Après un Giro dominé de main de maître, le Sicilien s’est reposé. Et le voici de retour sur une Vuelta dont il est encore le favori, durant laquelle il devrait monter en puissance en vue des Mondiaux qui se déroulent sur son territoire, à Florence. L’objectif de Nibali est donc simple : monter sur la plus haute marche du podium à Madrid, pour pouvoir continuer à rêver d’un triplé.
Habitué à répondre présent
Depuis 2010 et son éclosion au plus haut niveau sur les grands tours, Vincenzo Nibali ne s’est jamais raté. Mieux, il a toujours terminé sur le podium, et ce sur les trois épreuves de trois semaines du calendrier. A l’exception de la Vuelta 2011, à laquelle il avait participé après un Tour d’Italie presque inhumain disputé quelques mois auparavant. En terminant 7e à Madrid, il n’y avait donc là rien d’alarmant. Son premier grand tour, de toute façon, il l’avait déjà conquis. Et le grand objectif se situait bien plus tard, lors de la saison suivante, sur les routes de la Grande Boucle. Malheureusement, le Squale s’y cassa les dents face aux Sky et les ambitions furent modifiées pour 2013. Cette fois, le Tour serait zappé, au profit du Giro et de la Vuelta, avec l’ambition de réaliser un doublé rare. Il rejoindrait ainsi dans l’histoire Eddy Merckx (1973), Giovanni Battaglin (1981) et Alberto Contador (2008).
Une issue tout à fait plausible tant le transalpin semble préparé pour atteindre les buts qu’il s’est fixé. On l’imaginait à la bataille sur la course rose en mai dernier, mais il n’a laissé aucune chance à ses concurrents, se montrant aérien lorsque la route s’est élevée. Après avoir observé une longue coupure, il revient avec une certaine fraîcheur et une forme qu’il a pu contrôler pour la faire monter crescendo au fil de l’épreuve. Parce qu’à n’en pas douter, si dès la première semaine tout peut se perdre, la décision devrait bien se faire lors des derniers jours, avec notamment l’étape phare de ce 68e Tour d’Espagne dont l’arrivée sera jugée au sommet de l’Angliru. Un type de montée dont l’Italien est friand, lui qui avait entre autre fait la différence sur le Bola del Mundo sur la Vuelta 2010, ou sur les pentes de tous les mythes italiens qui se sont dressés face à lui lors du dernier Giro.
Gérer les Espagnols
Toutefois, si le Sicilien peut espérer faire la différence sur des étapes où l’enchaînement sera redoutable, ou lorsque l’arrivée sera jugée après une longue ascension – ce qui correspond aux étapes de Peyragudes et de l’Angliru -, il devra aussi gérer les neuf autres arrivées au sommet. Celles où il sera moins à l’aise que ses principaux concurrents Rodriguez et Valverde, spécialistes de ces montées courtes et très raides. L’Italien, lui, s’est déjà montré à son avantage sur une épreuve comme Liège-Bastogne-Liège, mais jamais sur l’Amstel ou la Flèche. Preuve que le Squale n’est pas très à l’aise avec ce type de montées, pourtant omniprésentes sur cette Vuelta 2013. Et on l’imagine mal se révéler être un puncheur redoutable à cette occasion. La stratégie devrait donc être de contenir les hispaniques – comprenant les Colombiens Betancur, Uran et Henao – en imprimant un rythme empêchant les attaques. De quoi nous rappeler une certaine formation britannique que Nibali avait maudit en 2012…
Mais au-delà du panache qui l’habite en temps normal, le transalpin vient pour gagner. Et pour cela, il n’hésitera pas à mettre à contribution une équipe pléthorique dans laquelle on retrouvera notamment Brajkovic et Fuglsang, des coureurs ayant terminés dans les 10 du Tour de France ces dernières années. Des équipiers de luxe qui devront permettre à Nibali de perdre le moins de temps possible en première semaine, lorsque ses concurrents tenteront de marquer leur territoire et de gagner, déjà, quelques précieuses secondes. C’est donc un Requin bien différent de celui que l’on avait vu à l’œuvre en mai dernier que l’on devrait retrouver dans quelques jours. Un Requin toujours aussi affamé, mais bien plus calculateur, qui cherchera à avoir ses proies à l’usure. S’il parvient à ses fins, Nibali prouvera ainsi qu’il est capable de s’adapter au parcours et à ses concurrents. Et par la même occasion, s’affirmera comme un sérieux prétendant à une victoire sur le Tour de France. Car le véritable objectif est là, et cette Vuelta n’est qu’une étape supplémentaire pour atteindre le graal.