Il avait débuté à 22 ans, au début de l’année 2000. Son physique impressionnait déjà, et rapidement, il a su s’imposer comme un coureur qui compte au sein du peloton. Un titre de champion du monde, deux maillots verts et dix victoires d’étapes sur le Tour plus tard, le Norvégien vient d’annoncer sa future retraite. Le Viking rend les armes.

Un vrai personnage

Thor Hushovd, c’est un peu le coureur que tout le monde aime. Révélé au Crédit Agricole et incroyablement efficace sur le Tour de France, le Norvégien a su s’attirer la sympathie du public français d’abord, puis international. D’abord sprinteur dans ses premières années, il a ensuite été à la conquête d’un Paris-Roubaix qui lui a toujours échappé. C’est peut-être aussi ça qui a développé l’élan général d’affection que lui vouent les observateurs : ceux qui gagnent trop ne sont jamais les plus aimés. Pourtant, jamais les résultats du Viking n’ont été ridicules. Champion du monde, double maillot vert de la Grande Boucle et multiple vainqueur d’étape, sans oublier ses innombrables places d’honneur sur les monuments, Hushovd est l’un des plus beaux palmarès du peloton actuel. Sacré paradoxe, pour un coureur de toute façon à part.

Et puis Hushovd, c’est un homme jugé honnête. A 36 ans et après quatorze saisons au sein du peloton professionnel, jamais il n’a été effleuré par une affaire de dopage. L’homme est aussi un homme discret en dehors du vélo, faisant rarement débat pour autre chose que ses performances sur la route. Au contraire, le natif de Grimstad a tendance à s’investir dans différentes causes louables, comme lorsqu’il avait tourné, il y a quelques mois, dans un spot de prévention pour la sécurité des cyclistes sur la route. Un coureur dont l’influence dépasse le seul cercle de son sport : ambassadeur du cyclisme norvégien, ses résultats l’ont érigé en grande star de son pays, et ont permis le développement des courses dans une région qui n’y est pas forcément propice au départ. En effet, si aujourd’hui A.S.O a lancé l’Arctic Race of Norway, ce n’est sans doute pas complètement anodin.

La mononucléose plus forte que lui

Il a beau s’appeler Thor, Hushovd est vulnérable. Et comme il l’a confié en conférence de presse, c’est la mononucléose qui a mis un terme à ses belles années. C’était en 2012, et depuis, ce sprinteur-flandrien au physique imposant n’a plus jamais été le même. Un épisode sur lequel il est revenu : « Je me suis réveillé un jour avec de la fièvre. Je suis ensuite resté au lit pendant deux jours et demi. C’est là que mon cauchemar a commencé. J’ai été mis K.-O. par le virus de la mononucléose. » Alors évidemment, transféré chez BMC pour relever un nouveau défi, il n’a pas voulu abandonner. Mais aujourd’hui, il doit se rendre à la raison. « J’ai trop forcé alors que j’avais encore le virus. J’ai encore des flashs par moment. Je voulais continuer à courir mais cela m’a trop affaibli physiquement et psychologiquement aussi. (…) Maintenant, je pense que trop, c’est trop. »

A la fin de la saison, Hushovd raccrochera donc le vélo. Car il n’a pas caché que pour lui, il y a autre chose dans la vie. Cette décision, d’ailleurs, il l’avait en réalité prise depuis longtemps. Restait à l’annoncer au bon moment, si tant est qu’il y en ait un. Désormais, Thor Hushovd va donc prendre un peu de distance avec le cyclisme, même si début octobre devrait sortir son autobiographie, comme pour mettre définitivement un terme à sa carrière de cycliste professionnelle. Une carrière bien remplie, qui ne se termine sans doute pas comme le principal intéressé a pu le rêver. Mais qu’importe, les performances et la personnalité du Norvégien resteront dans les annales. Un coureur emblématique du début du XXIe siècle, charismatique et apprécié à sa juste valeur, cela commence à devenir rare. Alors on s’en souviendra, forcément.

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