Deux victoires en deux jours, Giovanni Visconti n'avait jamais été aussi prolifique sur le Giro - Photo Giro d'Italia
Deux victoires en deux jours, Giovanni Visconti n’avait jamais été aussi prolifique sur le Giro – Photo Giro d’Italia

Cette 17e étape du Tour d’Italie, entre Caravaggio et Vicence, ne pouvait satisfaire tout le monde. Soit les sprinteurs passaient la côte de Crosara, et Mark Cavendish se plaçait en grand favori. Soit les puncheurs se battaient dans la seule difficulté du jour et faisaient tout sauter. Visconti aux anges à l’arrivée, cela signifiait l’échec des sprinteurs, et donc du maillot rouge…

La renaissance de Visconti

Sur les pentes du Galibier, l’Italien avait profité de circonstances favorables pour rester seul jusqu’en haut et décrocher une première victoire de prestige. Mais ce mercredi, il ne doit sa victoire qu’à lui-même, qu’à son culot et à la force de ses jambes. Dans la côte de Crosara, le Palermitain est sorti, à rattrapé puis déposé les échappées, avant de réaliser un super chrono de 17 kilomètres jusqu’à la ligne d’arrivée, résistant à un peloton réduit et mal organisé qui n’aura jamais été en mesure de rattraper le coureur de la Movistar. Deux victoires en trois jours, cela marque la renaissance d’un coureur en difficulté depuis fin 2011 et son départ de Farnese Vini. Car comme à chaque fois qu’il quitte son pays natal, le triple champion d’Italie n’y arrive pas, et son transfert dans l’équipe d’Eusebio Unzué n’avait jusque là pas dérogé à la règle.

Ses deux victoires sur la course rose marquent peut-être – et on l’espère – le début d’une belle aventure entre Visconti et la formation ibérique. Très en forme sur ce Giro avec déjà quatre victoires d’étapes et le port du maillot de leader durant une journée, la Movistar a fière allure, et a su donner confiance à son électron libre. Mais surtout, avec ces deux succès, le désormais trentenaire prend sa revanche sur une course qu’il aime, mais qui jusque là s’était refusée à lui, hormis en 2008 où il avait porté le maglia rosa. En effet, Visconti avait remporté la 17e étape en 2011, avant d’être déclassé pour un sprint irrégulier. Puis l’année passée, il avait du abandonner sur la 15e étape, trop court physiquement. En remportant sur cette 96e édition les 15e et 17e étapes, le transalpin a droit à un joli signe du destin, et s’offre deux victoires qu’il mérite amplement.

Cav dit au revoir au maillot rouge

Au soir ce cette journée, Mark Cavendish est toujours en rouge, mais pour quatre petits points seulement. Et problème, le deuxième du classement est Cadel Evans, un homme qui devrait terminer bien placé dans les futures arrivées en altitude de cette troisième semaine. Malgré une motivation remarquée chez le Britannique, qui s’est efforcé toute la journée de prendre quelques points pouvant s’avérer précieux au final, Cav n’a pas réussi à franchir la côte de Crosara avec le groupe de tête. Avec plus d’une minute de retard au sommet, ses coéquipiers n’ont rien pu faire, moins de 20 kilomètres n’étant pas suffisants pour faire recoller l’Anglais. Alors qu’il ne reste plus qu’une étape sur laquelle Cavendish peut prendre de nombreux points – la dernière, arrivant à Brescia – il faut se faire une raison : il ne restera pas leader du classement par points.

Après avoir perdu le paletot pour un petit point en 2012, au profit d’un Joaquim Rodriguez qui jouait le classement général, celui qui a déjà remporté ces classements sur le Tour de France et la Vuelta n’y arrive pas. Ce n’est évidemment pas de sa faute, il a gagné jusqu’ici toutes les étapes qui semblaient à sa portée. Mais comme souvent, le maillot rouge reviendra cette année à un homme visant au départ le maillot rose. Après Simoni, Bettini, Di Luca, Menchov, Evans et Purito, c’est une nouvelle preuve que conquérir le maillot rouge en étant un pur sprinteur est une mission très difficile, presque impossible, la faute aux très nombreuses arrivées au sommet que comporte le Giro. Pour succéder à Mario Cipollini, Alessandro Petacchi ou encore Daniele Bennati, le meilleur sprinteur du monde devra donc revenir l’an prochain, ou bien plus tard, et espérer un dénouement enfin plus heureux.

Robin Watt


 

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