Ce dimanche à Richmond, trois nations feront figure d’épouvantails. Bien sûr, sur une course par équipes nationales, où les repères sont totalement différents du reste de la saison, les formations les plus attendues peuvent se rater, comme l’Espagne en 2013, incapable de faire cohabiter Rodriguez et Valverde. Mais avec des cadors de la trempe de Degenkolb ou Kristoff, le leadership ne sera pas en balance entre plusieurs coureurs, et le plan des nations favorites sera très difficile à contrer.

– L’Allemagne

Il n’y aura aucune question côté allemand : ce sera tout pour Degenkolb. Le sprinteur de la Giant-Alpecin est vraisemblablement le seul coureur de son équipe à pouvoir espérer l’emporter – même si Greipel a montré au printemps dernier que les classiques pouvaient être un terrain à sa convenance. Etincelant de Milan-Sanremo à Paris-Roubaix, “Degen” a remporté deux monuments en 2015, assez pour légitimement être considéré comme l’un des plus grands spécialistes actuels des classiques. Pas embêté le moins du monde par les courtes bosses ou les pavés, celui qui avait terminé au pied du podium à Valkenburg, puis neuvième l’an passé à Ponferrada, voit cette année une occasion en or de revêtir l’arc-en-ciel. Pouvant compter sur des rouleurs comme Martin, Sieberg ou Geschke, et des gregario dévoués comme Knees, Fröhlinger, Martens et Voss, l’homme aux dix victoires d’étapes sur la Vuelta arrive avec la certitude que son équipe a les cartes en main pour contrôler la course à la perfection, et l’emmener dans un fauteuil jusqu’au sprint final. La Mannschaft déployée autour de lui est solide, mais ne remet pas en cause son statut de leader, et sa saison est d’une telle qualité qu’il a toutes les raisons de croire en un ultime succès de prestige.

– La Norvège

Côté scandinave, c’est un peu comme en Allemagne, avec Kristoff en remplacement de Degenkolb. A la différence près que pour épauler le dernier vainqueur du Tour des Flandres, il n’y aura que cinq coureurs. Heureusement parmi eux, il y a Boasson Hagen, très en vue sur le Tour de Grande-Bretagne après avoir réalisé un bon Tour de France ; et Lars-Petter Nordhaug, précieux sur tous les terrains. Kristoff, qui n’a pas brillé sur la Grande Boucle cette année, mais qui a décroché un monument au printemps et Plouay en août, sait donc qu’il a largement de quoi l’emporter. Son équipe ne sera pas attendue pour contrôler la course, d’autres seront là pour le faire, et surtout, le leader norvégien sait se débrouiller à peu près seul. Sur le Ronde, en avril dernier, il n’avait par exemple eu besoin de personne pour s’envoler à 25 kilomètres de l’arrivée, et se défaire au sprint de Niki Terpstra. Malgré ses qualités de sprinteur, il avait également prouvé à cette occasion qu’il n’était pas contraint d’attendre le sprint final, et qu’il était tout à fait capable d’aller chercher une victoire en surprenant ses adversaires. A Richmond, le scénario de course pourrait ressembler à ça, et Kristoff sera inévitablement prêt à saisir sa chance, une nouvelle fois.

– La Belgique

Une armada. C’est sans doute comme ça qu’il est le plus facile de qualifier la sélection belge pour ces Mondiaux. Boonen et Gilbert, deux légendes du plat pays déjà honorées du maillot arc-en-ciel, mèneront une dream-team de neuf hommes presque tous capables d’intrinsèquement jouer la gagne. Normal, pourrait-on dire, pour une édition où le parcours rappelle les classiques flandriennes, chasse – presque – gardée des Belges. Malgré tout, il y a un petit hic : la sélection ne comporte aucun véritable sprinteur. Boonen n’en est plus un depuis longtemps, van Avermaet est très loin des spécialistes, et Keukeleire n’a pas vraiment plus qu’une pointe de vitesse attrayante. Pour espérer l’emporter et ne pas se retrouver à jouer une anecdotique place d’honneur, il faudra donc anticiper les débats. Vanmarcke, van Avermaet, Vandenbergh, Boonen, Gilbert et même Benoot en sont capables. Mais il pourrait y avoir encombrement, chacun étant conscient qu’il peut jouer sa carte personnelle. A un moment, un choix devra donc être fait. La logique voudrait qu’il se porte sur Greg van Avermaet, incontestablement le coureur belge le plus en vue cette année, et doté au passage d’une polyvalence rare. Le coureur de la BMC en arc-en-ciel, lui qui a si souvent dû se contenter des accessits, le symbole serait fort. Mais pour succéder à Gilbert, vainqueur attendu et finalement vainqueur tout court à Valkenburg, il y a encore du chemin.

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