Il était celui qui en juillet 2013, avait mis fin à l’hégémonie de Mark Cavendish sur le Tour de France. Cette saison, il a été tout aussi impressionnant. A 26 ans, l’Allemand est incontestablement le maître du sprint mondial, et la Grande Boucle son terrain d’expression favori.

Une efficacité redoutable

Avec treize bouquets décrochés cette année, le natif d’Arnstadt n’est pas l’homme le plus prolifique, battu par Greipel, Démare et Kristoff. D’ailleurs, ce dernier aurait fait un bon « sprinteur de l’année ». Il n’en reste pas moins que nous avons choisi Marcel Kittel, en grande partie pour son efficacité. Parce que la vedette de l’équipe ne se rate que très rarement lorsqu’il décide qu’il va pointer son museau dans l’emballage final. Ses places d’honneur sont d’une rareté inégalée dans le peloton ! Une deuxième place sur une étape du Tour de Picardie, un podium à Montpellier sur la Grande Boucle, deux tops 10 sur le Ster ZLM Toer et un autre au Tour Down Under. Soit seulement cinq jours où le bolide est passé à côté de la victoire alors qu’il l’avait en ligne de mire. Le reste du temps, s’il ne lève pas les bras, c’est qu’il n’a pas disputé le sprint…

De quoi légitimer pleinement qu’une équipe entière se mette à son service sur les plus grandes épreuves du calendrier. Avec quatre victoires sur le Tour, auxquelles il faut ajouter ses deux succès acquis au printemps sur le Giro, Kittel a été d’une extrême régularité dans la performance de très haut niveau. John Degenkolb, un garçon capable de décrocher par exemple quatre étapes sur la Vuelta, de gagner Gand-Wevelgem ou de terminer deuxième de Paris-Roubaix, n’a ainsi pas eu grand chose à dire. Le leadership était pour Kittel, et son compatriote n’a pu que se plier aux exigences de l’équipe. A la planche durant tout juillet, il n’a pu jouer sa carte que lorsque le maître n’était pas là. Et il s’en est accommodé, parce que Kittel est d’une supériorité telle qu’il serait incongru de remettre en question ce qui est mis en place pour le porter le plus haut possible.

On prend les mêmes et on recommence

Au terme d’une saison qui ressemble en de nombreux points à la précédente (un succès de moins seulement, un calendrier plus ou moins similaire à l’exception du début de Giro et les mêmes hommes autour de lui), l’Allemand conserve donc la récompense qu’on lui avait décernée l’an passé. Alors bien sûr, il y a encore du boulot pour rattraper Cavendish, la référence du sprint des dernières années. Le Britannique culmine à vingt-cinq bouquets sur la Grande Boucle, mais aussi six sur le Tour d’Italie, et compte également un titre de champion du monde. Mais c’est là le défi pour celui en qui tout un  pays espère voir le nouveau Erik Zabel. Le nouveau barème du maillot vert, d’ailleurs, pourrait lui permettre de rectifier une incohérence et d’aller titiller un Sagan pour l’instant abonné au paletot trop souvent appelé « du meilleur sprinteur ».

Pour cela, Kittel comptera sur les mêmes hommes que depuis deux ans, et là est sa force. Quand trop de sprinteurs changent de poisson-pilote au gré des transferts, lui est déjà habitué, chez Giant, à alterner. Degenkolb, Veelers, Mezgec, de Kort, Curvers, tous sont capables d’emmener le bolide. Et tous seront au sein de l’équipe néerlandaise en 2015. Parce que l’Allemand parvient à réunir autour de lui, alors même qu’il empêche clairement certains d’exprimer leurs propres talents. La force des grands, parmi lesquels Cavendish et Zabel, justement. En juillet prochain, le sprinteur officiellement « le plus puissant du monde » – il développerait aux alentours de 1800 watts, contre 1500 pour le Cav’ – peut donc légitimement espérer troquer le maillot jaune des premiers jours contre le vert à Paris. Cela marquerait l’évolution logique de sa domination, après avoir mis la main sur l’arrivée mythique des Champs-Elysées. Une trajectoire qui rappelle quand même grandement celle de Cavendish…

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