Sixième à Paris il y a un an devant des coureurs comme Valverde ou Fuglsang et auteur d’un bon début de saison 2014 – avec notamment un podium sur le Tour de Suisse -, Bauke Mollema était attendu sur la Grande Boucle. Dixième à un peu plus de quatre minutes de Nibali à la première journée de repos, le leader de la Belkin paraît un peu loin, mais conserve toutes ses chances.
Une belle opportunité
Cette année, après les abandons de Chris Froome et d’Alberto Contador, l’absence de Quintana et un Joaquim Rodriguez qui ne joue pas le général, il peut légitimement espérer entrer dans le top 5 voir un peu plus. Cependant, derrière un Nibali qui semble intouchable pour le titre, ses adversaires pour le podium sont nombreux, de Vaverde à Van Garderen en passant par Porte et le trio de français. Mais avec à ses côtés Laurens Ten Dam ou Steven Kruijswijk en montagne, il n’a rien a envier aux autres prétendants. Et alors que des coureurs comme Porte ou Kwiatkowski pourraient avoir quelques difficultés en haute montagne, Mollema semble capable de venir jouer le trouble-fête dans les Alpes ou les Pyrénées, taillé pour des arrivées comme celles de Chamrousse, Risoul ou du Pla d’Adet. Le Néerlandais disait même dimanche soir qu’il se sentait aussi bien que l’an dernier malgré un parcours vraisemblablement plus difficile et un début de Tour bien plus offensif.
Après la victoire d’étape de Lars Boom sur les pavés du Nord, l’équipe Belkin – dont le sponsor arrête a la fin de la saison – pourrait donc espérer une bonne place au classement général, sans faire une croix sur les étapes compte tenu de son fort potentiel collectif. Pour ce qui est de Mollema, neuvième à un peu plus d’une minute seulement de la quatrième place de Romain Bardet, tout demeure possible. Avec ses équipiers en montagne, il pourrait même devenir l’un des hommes forts de ce Tour de France. C’est, à 27 ans, ce qu’on attend de celui qui avait terminé quatrième de la Vuelta en 2011, portant même le maillot rouge une journée. Car pour l’instant, sur la Grande Boucle, tout semble plus compliqué pour lui, et seule l’édition 2013 reste une référence solide sur laquelle le Néerlandais peut se baser.
La nécessité de se montrer
Alors qu’on l’annonçait chez Saxo-Tinkoff ou Trek pour la saison 2015, Bauke Mollema aurait choisi la formation americano-luxembourgeoise, et pourrait arriver dans sa nouvelle équipe avec un statut plus important en cas de bons résultats sur cette fin de Tour, à l’heure ou l’avenir de la Belkin s’assombrit considérablement. En réussite jusqu’à maintenant car étant en pleine possession de ses moyens malgré une chute vers Lille qui coûta d’ailleurs le Tour à Chris Froome, le leader de la formation néerlandaise a les moyens de se montrer. D’autant que son équipe, avec plusieurs bons grimpeurs, a aussi la possibilité de remporter le classement par équipes. Autant dire que la Belkin compte sur son patron pour la mener vers les sommets : il reste pour cela cinq étapes de haute montagne et un contre-la-montre très vallonné qui pourrait profiter au natif de Groningue.
Enfin, si le manager général Richard Plugge trouvait par miracle un repreneur, la structure batave doit se montrer à son avantage pour espérer connaitre des jours meilleurs. Mollema a donc un rôle considérable à jouer, pour son équipe, mais aussi pour lui. S’il veut s’assurer un leadership total au sein de la formation Trek, il doit prouver qu’il est en mesure de gagner lui-même de grandes épreuves. Même si pour l’instant, un podium devrait lui suffire. Le dernier Néerlandais à être monté sur la boîte à Paris est Erik Breukink, en 1990. On attend de savoir si Bauke, grand espoir du pays, va pouvoir confirmer et devenir le successeur de son glorieux aîné. En tout cas, c’est l’heure.
Kévin Andrieux