Les deux leaders Nairo Quintana et Alejandro Valverde ont monopolisé l’aide de toute une formation en 2014, mais Eusebio Unzué peut se satisfaire d’avoir tout misé sur son incroyable duo. Avec le Giro, la Flèche wallonne ou la Clasica San Sebastian, sublimées par des accessits un peu partout au cours de l’année, la saison de l’équipe Movistar est une grande réussite.

Quatre raisons d’être satisfaits

L’évolution de Nairo Quintana. Après sa révélation sur le Tour 2013, on attendait du Colombien qu’il confirme en remportant son premier grand tour. Il a répondu présent sans trop de difficulté en mai dernier sur les routes du Giro, avec un succès final qui n’a souffert d’aucune contestation. Comme son début de Vuelta, lors duquel il avait déjà conquis le maillot rouge. Bien sûr, rien ne dit qu’il aurait pu résister à Alberto Contador jusqu’au bout, mais sa fraîcheur après avoir fait l’impasse sur le Tour l’aurait indéniablement avantagé en dernière semaine. Malheureusement pour le natif de Boyaca, une chute lors du chrono de Borja a mis fins à ses espoirs, avant un abandon le lendemain. Le seul accroc d’une saison où Quintana a terminé deuxième de Tirreno-Adriatico et cinquième du Tour de Catalogne dans sa préparation à la course rose. De quoi se piailler d’impatience à l’idée de le retrouver sur la Grande Boucle, en 2015.

La monstrueuse régularité d’Alejandro Valverde. On peut toujours reprocher au Murcian de ne pas être assez entreprenant et de ne pas gagner autant que devraient le permettre ses qualités. Mais désormais, on est habitués. En revanche, la régularité de Valverde en 2014 est plus monstrueuse que jamais. Pour trouver trace d’une épreuve où il a terminé hors du top 5, il faut fouiller. Ce n’est arrivé que six fois cette saison, et plus jamais après la Klasika Primavera, mi-avril. Incroyable. A côté, quelques victoires, comme sur la Flèche ou à San Sebastian ; et surtout des accessits de prestige. Amstel Gold Race (4e), Liège-Bastogne-Liège (2e), Tour de France (4e), Vuelta (3e), Championnats du Monde (3e), Tour de Lombardie (2e)… En tout, onze victoires (cinquième bilan du peloton derrière quatre sprinteurs que sont Greipel, Démare, Kristoff et Kittel) et dix-sept podiums. Ca vous classe un coureur.

L’efficacité des équipiers. Jamais cette saison les leaders de Movistar n’ont semblé en difficulté. Parce qu’ils ont toujours été parfaitement épaulés. Beñat Intxausti, les frères Izagirre, Jésus et José Herrada, John Gadret, Eros Capecchi, Andrey Amador, Javier Moreno, tout le monde a répondu présent lorsqu’il le fallait. Quintana et Valverde, sur le papier, n’ont pas à leurs côtés les armadas de Sky ou de Tinkoff, pourtant sur toutes les grandes épreuves, ils ont pu bénéficier d’un soutien au moins aussi efficace. Et chacun a pu, à un moment ou à un autre, tirer son épingle du jeu. Pour Ion Izagirre, on retiendra cette deuxième place au Tour de Pologne ou ce maillot de champion d’Espagne. Intxausti a talonné son coéquipier en Pologne, mais avait également brillé sur le Tour de Romandie, sixième. Le Français Gadret, lui, était parvenu à accompagner Valverde très loin dans les cols de juillet. Bref, à chacun ses exploits, ce qui compte étant que les rôles soient respectés, et que l’efficacité soit au rendez-vous. Contrat rempli.

L’opportunisme d’Adriano Malori. L’Italien n’est pas un équipier comme les autres chez Movistar, puisqu’il ne grimpe pas bien, qu’il passe très moyennement les bosses et les pavés, et qu’il ne sait pas sprinter. Malori est un pur rouleur. Du coup, il est plus ou moins exempté du travail de gregario pour Quintana et Valverde, et peut saisir sa chance lorsqu’elle se présente sur les contre-la-montre individuels. En 2014, il s’est très peu raté, pour le plus grand bonheur d’une formation qui peut ainsi compter sur d’autres coureurs pour décrocher les bouquets. Sur la Vuelta, le transalpin a sans doute décroché son plus beau succès de 2014, mais sur Tirreno, à San Luis ou sur ses championnats nationaux, il ne s’est pas fait prier non plus. Sixième des Mondiaux de l’effort solitaire, il a prouvé qu’il faisait partie des rouleurs qui compte. Un profil orginal qu’on retrouve également chez Alex Dowsett, dans une structure axée sur la montagne.

Une raison d’être déçus

Le déclin de José Joaquin Rojas. Depuis quelques saisons, on a pris conscience que le sprinteur espagnol ne serait jamais celui que l’on espérait. Comme si gagner était finalement pour lui quelque chose d’impossible. Mais celui qui était il y a encore deux ans un adepte des places d’honneur sur les grandes épreuves, y compris sur la Grande Boucle, est retombé dans le plus grand anonymat. A 29 ans, il a réalisé l’une de ses plus mauvaises saisons depuis son passage professionnel en 2007, déjà chez Eusebio Unzué. Le natif de Cieza n’a en effet levé les bras qu’à une seule reprise, sur le Tour de Castille et Léon. Devant Shilov et Barbero… Indigne d’un coureur de son standing. Seul fait d’arme de sa saison, une quatrième place finale sur Paris-Nice. La preuve que Rojas n’a plus grand chose d’un sprinteur.

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