En se confiant à CNN dans une interview diffusée lundi soir, le triple vainqueur du Tour mais aussi double champion du monde ne s’est pas retenu pour critiquer de façon virulente son compatriote Lance Armstrong. Pas forcément une initiative très louable…

On n’attaque pas un homme à terre

Il ne s’agit évidemment pas là de défendre Lance Armstrong, au sujet duquel les sanctions qui ont été prises sont plus que logiques. Mais que Greg Lemond s’acharne sur lui n’est pas très « classe » dirons-nous. Celui qui était surnommé le Boss a été humilié au moment de ses aveux, a rendu la majorité de ses titres et ne jouit désormais d’aucune crédibilité. N’est-ce pas assez ? Fallait-il en rajouter et l’enfoncer plus bas que terre avec des déclarations tapageuses comme pour se faire remarquer ? Lemond est un grand garçon, et on ne va pas lui dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Mais incontestablement, réaliser une interview uniquement consacrée au septuple vainqueur du Tour déchu pour lui en mettre plein la figure n’est pas l’initiative la plus louable.

Surtout quand on a le palmarès de Lemond, et donc rien à prouver. Que cherchait-il en réalisant cette interview ? Dénoncer des actes et apporter des informations au public ? Certainement, pas, puisqu’il n’apporte rien à part un avis personnel que l’on sent clairement influencé par les relations toujours difficiles qu’ont entretenu les deux hommes. Armstrong se voit décrit comme un criminel qui mérite la prison, et plus loin comme un tyran et un voyou. N’est-ce pas un petit peu fort ? Si l’on devait mettre sous les barreaux tous les dopés alors qu’on se plaint déjà de leur taux de remplissage, on ne tiendrait pas longtemps. D’autant que si le Texan a dépassé tous les autres dopés dans ses actes et sa longévité, il n’a rien fait de plus que les autres, si ce n’est gagner plus, en gloire et en argent. Son traitement, par rapport à tout autre coureur pris par la patrouille, est déjà particulier depuis le début de l’affaire. En remettre une couche n’est, encore une fois, pas nécessaire…

Il faut passer l’éponge

D’autant qu’Armstrong – un peu forcé, certes – a finalement avoué, et expliqué. Pas dans les détails, en omettant sûrement des éléments, mais comme la majorité des repentis, finalement. Il a rendu ses titres, et se fait désormais discret après quelques provocations qui visiblement ne sont pas encore passées. Aujourd’hui, après que Lemond ait même affirmé que sa fondation contre le cancer – enfin une initiative louable dans toute cette histoire – avait eu pour unique but de financer le dopage de la star et de « détruire des gens », il y a fort à parier qu’Armstrong ne répondra pas. Car ce serait entrer dans un combat perdu d’avance. Lemond, ancien coureur, peut dire à peu près ce qu’il veut, il sera suivit. Armstrong, lui, n’a plus aucune crédibilité et tout ce qu’il pourrait dire serait au mieux sans incidence.

L’affaire, juridiquement, est donc terminée sur le plan sportif. Laissons faire ceux qui cherchent encore à obtenir quelque chose de Lance Armstrong, et que le cyclisme passe l’éponge. Il n’a été demandé à personne de remettre sur la table la plus grande affaire de dopage de l’histoire du cyclisme. En 2013, assez de coureurs se sont fait prendre la main dans le sac pour que l’on se concentre sur eux et les peines qu’ils encourent plutôt que sur un homme qui a déjà avoué, et qui ne repassera sûrement pas à la barre pour livrer des éléments supplémentaires. En tout cas pas si la haine envers lui ne s’estompe pas, juste un peu. Et puis surtout, passons à autre chose, pour montrer, au moins, que le cyclisme ne tourne pas autour de ce scandale…

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