Valentin et Maxim ont tous les deux été contrôlés positifs à l’EPO durant le mois d’août, et viennent mettre une sacrée pagaille au sein de la maison kazakhe. Si la participation d’Astana au Tour de Lombardie n’est pas remise en cause, l’image de l’équipe dirigée par Vinokourov, elle, en prend un sacré coup.
Une communication saccagée
Sans vouloir inciter au dopage, il faut bien dire que le choix des frangins Iglinskiy n’était pas très judicieux. L’EPO, produit des années 2000, est aujourd’hui la première substance que cherchent les instances internationales. Mais cette « bêtise » des deux Kazakhs affecte aussi bien leur carrière personnelle que la réputation d’une équipe Astana qui malgré un manager général au passé tendancieux se tue à clamer son intolérance pour le dopage. Il faut dire que l’affaire Puerto ou les scandales de courses achetées n’ont pas fait une très belle publicité à Alexandre Vinokourov, reconnu pour ses qualités de manager mais pas vraiment pour sa déontologie. Depuis sa prise de fonction cette saison, s’il tentait donc de faire bonne figure, d’avancer qu’il a changé, qu’il est passé du bon côté et n’acceptera aucun dérapage au sein de son équipe, le scepticisme était logiquement encore présent. Et ce même si certains coureurs – parmi lesquels Nibali – ont en partie restauré l’image d’une formation autrefois assimilée à Bruyneel, Armstrong et quelques autres.
Mais les frères Iglinskiy ont presque tout bousillé en quelques semaines. Maxim, polyvalent gregario, avait remporté Liège-Bastogne-Liège en 2012 et incarné une campagne ardennaise pleine de surprise qui avait permis de mettre en lumière un coureur de l’ombre. Une bonne nouvelle, se disait-on pour oublier la frustration de ne pas avoir vu les cadors à l’offensive. Sauf qu’aujourd’hui, et même si le contrôle positif ne date pas de cette époque, les doutes sont inéluctables. Tout comme au sujet de cette victoire sur le Tour d’Almaty, en octobre, que Vino avait réclamée à Maxim pour recruter son frère Valentin, comme une sorte de défi. Une initiative que l’ancien vainqueur de la Vuelta doit sans doute regretter aujourd’hui, à l’heure où il va falloir se pointer devant des dizaines de caméras pour justifier ces contrôles, annoncer qu’ils ne sont que des cas isolés – ce sur quoi on aura toujours des doutes – et que cela ne se reproduira plus. Ce qui sera sans doute insuffisant pour empêcher que les suspicions ne se propagent au reste de l’équipe, jusqu’à Vincenzo Nibali probablement…
Repartir de zéro, et se jouer du MPCC
Vinokourov et l’ensemble du staff d’Astana vont donc devoir monter au créneau dans les prochains jours pour faire retomber l’engouement autour de cette double affaire. Mais en parallèle, il faut gérer la fin de saison et un Tour de Lombardie qui pourrait convenir au leader désigné Fabio Aru. Valentin Iglinskiy a déjà été suspendu quatre ans par sa fédération, donc le cas de son frère Maxim pose sacrément problème. En effet, si son contrôle positif est avéré, ce serait le deuxième en moins de douze mois pour la formation kazakhe (en fait le deuxième en quelques semaines seulement), et conformément aux règles du MPCC auquel Astana a adhéré, l’équipe devrait s’auto-suspendre pour huit jours de course en World Tour. Clairement une mauvaise nouvelle en vue de l’ancienne classique des feuilles mortes. L’aîné de la fratrie a donc demandé une contre-expertise permettant de gagner du temps auprès du mouvement de Roger Legeay.
Si suspension il y a, elle interviendra donc après le Tour de Lombardie et celui d’Almaty (sorte d’épreuve nationale disputée elle aussi dimanche), soit vraisemblablement sur le Tour de Pékin. Rien de très contraignant donc, tant l’épreuve chinoise, malgré son statut World Tour, est anecdotique pour les coureurs. Une aubaine pour Astana, qui s’en sort plutôt bien dans son malheur. Parce que Vinokourov s’en est toujours tiré, vous dîtes ? On nuancera en disant qu’il s’est toujours relevé après être tombé, et cette affaire à l’évidence n’est qu’un accroc dans la petite histoire de l’équipe kazakhe. Car même quand il parle d’éthique, Vino sait se montrer convaincant. C’est en cela, notamment, qu’Astana se démarque des autres formations du peloton et prouve qu’elle est vraiment à part. Parce qu’elle est aussi la seule capable de se faire berner par une fratrie ambitieuse malgré le manque de succès, et qui vient ajouter du travail au staff à l’aube d’un automne que tout le monde imaginait bien plus calme au Kazakhstan.