Dans un mois déjà se profilent le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Chacun des prétendants à la victoire sur l’un des deux monuments pavés est entré dans la phase finale de sa préparation. Parmi eux, plusieurs coureurs de l’équipe Etixx-Quick Step : Boonen bien sûr, mais aussi Terpstra, Stybar voire Vandebergh. Lefevere va devoir faire des choix, et peut-être remettre en cause le leadership d’un Tom Boonen sur la pente descendante.

Un leader à la peine

Gagner en début de saison et emmagasiner de la confiance n’a jamais assuré à Tom Boonen de briller par la suite. Mais depuis treize saisons qu’il est chez Quick Step, jamais il n’a réussi à s’imposer sur les deux monuments pavés après avoir réalisé un début de saison aussi moyen qu’en 2015. Aucune victoire après le week-end d’ouverture, il n’a connu ça qu’une fois depuis qu’il est sous la houlette de Patrick Lefevere : c’était en 2013, et cela avait auguré un printemps catastrophique. Abandonnant à tout va, le Flamand avait fini par lourdement chuter sur le Ronde, déclarant forfait pour Roubaix, une semaine plus tard. Evidemment, chez Etixx, on se persuade donc que les difficultés de Tommeke depuis la reprise ne sont que temporaires. On peut d’ailleurs dire que l’Omloop Het Nieuwsblad, samedi, a quelque peu rassuré, à défaut d’avoir dissipé tous les doutes.

L’homme qui a gagné trois Ronde et quatre Roubaix s’est en effet testé dans le Taaienberg, et ses jambes ont plutôt bien répondues. Il a ensuite accéléré à quarante kilomètres du but, et là encore, il n’avait pas l’air d’un coureur en perdition. Mais le final, où il n’a su faire le bon choix pour mener son équipe à la victoire, est dans toutes les têtes, et le restera jusqu’au moment d’aborder les grandes classiques flandriennes. Tout le monde a pu voir que l’équipe de Patrick Lefevere était prenable, même à trois contre un. Les outsiders aux dents longues, sur le Tour des Flandres ou lors de Paris-Roubaix, pourront s’en souvenir pour demeurer optimistes. Si Stannard l’a fait, Vanmarcke, van Avermaet, Kristoff ou Degenkolb peuvent le faire. Et que dire de Cancellara, qui a dû se régaler à voir son principal rival échouer de la sorte.

Quand le nombre tue l’équipe ?

Chez Etixx, certains peuvent donc commencer à nourrir des ambitions légitimes. Terpstra est le vainqueur sortant de Paris-Roubaix, et il n’est plus un simple équipier. Aujourd’hui, il fait partie des meilleurs spécialistes du peloton, aussi bien flandrien que rouleur. Des qualités assez proches de celle de Fabian Cancellara, justement. Il y aussi Zdenek Stybar, l’homme très souvent malchanceux, mais si costaud quand se dressent les monts et les secteurs pavés. Sans ce spectateur mal placé dans le Carrefour de l’Arbre, il y a deux ans sur Paris-Roubaix, peut-être qu’il compterait lui aussi un Enfer du Nord à son palmarès. Enfin, on n’oublie pas Stijn Vandenbergh, le quatrième larron de l’armada Etixx. Un collectionneur de places d’honneur qui n’a encore jamais eu sa chance, en partie parce qu’il n’est pas un maître tacticien. Pourtant, il semble physiquement prêt. Ca fait quatre hommes, mais un seul qui puisse être leader.

Malgré tout, on imagine mal Patrick Lefevere avancer publiquement que Boonen se mettra au service d’un autre. Le Belge est, avec Roger de Vlaeminck, celui qui compte le plus de monuments pavés au palmarès. Il a marqué son sport, et en particulier les flandriennes. Il a aussi marqué l’équipe Quick Step, lui apportant des succès aussi nombreux que variés, d’un titre de champion du monde à des maillots verts sur le Tour, en passant justement par ses victoires printanières. Il est de ce fait impossible de l’écarter comme un coureur lambda. Mais la structure flamande, qui compte la meilleure équipe du peloton pour les classiques, ne peut se permettre de passer à côté de victoires simplement parce qu’elle refuse d’admettre le déclin de son leader historique. Il y a un an sur Roubaix, Terpstra était allé gagner sans réellement désavouer son leader, mais cette année, il faudra faire un vrai choix. Un casse-tête pour Patrick Lefevere.

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