutes puisqu’il n’a pas pu se tester sur les classiques, mais Rodriguez devrait bien être présent. Parce que même si on semble le dire chaque année, cette fois est peut-être la dernière où il pourra jouer la victoire. Avec une grosse équipe déployée autour d’un leader unique, une forme que l’on peut imaginer optimale et une motivation décuplée après des échecs qui lui ont forcément appris comment gérer une telle épreuve, le Catalan a donc de quoi faire peur. Et peut-être même que cette année, pour augmenter son pécule en montagne, il attaquera avant la flamme rouge. Cela lui avait sans doute coûté la victoire en 2012…

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