Le sacre de Peter Sagan, dimanche à Richmond, est aussi celui d’une sélection slovaque qui ne comptait que trois éléments au départ. Au nez et à la barbe des grosses nations, rentrées bredouille des Etats-Unis, l’un des petits poucets s’est montré d’une redoutable efficacité. D’autres ne peuvent pas en dire autant…
La Belgique trop forte pour l’emporter
C’est le symbole de l’échec des nations historiques. La Belgique est repartie de Richmond sans aucune médaille. Une mauvaise habitude qui dure depuis quelques années. Pourtant, l’équipe de Carlo Bomans était venue avec un effectif riche de trois leaders expérimentés que sont Philippe Gilbert, Tom Boonen et Greg van Avermaet. Autour, des coureurs de la trempe de Sep Vanmarcke, Tiesj Benoot voire Jens Keukeleire étaient présents pour jouer les troubles fêtes. Mais malgré une bonne entente au sein du groupe, l’empilement de leaders n’a pas fonctionné. Comme ce fut le cas pour les Espagnols il y a deux ans, l’absence d’une hiérarchie claire a perturbé les Belges dans les derniers kilomètres.
Boonen, dans un moment d’euphorie, n’a pas hésité à sacrifier ses chances à deux tours de l’arrivée pour attaquer, alors que Gilbert a été transparent toute la journée avant d’être sur la fin en retard lors de chaque accélération. Si le Liégeois avait lancé l’ultime attaque de van Avermaet, comme avait pu faire le Leukemans au pied du Cauberg en 2012, peut-être que celui-ci aurait pu accrocher la roue de Peter Sagan au sommet de l’avant-dernière difficulté. S’il est facile de refaire la course après l’arrivée, les dernières éditions des championnats du monde ont montré qu’une formation dédiée à un seul coureur avait beaucoup plus de chances de repartir avec le maillot arc-en-ciel. Le sélectionneur belge n’a pas eu le courage de prendre une décision franche et a au final tout perdu malgré un effectif pléthorique.
L’Espagne et l’Italie complètement invisibles
Au début du siècle, l’Italie et l’Espagne étaient les véritables ogres de la course en ligne. Les deux nations ont compilé à elles-deux 15 médailles en l’espace de 10 ans, dont 7 en or. Mais depuis le début de la nouvelle décennie, Espagnols et Italiens n’ont plus remporté un seul titre. La crise est encore plus forte du côté transalpin, où le meilleur classement fût la quatrième place de Vincenzo Nibali à Florence en 2013. Et lors de cette 82e édition, les deux pays n’ont ni fini sur le podium, ni pesé sur la course. Sous l’impulsion de Ian Stannard à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, Moreno et Viviani se sont bien retrouvés à l’avant de la course, mais sans véritablement collaborer avec Mollema, Boonen et Kwiatkowski, beaucoup plus actifs.
Il faut en réalité remonter à trois tours de l’arrivée pour voir la seule offensive d’un coureur ibérique : une accélération de Joaquim Rodriguez lors de l’ultime ascension du parcours. Une offensive qui a eu pour effet d’étirer le peloton, sans plus. La cinquième place de Valverde permet alors de sauver l’honneur mais du côté italien, on ne peut rien tirer de bon de cette course en ligne. Depuis la retraite de Bettini et les suspensions de Rebellin, Di Luca et Ballan, la Nazionale n’a plus de coureur capable de performer lors des différentes courses d’un jour. Le Tour de Lombardie 2008 gagné par Cunego est le dernier monument qu’un coureur italien a remporté. La 18e place de Nizzolo dimanche fait donc pâle figure.
La mondialisation écrase les nations historiques
Richmond a permis d’identifier deux phénomènes, avec en premier lieu la mondialisation du cyclisme combiné au déclin des cinq nations historiques que sont la Belgique, la France, l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas. Ce phénomène n’est pas tout à fait nouveau, puisque depuis la victoire de Cadel Evans en 2009, cinq vainqueurs sur sept ont décroché la première médaille d’or de leur pays. Sans compter la victoire de Cavendish en 2011, qui sans être inédite pour la Grande-Bretagne, succédait à un Tompson sacré près de 50 ans plus tôt. Seul Philippe Gilbert « sauve » donc l’honneur des nations phares du cyclisme avec sa victoire en 2012… devant Boasson Hagen, coureur d’une nation qui ne compte que deux médailles à son palmarès.
Mais l’épreuve américaine a surtout prouvé qu’il n’est plus obligatoire d’avoir une grande équipe pour remporter un mondial. Hushovd, Costa et cette année Sagan ont respectivement remporté le titre mondial en ayant chacun seulement deux équipiers pour les accompagner. Pour Cavendish et Kwiatkowski, même s’ils pouvaient compter sur sept voire huit coéquipiers au départ, ils étaient tous les deux les leaders uniques de leur formation. Le mythe d’un titre de champion du monde se jouant entre les grosses nations – celles qui comptent neuf coureurs – avec des leaders et des lieutenants en pagaille commence donc à s’effriter. Un phénomène qui ne peut que réjouir les fans de cyclisme, qui souhaitent chaque année une course plus disputée, attractive et alléchante. Mais c’est surtout là une aubaine pour l’UCI, qui y trouve un excellent moyen de promouvoir le cyclisme dans le monde entier. Alors, tout le monde est content ?
En tout cas, Sagan champion du monde, ça a de la gueule !
8 Nations titrées en 8 ans. Une 9e l’an prochain ?
Sagan pour la postérité, van Avermaet et Boasson Hagen pour les éternels regrets.
Un polonais l’anné passée , Ruis costa en 2013 Sagan cette année les « petites »nations dominent mais avec d’excellents coureurs . Capables de gagner des courses d’un jour comme des épreuves par étapes . Peu entourés d’équipiers lors des mondiaux . Il y a probablement un malaise dans les grosses équipes nationales , ou de mauvaises décisions prises dans des moments déterminants pour ne pas froisser l’égo des leaders qui cohabitent ce jour là .
Lors des 2 derniers titres mondiaux de la Belgique l’équipe avait un leader unique . Boonen en 2005 tout jeune qu’il était avait une équipe entière à son service il y avait des grands noms expérimentés qui ne rechignaient pas à faire le boulot . En 2012 ce fût Gilbert qui fût promu leader sur un parcours taillé pour lui . Notre Coach national devrait être plus ferme et organiser une tactique autour d’un leader unique . De plus il y a toujours eu une certaine rivalité entre Gilbert et Van Avermaet qui ont le même profile . Boonen a attaqué et tenté le tout pour le tout cela aurait pu fonctionné si il y avait eu une bonne entente dans l’échappée . Si Van Avermaet avait eu des jambes de feu il aurait pu suivre Sagan mais ce ne fût pas les cas .
La vérité d’un jour n’est pas forcément celle d’un autre . Si ça tombe l’an prochain une grosse nation viendra rafler le titre et contredira donc votre analyse . L’Espagne domine le classement UCI depuis pas mal d’année alors parler de déclin…
Si on compte la France parmi les grandes nations, au moins historiquement, celle-ci a également péché par l’incapacité d’un sélectionneur à construire l’équipe autour d’un leader unique.
En l’occurrence il y en avait quatre, trois de trop (ou 2 et demi de trop disons). On a bien vu que les français sont la seule grosse nation à ne pas avoir vraiment couru en équipe : ils étaient toujours éparpillés, à l’inverse des belges et des italiens par exemple.
Sur l’ensemble de la saison et surtout sur les qualités intrinsèques, on aurait pu (du selon moi) faire le choix de mettre Bouhanni en leader unique : toute la saison et déjà l’an dernier il a démontré qu’il sera quoiqu’il arrive là en fin de course pour jouer la gagne (même lorsqu’il chute), à l’inverse d’un Démare bien souvent invisible (il était certes placé à l’avant dernière cote mais a craqué de suite). De même, un coureur comme Tony Gallopin est sans conteste un coureur de classe mais son profil ne lui permet pas d’en faire un leader (il n’a pas la puissance d’un Van Avermaet) même s’il reste toujours un joker. Alaphilippe, il ne tardera pas à le devenir, aucun doute là-dessus.
Pour en revenir à la course, on voit qu’encore une fois, un Bouhanni esseulé, qui chute plusieurs fois, est encore en très bonne position pour tenter de prendre la roue de Sagan et Avermaet – ça se joue à peu avec ce dernier – dans l’avant-dernière montée. Avec un vrai travail d’équipe, ce n’est pas lui qui doit se mettre à la planche à ce moment là mais il doit rester avec des équipiers comme un Michael Matthews pour être prêt à jouer le sprint final. Il aurait ainsi pu jouer la médaille et/ou le titre si Sagan n’avait pas tenu le choc. Pour être patient, il faut être entouré, là ce n’était pas le cas. Dommage.
Je refais la course bien entendu, avec des si, tout ça, mais (depuis Milan San Remo à ce championnat) je suis convaincu que Bouhanni est actuellement le meilleur coureur français. Si l’an prochain il ne joue plus de malchance et que son équipe se met à niveau (la fin de saison semble l’indiquer), il pourra en claquer une grosse.
Si vous voulez le point de vue d’un français, je suis entièrement d’accord avec l’analyse qui est faite sur l’équipe belge, entre autres.
Le sélectionneur d’une grosse équipe nationale- en termes qualitatif et quantitatif- se doit de mettre en place une stratégie claire au départ ainsi qu’un leader unique, c’est une évidence aujourd’hui.
Et sur ce plan là, Bernard Bourreau, le manager de l’équipe de France a été aussi mauvais que son homologue belge.
Le sacre de Kwiatkowski l’année dernière en est une formidable illustration. Il était fort, ET ses coéquipiers ont tous bossé pour lui.
C’est fini, les émissions de radio?