Le Giro est souvent l’affaire des purs grimpeurs. Le classement par points, au contraire du Tour de France, est souvent remporté par un coureur jouant le général. Mais malgré cela, les sprinteurs ont toujours eu leur part du gâteau, et ce sera peut-être encore plus le cas cette année. Avec huit étapes de plaine, ce Giro laisse une place prépondérante aux spécialistes de l’emballage final. Le départ d’Irlande, notamment, offrira des premières étapes destinées à Kittel et ses concurrents, plus rares sur les routes italiennes. Petite revue d’effectif.
Marcel Kittel / Giant-Shimano
Vainqueur de quatre étapes lors du dernier Tour de France, le sprinteur allemand s’attaque désormais au Giro pour la première fois de sa carrière. Accompagné notamment de son poisson-pilote Tom Veelers et de Luca Mezgec, Kittel pourrait faire une razzia. En l’absence de Mark Cavendish, André Greipel ou encore Peter Sagan, il sera l’épouvantail de ce Tour d’Italie. A chaque sprint, il sera attendu, et on a hâte de savoir s’il arrivera à faire aussi bien – voire mieux – que Cavendish l’an dernier, le Britannique ayant décroché cinq bouquets. Alors c’est peut-être sous-estimer ses concurrents, mais le triple vainqueur du GP de l’Escaut semble un cran au-dessus de ses adversaires et rares devraient être les sprints où il sera mis en difficulté. En attendant le départ, l’Allemand se prépare donc sur les routes suisses, pour engranger les kilomètres sur des routes qui ne lui conviennent pas, mais qui vont l’aider à perfectionner sa forme. « Je suis sur le Tour de Romandie et j’ai pris un bon départ lors du prologue (3e, ndlr). J’ai l’espoir de faire une bonne semaine de préparation avec des kilomètres difficiles pour bien me préparer », déclarait-il il y a quelques jours. Le natif d’Arnstadt, lors cette course rose, partira à la conquête d’un premier sacre sur le sol italien. S’il atteint cet objectif, il rentrera dans l’histoire avec des victoires sur les trois grands tours. Sacré performance pour un coureur qui fêtera seulement ses 26 ans le 11 mai prochain, quelques jours après le départ de Belfast.
Elia Viviani / Cannondale
L’Italien a une revanche à prendre. A la recherche d’une victoire sur le dernier Giro, il n’avait pu faire que deux deuxièmes places, à chaque fois derrière l’imbattable Mark Cavendish. Cependant, son début de saison 2014 n’a pas rassuré, Viviani restant discret quand ses rivaux carburaient. Comme si son explosion tardait à venir alors que de grosses attentes sont placées en lui. Souvent placé mais rarement gagnant, son nombre de victoires en carrière est assez faible compte tenu de ses capacités. Au niveau World Tour, il n’y a même que le Tour de Pékin qui l’ai vu lever les bras. Une victoire marquante est impérative pour que l’ancien vice-champion du monde de scratch prenne confiance et explose enfin. Après une victoire lors de la Semaine Coppi Bartali, il a remporté assez facilement la cinquième étape du Tour de Turquie, avec une belle avance sur Mark Cavendish. La forme arrive et la confiance avec, comme il l’a déclaré après la première étape turque : « Je suis satisfait de ma condition, je suis bien. Je sprinte bien et c’est rassurant en vue du Giro. C’est même très important. » Elia Viviani aura plusieurs occasions d’enfin remporter une étape sur une grande épreuve, mais pas une grande équipe pour l’épauler. En effet, Cannondale a préféré miser sur Basso et Moser. Qu’importe, le Vénitien va devoir marquer son territoire.
Nacer Bouhanni / FDJ.fr
En 2013, il a accumulé les accessits derrière le Cav‘, et devra franchir un cap. Auteur d’un bon début de saison, ses relations avec son équipe sont malgré tout tendues. En fin de contrat en fin de saison, il a mal vécu son éviction surprise de Milan-Sanremo. «Je n’ai pas bien compris car mon programme de courses était établi depuis un moment. J’ai vraiment été vexé de ne pas avoir été retenu. C’est un choix qu’a fait l’équipe, j’essaie de ne pas me prendre la tête, mais Milan-Sanremo était un véritable objectif », n’a pas hésité à lâcher Bouhanni. Alors que son coéquipier Arnaud Démare a resigné ce printemps, le Lorrain est toujours en stand-by. Sur les routes transalpines, le tricolore doit prouver à son équipe qu’il mérite un nouveau contrat, et au peloton qu’il est un grand sprinteur. Car là non plus, rien n’est fait, et on se rappelle de la réaction d’Eisel il y a un an, après la première étape. L’Autrichien avait tweeté « Renvoyez Bouhanni chez lui avant qu’il ne soit trop tard. » Celui qui n’a encore jamais terminé un grand tour va donc devoir montrer son caractère. Sa passion pour la boxe se ressent dans de ses sprints et sa combativité, souvent décriée, reste un atout indéniable dans la dernière ligne droite. Vainqueur à cinq reprises depuis le début de saison, il sera évidemment l’un des outsiders de Kittel. Avec l’aide son poisson-pilote, Bouhanni part donc en quête d’une grande victoire pour faire taire les critiques et asseoir son statut.
Alessandro Petacchi / Omega-Pharma Quick-Step
Il sera le coureur le plus âgé du peloton au départ de Belfast, le 9 mai prochain. Mais malgré ses 40 balais, le coureur italien a encore de la ressource. Vainqueur du GP Pino Cerami début avril, il a également été impressionnant quelques jours plus tôt sur le GP de l’Escaut, finissant à une belle 4e place. L’ancien vainqueur de Milan-Sanremo n’est pas fini et il l’a prouvé. Dans un sprint final, en bonne forme, l’Italien peut battre presque n’importe. Vainqueur de 27 étapes sur les routes italiennes dans sa carrière, il a une expérience inégalable sur la course rose, et il saura en tirer profit. Alors certes, sa dernière victoire sur un grand tour remonte à 2011. Mais point positif, c’était déjà sur le Giro, lors de la première étape, et depuis, il n’est pas revenu sur le premier grand tour de l’année. Peut-être un signe. Débarrassé de Mark Cavendish, il sera le sprinteur désigné d’une équipe OPQS à la force de frappe impressionnante. Même si bien sûr, l’équipe belge sera concentrée sur son leader Rigoberto Uran et ne fera pas énormément de place au maillot vert du Tour de France 2010, si les circonstances s’y prêtent, Ale-Jet pourra compter sur des soutiens de poids. Rien ne ne pourra alors gâcher son probable dernier Giro, et une victoire d’étape lui permettrait de partir en beauté. Une issue que l’on ne doit pas exclure, car un champion, même à 40 ans, reste un champion.
Les autres : Ben Swift, Michael Matthews, Giacomo Nizzolo, Tyler Farrar, Roberto Ferrari, Edvald Boasson Hagen, Davide Appollonio, Sonny Colbrelli, Manuel Belletti et Edwin Avila.