En remportant la troisième étape du Tour de Catalogne devant Contador, Quintana et Froome notamment, Joaquim Rodriguez a prouvé qu’il n’était pas en retard dans sa préparation. Pourtant, cela faisait un mois qu’on ne l’avait pas vu. L’Espagnol a choisi en 2014 un programme bien différent de celui de ses futurs rivaux sur les classiques et les grands tours.

Un Purito qui vieillit

Depuis sa première saison professionnelle en 2001, le Catalan avait toujours participé à Paris-Nice ou Tirreno-Adriatico. L’impasse de cette saison est donc une première pour lui. Cependant, sur un Tour de Catalogne plus que jamais dessiné pour les grimpeurs, il a remporté sa première victoire d’étape en cinq participations. Même en 2010, lorsque le Barcelonais avait remporté le classement général, il n’avait pas eu les honneurs d’un bouquet au cours de la semaine. En ce début de saison, sa fraîcheur a peut-être payé, lui permettant, sur les hauteurs de Molina, de déposer Contador, Quintana, Froome et le reste de la meute composée des meilleurs grimpeurs du peloton. Tout sauf un coup de chance après que l’on ait vu notamment le Pistolero en grande forme sur Tirreno. A 34 ans, Rodriguez a décidé de changer de programme, signe d’une remise en question de la part du coureur et de son équipe. Avec un seul objectif : demeurer compétitif. Ce qu’il réussit pour l’instant.

Toutefois, s’il a préféré rester à l’écart en ne courant pas du 23 février au 24 mars, Purito n’avait pas chaumé lors des premières semaines de la saison. Présent à San Luis, à Dubaï puis à Oman, il se présentait lundi en Catalogne avec 17 jours de course dans les jambes. C’est moins que l’année dernière (21 jours de course à la même époque), mais finalement assez proche de sa moyenne sur les dix dernières années. La différence tient donc dans les épreuves disputées. Exotiques, et avec une concurrence moindre. Tel était le mot d’ordre du leader de l’équipe Katusha depuis janvier. Discret au possible, il n’y a qu’au sultanat d’Oman qu’on a aperçu son paletot rouge, quatrième du général grâce à une belle ascension de Green Moutain. Depuis, on n’avait plus vu Rodriguez. Un choix payant compte tenu du résultat de cette première étape montagneuse du Tour de Catalogne. L’Espagnol ménage son physique, ce qui pourrait être pour lui la clé de la réussite en 2014.

Un modèle répété jusqu’au Giro

Les gros objectifs de Rodriguez en 2014 sont donc clairs : les ardennaises, le Giro puis la Vuelta. Son programme de course va donc, ces prochaines semaines, suivre le modèle des précédentes. Après l’épreuve catalane, il repartira s’isoler. Car quand on parle de repos avec Purito, évidemment, il ne s’agit pas de vacances. Avant la Catalogne, il a passé un mois en stage à Tenerife. Et à la fin de la semaine, il repartira dans les Îles Canaries pour un nouveau stage, jusqu’à l’Amstel Gold Race, le 20 avril. Une longue coupure, encore. Une programmation atypique qui ne permet pas au troisième du dernier Tour de France de se tester régulièrement, à l’instar de Froome et Contador. En dehors de ses objectifs, Rodriguez a décidé de courir très peu. Choix stratégique pour le moment payant, mais qui demande à être vérifié sur le long terme. Car une fois Liège-Bastogne-Liège terminé, le Catalan partira en Andorre pour quinze jours de stage – le troisième en quelques mois – avant le départ du Tour d’Italie.

Un programme intense, mais surtout, une préparation relativement secrète. Cette semaine catalane et le triptyque ardennais seront les seuls moments pour juger de l’état de forme de l’incroyable puncheur de poche. En ne participant pas à Tirreno et au Tour du Pays-basque, qui permettent habituellement à ses adversaires de garder un œil sur lui, l’Espagnol prend aussi le risque de se tromper dans sa préparation sans s’en rendre compte. Si cela lui permet donc de s’épargner un peu de jours de course qui pourraient s’avérer déterminants au moment de jouer la victoire sur trois semaines, cela réduit aussi sa marge d’erreur à l’entraînement. Plus que jamais, les stages hors courses réalisés par l’Ibère seront cruciaux dans sa quête de grand tour. Mais à 34 ans, c’était sans doute la dernière année pour innover autant. Que cela fonctionne ou non, on appréciera donc dans tous les cas la prise d’initiative. Purito, comme toujours, va tenter de tout faire exploser. Même les conventions habituelles au sujet de la préparation.

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