Thomas Löfkvist est Suédois, mais parfaitement connu du public français grâce à son passage à la Française des Jeux, lors duquel le natif de Visby a gagné ses premières courses. Depuis, il a pris de la bouteille, d’abord chez Columbia, puis chez Sky. Avant de revenir, il y a un an, dans une équipe francophone. En Suisse cette fois, chez IAM. Comme par hasard, le voilà de nouveau épanoui, et il aime le dire. Après une saison encourageante malgré les blessures, Löfkvist se confie à la Chronique du Vélo. Et le garçon a beaucoup de choses à raconter. Entretien.
Bonjour Thomas. Tout d’abord, la saison désormais terminée, quel bilan tirez-vous de cette première année chez IAM Cycling, une toute nouvelle structure ?
Comme vous dites, c’est une toute nouvelle équipe, et cela aurait pu nous porter préjudice. Mais je trouve que dans l’ensemble, l’équipe a bien marché. On a eu un bon esprit et je pense que tout le monde a trouvé sa place dans l’équipe. On est tous très contents, on n’a pas gagné énormément, mais une douzaine de fois malgré tout, c’est pas mal.
Vous faites partie de ces coureurs qui ont gagné, c’était en début de saison sur le Tour Méditerranéen. Vous avez ainsi montré que vous êtes bel et bien capable de remporter des courses par étapes. Mais il y a quelques années, lorsque vous étiez à la Française des Jeux, on vous annonçait presque comme un futur vainqueur du Tour…
Quand j’ai commencé, j’ai rapidement montré beaucoup de qualités, ce qui a fait penser à certains que j’allais gagner le Tour dans les années à venir. Mais ce n’est pas le cas. Je n’ai fait que quelques bons grands tours, voire un seul. Sur les courses de trois semaines, je ne suis pas très bien, j’ai toujours une ou deux mauvaises journées qui me font perdre beaucoup de temps. C’est pour ça que cette année, je me suis plus focalisé sur les courses par étapes d’une semaine, et dans ma carrière, c’est sur ces épreuves que j’ai fait mes meilleurs résultats. J’aime beaucoup Tirreno-Adriatico ou le Tour de Suisse par exemple.
Au fil des années, on vous a aussi découvert être un très bon rouleur, parfois même meilleur rouleur que grimpeur. Avec Larsson et Ludvigsson, c’est presque une spécialité en Suède. Comment vous l’expliquez ?
Je ne sais pas, mais c’est vrai que nous sommes tous de bons rouleurs, d’autant qu’on peut rajouter Kessiakoff. Peut-être que c’est la culture dans le pays, on dispute beaucoup de courses contre-la-montre et on a une histoire avec le chrono par équipes : on a terminé plusieurs fois sur le podium des Jeux Olympiques (2e en 1968, 3e en 1964 et 1988, ndlr). Quand on est jeune, c’est quelque chose qui compte.
Cette année, vous avez participé à de nombreuses épreuves françaises. C’est le fait d’avoir couru à la Française des Jeux qui vous a fait apprécier ces courses ?
C’est sûr que c’est en France que j’ai commencé ma carrière, et ma première grande victoire, c’est le Circuit de la Sarthe. Cette année, je suis revenu souvent en France, et ça fait quelque chose de spécial. J’espérais même gagner encore après ma victoire au Tour Méditerranéen, mais malheureusement je suis tombé et j’ai dû faire une coupure…
En effet, vous n’avez pas été épargné par les pépins physiques cette saison…
Oui, moi et toute l’équipe. Pourtant habituellement, je ne tombe jamais. Avant cette saison je suis peut-être tombé cinq fois dans ma carrière, pas plus. Mais cette saison, c’était énorme : Championnats du Monde, Circuit de la Sarthe, Paris-Nice, partout… J’ai aussi fait une chute à l’entrainement, où je me suis cassé le poignet. Alors ça commençait bien, mais pour revenir au niveau après tous ces problèmes, il faut du temps…
Pour parler de votre équipe actuelle, IAM, par rapport à vos anciennes formations, Columbia et Sky, elle a une image plus « familiale ». Y êtes-vous plus serein, plus en confiance ?
Effectivement, IAM est une structure plus familiale. On a peu d’employés, seulement une cinquantaine, alors qu’il y en avait plus de cent chez Sky. C’est complètement différent et je me sens bien ici, je suis au calme. J’ai aussi de très bonnes relations avec Serge Beucherie et Michel Thétaz, je peux les appeler pour leur parler quand je veux. On est plus près du staff.
Justement, Serge Beucherie souhaite construire un projet à long terme. Vous aussi, vous souhaitez vous investir dans cette formation ?
Tout à fait. Pour l’instant je suis super content ici. Je n’ai pas du tout l’envie d’aller dans une autre équipe. Si je peux, et si l’équipe continue d’aller dans cette direction, je resterai longtemps ici, c’est sûr.
Pour revenir à votre victoire au Tour Méditerranéen, elle marquait votre premier succès depuis 2009. Qu’est-ce que cela a signifié pour vous ?
Quand j’ai signé avec IAM, ça m’a fait du bien de changer d’équipe. J’ai retrouvé de la motivation, et quand je suis arrivé en début de saison, je voulais montrer ce que je pouvais faire en donnant le maximum. Je voulais donner une bonne image de moi et de l’équipe. Après pour l’équipe, c’était très important de gagner, on est là pour remporter des épreuves et disputer des grandes courses. On voulait disputer le Tour cette année, on aura peut-être plus de chances l’an prochain. Mais dans tous les cas, on veut montrer qu’on est là, combatifs.
Justement, cet hiver, l’équipe va s’étoffer avec l’arrivée de deux coureurs français, Chavanel et Pineau. Sûrement de quoi prétendre à une invitation sur le Tour, mais aussi sur des épreuves comme le Dauphiné, et bien sur Paris-Nice, où vous étiez cette saison. C’est donc pour vous l’occasion de courir de nouveau ces grandes épreuves, c’est un objectif ?
Bien sûr. Le Tour de France est la plus grande course de l’année, pour moi et pour l’équipe c’est donc évidemment le grand objectif. Et si en plus on peut faire Paris-Nice et le Dauphiné, ce sera super.
Pour terminer, votre meilleure performance sur un grand tour, c’était en 2010, sur le Tour de France. Vous aviez terminé 16e, est-ce que vous pensez pouvoir faire mieux ?
Je ne sais pas. En réalité, je pense que je n’aurais plus de réel objectif au classement général. J’aurais plus pour rôle d’aller chercher les étapes et de donner un coup de main à Matthias (Frank, lui aussi une recrue, ndlr) qui peut aller chercher un top 10. Mais on verra au jour le jour. Si je suis en position de faire un top 10 après deux semaines de courses, je ne vais pas freiner, au contraire je me mettrai à bloc pour le classement général.