Le Mouvement Pour un Cyclisme Crédible, crée en septembre 2007 avec à sa tête Roger Legeay, prend de plus en plus de poids dans le monde du cyclisme. Avec plus de 30 formations adhérentes, le mouvement aux mesures draconiennes espère bien faire baisser le nombre de dopés dans le peloton. Mais est-ce réellement possible ?

Huit équipes World Tour, quatorze Continentales Pro et onze Continentales, c’est le bilan chiffré du MPCC en ce début d’année 2013. Refusant tout “délit de sale gueule”, le mouvement n’a pas fermé la porte à une équipe comme Astana, dont le représentant est Alexandre Vinokourov. Seul le futur doit compter, même si l’acceptation définitive de la formation kazakhe – ainsi que de Roubaix Lille Métropole – doit être votée le 7 février prochain. Malgré l’absence de pouvoirs juridiques, le MPCC a donc pour unique objectif de rendre le cyclisme plus crédible, en faisant changer les mentalités. Ainsi, depuis sa création et parmi les équipes adhérentes, le mouvement n’a constaté qu’un cas de contrôle positif, auquel il faut ajouter un cas de passeport biologique anormal. Un bilan plus que correct que Roger Legeay espère bien améliorer.

Un mouvement basé sur l’honnêteté

Sans aucun pouvoir juridique, le MPCC est obligé de compter sur l’honnêteté des équipes adhérentes. Pour cela, l’adhésion est basée uniquement sur le volontariat. Cependant, de plus en plus, ne pas rejoindre le mouvement fait tâche. Il n’est alors pas difficile d’imaginer que certaines équipes, à l’encadrement pas forcément irréprochable, adhèreront uniquement pour la forme, en espérant passer à travers les mailles du filet. Car si les règles du MPCC sont draconiennes par rapport à ce qui est actuellement en vigueur du côté des instances internationales, une marge est tout de même laissée aux formations faisant partie du mouvement.

Ainsi, deux contrôles positifs dans la même équipe sur une période de douze mois interdissent de courir à celle-ci sur une période d’une semaine. Si un troisième cas positif venait s’ajouter sur la même année, la période de suspension serait alors d’un mois. Des sanctions plus symboliques qu’autre chose, surtout que rares sont les équipes où plusieurs cas de dopage sont avérés la même année. Ce n’est donc vraisemblablement pas cette règle qui devrait inciter les formations à vérifier la sainteté de leur encadrement. En revanche, d’autres points du règlement mis en place par le MPCC sont beaucoup plus drastiques, et devraient faire réfléchir un certain nombre de managers.

De fait, les formations adhérentes au mouvement ne doivent pas embaucher de coureur ayant été suspendu plus de six mois. En imaginant que toutes les équipes World Tour se plient à cette règle, un paquet de cadors seraient alors laissés sur le carreau. Ensuite, chaque formation adhérente se doit de retirer de toute épreuve un coureur qui se serait dopé. Enfin, si ce coureur est suspendu au moins six mois par une instance quelconque, sa formation doit engager une procédure de licenciement. Si la structure a donc le droit à quelques “jokers”, les coureurs en sont dispensés. La preuve que le MPCC pense que le dopage collectif n’est plus d’actualité. A tort ou à raison…

Une importance qui va en grandissant

Aujourd’hui, avec 33 membres (que vous pouvez retrouver ici), le MPCC est en voie de développement. Et dans la période actuelle – notamment suite à l’affaire Armstrong – le nombre d’adhérents devrait continuer d’augmenter. Jusqu’à surement atteindre la grande majorité des formations World Tour, puis Continentales Pro. Lorsque ce sera chose faite, les dernières équipes encore réticentes, pour une question d’éthique, se verront surement contraintes de se fondre dans le moule en rejoignant elles aussi le MPCC. Son importance sera alors totale, malgré son impuissance juridique et le fait qu’elle n’ait aucun moyen de faire respecter ses règles, si ce n’est l’honnêteté et le volontariat.

Roger Legeay l’assure aujourd’hui, une équipe qui ne respecterai pas les règles serait tout simplement exclue du MPCC. Une exclusion du mouvement alors que la quasi-totalité des autres formations en font partie donnerait aux observateurs une idée très claire des principes de la structure sanctionnée. Il est donc évident qu’après une adhésion pas forcément souhaitée, les grosses écuries du cyclisme mondial tenteraient de se plier un maximum aux règles du MPCC. Les quelques défauts actuels du mouvement pourraient donc devenir des contraintes énormes pour les équipes. Un très bon moyen de juger le critère éthique de chacune d’entre elles. Et donc un réel danger pour les formations en cas d’exclusion du mouvement. A terme, il y a donc de grandes chances pour que le MPCC participe à sa façon à la diminution du dopage dans le cyclisme.

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