Le spectacle a été fantastique ce dimanche sur Gand-Wevelgem. Décousue, la course a rapidement isolé les hommes forts à l’avant. Parmi eux, Luca Paolini, qui malgré deux chutes et des moments de faiblesse, a su utiliser sa maîtrise tactique pour s’imposer en solitaire. Grandiose.

Imprévisible

Si Gand-Wevelgem nous a offert ces dernières années des courses assez attentistes, sacrant des sprinteurs dans la dernière ligne droite, cette édition 2015 s’est largement démarquée. Très vite, la météo a durci la course, et opéré une sélection par l’avant. A 60 kilomètres du but, déjà, le peloton était battu par un groupe parti à la poursuite d’un Jürgen Roelandts héroïque. Paolini en faisait partie, malgré une chute survenue quelques kilomètres plus tôt et qui aurait pu l’handicaper. Le signe de sa détermination, mais aussi que son équipe lui fait confiance en ne l’obligeant pas à rester aux côtés d’Alexander Kristoff. Après son travail la semaine dernière sur Milan-Sanremo, l’Italien l’avait bien mérité, mais à 38 ans, lui laisser le leadership de l’équipe n’est pas forcément d’une grande évidence. Pourtant, il n’a jamais semblé aussi fort, et a décroché ce dimanche sa deuxième classique flandrienne, qu’il n’a pas hésité à classer comme sa plus belle victoire.

Quand on regarde les résultats du Milanais ces dernières années sur les classiques, ce n’est pas si étonnant de le retrouver aux avant-postes. Mais il nous avait davantage habitué aux places d’honneur qu’aux victoires prestigieuses. Même son succès sur le Nieuwsblad, en 2013, était à relativiser puisqu’intervenu très tôt dans la saison, à une époque où les futurs protagonistes du printemps étaient encore en rodage. Ce succès à Wevelgem, aussi mérité qu’imprévisible au départ de l’épreuve, marque donc une – nouvelle – fracture dans la carrière de Luca Paolini. Passé professionnel en 2000, l’Italien a toujours été un bon lieutenant, mais au fil des saisons chez Katusha et malgré la quarantaine qui approche, il ne s’est jamais montré autant capable de jouer sa carte personnelle avec succès.

Stratégie parfaite

Malgré tout, s’il a levé les bras ce dimanche, Paolini n’était sans doute pas le plus costaud physiquement. Geraint Thomas a notamment fait preuve d’une condition phénoménale, et après sa victoire de vendredi sur le GP E3, aurait pu réaliser un beau doublé. Mais l’Italien a su se jouer de ses adversaires, de Thomas comme de Debusschere, qui aurait été une véritable menace au sprint. Dans le Kemmelberg ou le Monteberg, il a pourtant été à la limite. On l’a annoncé définitivement lâché, mais il est finalement revenu, s’est planqué un peu puis a même pris quelques relais quand il le fallait. En bon italien, il a bluffé à plusieurs reprises, pour tester ses adversaires quand arrivait le final. Mais surtout, il ne s’est pas trompé, jamais. Quand Terpstra est parti, il a fait l’effort pour accrocher sa roue. Puis quand il a compris que ça n’irait pas au bout, il s’est économisé, il a observé, et il a su placer son attaque au moment le plus opportun.

Personne n’a voulu réagir. Thomas ne faisait que ça depuis 20 kilomètres, il voulait que les autres prennent leurs responsabilités. Sauf que personne n’a suppléé le Britannique. Alors le vieux grognard, conscient qu’il pouvait aller au bout, ne s’est pas retourné, et il a bien fait. Evidemment, il lui a fallu de très bonnes jambes pour conserver quelques secondes d’avance sur Terpstra et Thomas, qui trop tard, ont finalement décidé d’allier leurs forces. Mais plus que tout, c’est sa roublardise qui a offert à Paolini cette prestigieuse victoire. A une semaine du Tour des Flandres, il reste difficile de le classer parmi les favoris. Mais à n’en pas douter, il faudra garder un œil sur lui tant il a montré ce dimanche que même lorsqu’on le pensait fichu, il était capable de faire la nique à tout le monde.

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