En même temps qu’Horner, il y a eu Sanchez. Les deux larrons, sur le carreau depuis plusieurs mois pour des raisons différentes, ont chacun retrouvé une équipe. Au dernier moment. Pour l’Espagnol, c’est un nouveau challenge qui se dresse sur sa route. A 36 ans et après deux saisons compliquées, on ne sait pas trop ce que peut espérer l’Asturien. Avec Evans, ils feront un joli duo de vieux briscards, mais les résultats ne sont pas garantis…

Un programme et un rôle inédit

Sur les deux dernières saisons, les grands leaders de la BMC ont été bien loin d’atteindre les objectifs. Gilbert a sauvé les meubles avec son titre mondial fin 2012 alors qu’Evans a pris la troisième place lors du dernier Tour d’Italie. Mais à part ça… Du coup, le polyvalent Sanchez, capable de jouer la gagne sur les classiques ardennaises comme sur les grands tours, aurait pu arriver en leader, ou au moins en coureur protégé. Certes, lui non plus n’a pas été brillant depuis deux ans. Mais le cantonner uniquement  à un rôle d’équipier serait sans doute du gâchis. Tant pis, c’est ce que l’équipe américaine a décidé, et l’ancien champion olympique s’en contentera. C’était ça ou rien. Déjà que sa signature ne doit qu’au licenciement d’Alessandro Ballan, qui a libéré de la masse salarie, il ne va pas en plus revendiquer un statut particulier. La légende de l’équipe Euskaltel reprendra donc sur le Tour du Haut-Var, avant la Classic Sud Ardèche et la Drôme Classic. Pas le programme de course le plus attrayant, malgré tout le respect que l’on peut avoir pour ces épreuves françaises…

Par la suite, ce sera un peu mieux, avec un passage par l’Italie pour les Strade Bianche et la Roma Maxima, avant les courses par étapes espagnoles que sont les Tours de Catalogne et du Pays-Basque. Paris-Nice et Tirreno-Adriatico se courront sans lui, tout comme Milan-Sanremo. En 2014 et même s’il n’a jamais cherché la lumière outre mesure, SSG redeviendra un coureur de l’ombre. L’ancien meilleur grimpeur du Tour ira ensuite en simple gregario sur des ardennaises qu’il connaît pourtant parfaitement. Qu’importe, Gilbert a l’ambition de revenir au top, Sanchez devra l’aider. Comme pour Evans sur le Giro, quelques semaines plus tard. Nouvelle équipe, nouveau rôle pour l’Espagnol. On imagine qu’il aurait préféré un peu plus de considération de la part de Jim Ochowicz et du staff. Mais il se fait discret et affirme ne pas être dérangé par ce nouveau statut chez BMC. Une équipe qui contraste en tout point avec Euskaltel, où le natif d’Oviedo avait passé l’intégralité de sa carrière jusqu’à il y a quelques jours. Alors forcément, ça doit perturber…

Une fin de saison à domicile puis un départ ?

Après le Tour d’Italie, Sanchez aura rempli les objectifs pour lesquels il a signé, à savoir, selon les mots d’Ochowicz, « seconder ses nouveaux coéquipiers sur les classiques ardennaises et les grands tours. » Viendra alors le moment de se préparer pour la Vuelta, son grand tour. Sauf pépin, il sera au départ, et peut-être avec, cette fois, un statut différent. Huitième sur la dernière édition, il est sans doute capable d’un peu mieux. La victoire n’est plus d’actualité, lui qui avait terminé deuxième en 2009. Mais un top 5, histoire de se montrer aux yeux du sélectionneur José Luis de Santos quelques semaines avant les Mondiaux de Ponferrada, ça paraît envisageable. Des Championnats du Monde à domicile, ce n’est pas tous les ans, et à 36 ans, Samu n’aura pas l’occasion d’en vivre d’autres. Et puis, surtout, il y aura un autre enjeu en fin de saison : celui de trouver une nouvelle formation. Car à n’en pas douter, l’objectif de Sanchez n’est pas de rester chez BMC.

Fernando Alonso, avec son projet de nouvelle équipe, serait déjà sur les rangs. Les deux Espagnols se connaissent, et une fois l’équipe sur pied, le pilote de formule 1 pourrait engager Sanchez pour aider Alberto Contador, dont il espère bien pouvoir faire son leader à partir de 2015. Le Pistolero avait déjà fait savoir qu’il aimerait être épaulé par l’Asturien, mais cet hiver, Tinkoff-Saxo n’a pas franchi le pas. Alonso et ses ambitions pourraient ne pas hésiter. Même âgé, SSG demeure un garçon d’expérience capable de coups d’éclat. Pour le coureur, ce serait l’occasion de décrocher un dernier gros contrat et de terminer sa carrière dans une ambiance lui correspondant, entouré d’Ibères, et avec, pourquoi pas, un rôle de directeur sportif une fois lé vélo raccroché. La fin rêvée, en somme, avec un statut privilégié pour un coureur qui nous aura livré tant d’émotions sans jamais décrocher ce grand tour ou ce monument qu’il aurait mérité. Mais d’ici là, il y a quelques mois, et la nécessité d’au moins faire bonne figure.

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