Voilà, chaque année c’est pareil. On attend la fin de l’hiver avec impatience, car cela signifie l’arrivée des classiques flandriennes. Comme d’habitude, c’est l’Omloop Het Nieuwsblad qui fera office d’ouverture, suivi de Kuurne-Bruxelles-Kuurne dans le même week-end. Fini les destinations exotiques ou le sud de l’Europe, et bienvenue en Belgique !

Répétition générale

Comme chaque année, quand se profile l’ancien Het Volk, on s’emballe. Les premiers pavés qui nous émoustillent, sans doute. Pourtant, on commence à le savoir, la première classique belge de l’année n’est qu’un moyen pour les coureurs de reprendre leurs habitudes sur les bergs et les pavés, et de s’habituer de nouveau aux conditions climatiques souvent difficiles après un début de saison au soleil. Rarement le Circuit Het Nieuwsblad n’a permis de tirer des enseignements qui se sont vérifiés un mois plus tard, au moment d’enchaîner le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Jamais même, depuis 2000 et le sacre de Museeuw sur Paris-Roubaix, le vainqueur du Het Volk n’a ensuite levé les bras sur l’un des deux monuments pavés. Chaque fois, c’est un outsider qui s’impose. C’est ainsi sur l’épreuve du journal Nieuwsblad qu’on a découvert Sep Vanmarcke au plus haut niveau. C’est aussi là qu’on a cru voir en Langeveld un futur protagoniste important.

Pour preuve, ni Boonen ni Cancellara ne figurent au palmarès d’une course qu’ils disputent pourtant régulièrement. Le Suisse n’y compte même aucun podium, contre malgré tout trois pour le Flamand. Pour Kuurne-Bruxelles-Kuurne, qui se courra dans la foulée, le constat est le même. Davantage roulante et dénuée de quelques secteurs pavés, l’épreuve est loin d’être réservée aux flandriens. Cavendish ou Sutton, vainqueurs respectifs en 2012 et 2011, en sont l’illustration parfaite. Et les deux succès de Tom Boonen n’y changent rien : le week-end d’ouverture est souvent agréable à regarder, il propose un spectacle qu’on n’avait plus en tête et qui réjouit ; mais il ne permet de tirer aucune leçon en vue des échéances autrement plus importantes qui se profilent. Les gros bras se réservent pour la suite, et finalement, mieux vaut rester discret à la jonction des mois de février et mars, pour être au top début avril.

La chance des opportunistes

Pour autant, inscrire son nom au palmarès du Circuit Het Nieuwsblad a quelque chose de prestigieux. L’épreuve est ancienne, et compte des vainqueurs de renom, même si Cancellara et Boonen n’en font pas partie. Ian Stannard ou Luca Paolini, derniers vainqueurs en date, ne sont que des équipiers tout au long de l’année, mais la première classique de la saison leur a permis à tous les deux de glaner un bouquet symbolique. Ce n’est pas négligeable pour des garçons qui gagnent peu et manquent parfois de reconnaissance. Ce samedi, pour Boonen, Vanmarcke, van Avermaet ou Kristoff, qui n’ont rien d’autre en tête que le doublé Ronde-Roubaix, il n’y aura donc que peu d’enjeu, même si l’un d’entre eux, au sprint, pourrait très bien rafler la mise. Mais pour les autres, de Démare à Boasson Hagen en passant par Chavanel ou Leukemans, les espoirs sont permis.

On aurait bien cité Stannard dans le lot, mais personne n’a conservé son titre depuis un certain Peter van Petegem, au siècle dernier. Le signe, quoi qu’on en dise, que le Circuit Het Nieuwsblad n’a rien d’une course facile et prévisible. En somme, une véritable classique belge, avec tout ce qui est indispensable, vu de notre canapé ou du bord des routes, pour se plonger dans l’ambiance flamande : des températures capricieuses, des pavés de travers et des monts encombrés par les spectateurs. Qu’on soit en février ou en avril, ça ne fait pas de doute : une classique flandrienne reste une classique flandrienne, peu importe le vainqueur. De toute façon, il faut passer outre la déception de voir les patrons du peloton rester assis quand se joue la victoire. La mise en bouche arrive, mais le plat principal est encore loin.

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