Une équipe cruellement en manque de résultats, un leader vieillissant et la nécessité d’obtenir des points UCI : voilà ce qui a poussé la formation Euskaltel et Samuel Sanchez à miser cette année sur le Tour d’Italie. Alberto Contador et Chris Froome sont sur le papier bien trop forts pour que l’Asturien les batte sur le Tour de France. Huit ans après son unique participation à la course rose, Sanchez revient donc sur le territoire transalpin. Avec l’ambition non-avouée de surprendre les grands favoris que sont Wiggins, Nibali et Hesjedal.
Loin d’être favori sur le papier…
Samuel Sanchez prendra le départ ce samedi dans la peau d’un outsider tout juste sérieux. Evidemment, son palmarès en satisferait plus d’un. Mais depuis son Tour de France 2011, on n’a plus vraiment d’informations sur les capacités de l’Espagnol à tenir sur trois semaines. A désormais 35 ans, et malgré une saison 2012 correcte en dehors de son abandon sur la Grande Boucle, on est en droit de se poser des questions. Surtout qu’à l’approche de ce Tour d’Italie, presque rien ne joue en sa faveur. Désavantagé par le long contre-la-montre de Saltara, il ne sera pas accompagné de la meilleure des manières, ne pouvant même pas compter sur l’habitué des routes italiennes, Mikel Nieve. Mais surtout, on n’a presque pas vu Samu en ce début de saison. Hormis un top 10 sur une étape de Tirreno-Adriatico et quelques places d’honneur sur un Tour du Pays Basque qu’il avait pourtant remporté il y a un an, Sanchez est comme absent.
Difficile d’y voir là une stratégie, puisque même sur Liège-Bastogne-Liège, il n’a pas pesé. Pourtant, il apprécie cette épreuve, même s’il ne l’a pas couru en pleine forme depuis de nombreuses années. Anonymement 37e à l’arrivée, il n’a en réalité montré aucun signe encourageant au cours de sa préparation, au contraire de certains de ses futurs rivaux sur le Giro. A l’instar d’un Cadel Evans, il arrive donc dans la plus grande inconnu au départ de Naples. Alors on s’en doute, il ne se ratera pas complètement, ce n’est pas dans ses habitudes. Toujours dans le top 10 des grands tours depuis fin 2005 – à l’exception de son abandon sur le Tour 2011 -, Sanchez est un coureur qui sait courir sur trois semaines. On peut donc penser que malgré tous ses facteurs ne jouant pas en sa faveur, il sera présent. Mais où ? Pour jouer une place dans les 10 ou bien plus haut ?
L’expérience comme maître-mot
S’il ne connaît pas comme d’autres les routes transalpines, le natif d’Oviedo sait parfaitement gérer une grande épreuve. Et ce même sans une condition optimale ou dépourvu d’équipiers. Cela commence d’ailleurs bien avant le départ, en essayant de se soustraire une partie de la pression. Sanchez le fait très bien, la renvoyant toujours sur les deux grands favoris : « Je ne perdrais pas de vue le général, mais il faut être réaliste, la lutte pour le podium sera très compliquée. Il y a trois places sur le podium et deux d’entre elles sont pratiquement déjà occupées par Wiggins et Nibali. » Dans la presse, Sanchez se décrit donc comme un potentiel troisième, remportant pourquoi pas une victoire d’étape : « J’ai des victoires d’étapes sur la Vuelta et le Tour, donc je tiens à rejoindre le club de ceux qui ont déjà gagné sur les trois grands tours. Ce serait un rêve. » L’Asturien a donc des ambitions, mais comment ne pas penser qu’il vise plus haut ?
Lui qui est un si grand compétiteur et qui a déjà connu les podiums à de multiples reprises peut-il se permettre de n’espérer « que » ça ? Il n’est clairement pas incongru de penser qu’il y a un certain décalage entre ce qu’il dit à la presse et ses réelles ambitions. Surtout lorsqu’on lit entre les lignes de ses déclarations, où il a vraiment l’air de connaître le parcours sur le bout des doigts : « La dernière semaine est énorme! Si vous échouez, vous perdez tout, et si vous avez une bonne journée, vous pouvez tout espérer » affirme Sanchez, avant de confier, à propos du Val Martello : « C’est une montée exigeante de 22 kilomètres que j’ai repéré après le Tirreno. » Mais surtout, Samu ne cesse de noter que tout se jouera sur la durée, rappelant par la même occasion qu’il n’a pas l’habitude de faiblir dans les derniers jours : « Le Giro se joue du premier au dernier jour. Vous ne pouvez pas faiblir durant trois semaines. » Les autres sont prévenus. D’autant que Sanchez l’a dit : « La motivation est à son maximum pour affronter ce Giro. »
Robin Watt