Depuis le début du Tour, il fait partie des Français que l’on voit beaucoup. Toujours placé, voilà qu’il a profité d’une échappée victorieuse pour prendre le maillot jaune après un peu plus d’une semaine de course. De quoi passer un 14 juillet sous le feu des projecteurs, avec un paletot rayonnant qu’il aura été cherché avec les tripes.
Un maître mot : régularité
Pour être en mesure de reprendre le maillot jaune à Vincenzo Nibali ce week-end, il fallait avoir réalisé une première semaine de course parfaite, car une seule erreur, du départ britannique à l’entrée dans les Vosges en passant par la fameuse étape des pavés, suffit à faire s’envoler de nombreux espoirs. Gallopin avait donc jusqu’ici couru juste, et il pouvait ainsi entretenir le rêve de s’emparer du mythique maillot jaune. « C’est fort. J’y pense depuis l’étapes des pavés et il y avait une opportunité aujourd’hui. Ce n’était pas facile de la saisir mais je me suis battu et au final c’est fait, c’est incroyable », expliqua-t-il à l’arrivée de cette neuvième étape à Mulhouse. Il est vrai que l’échappée mit du temps, ce dimanche, à se dessiner. Mais finalement, c’est un groupe conséquent d’un peu plus de vingt coureurs qui prit la poudre d’escampette avec l’aval de l’équipe Astana, désireuse de se délaisser du maillot jaune à condition qu’un homme non-dangereux pour le général puisse s’en emparer.
La présence à l’avant du natif de Dourdan était donc parfaite pour les hommes d’Alexandre Vinokourov. Il suffisait à la formation kazakhe de gérer l’écart pendant que Tony Martin s’envolait vers la victoire d’étape en costaud. A la veille d’une étape très attendue vers la Planche des Belles Filles, mais surtout du 14 juillet, Tony Gallopin a donc réussi son coup. Dans un coin de sa tête depuis quelques jours déjà, il en avait parlé à son manager Marc Sergeant, qui avait validé l’initiative. Mais auparavant, il avait fallu s’accrocher hier, alors que le tricolore n’était pas dans un bon jour. Malgré tout vers Gérardmer, Gallopin ne perdit honorablement que quatre minutes, de quoi rester en embuscade aux portes du top 10 du général. Et avant de s’atteler à son rôle d’équipier pour Jürgen Van den Broeck dans les Alpes puis les Pyrénées, le neveu d’Alain – qu’il n’a pas oublié de remercier à l’arrivée – aura donc l’honneur de porter le maillot jaune demain.
Une journée et puis s’en va ?
Cependant, avec seulement une minute et trente quatre secondes d’avance sur son dauphin Vincenzo Nibali, il lui sera très difficile de conserver sa position de leader sur l’étape phare des Vosges ce lundi. Gallopin lui-même reste très lucide sur ses capacités actuelles : « J’ai fait tous les jours à fond depuis le départ, et je sens que je commence à payer ces efforts. Ce sera vraiment difficile de garder le maillot jaune demain », avouait-il non sans une pointe de déception. En effet, vu son travail dans la dernière heure de course, au moment où l’on savait le paletot assuré, il espérait sans doute avoir grappillé un peu plus de temps. Qu’importe, là n’est pas le plus important. Porté le jaune une journée sera déjà incroyable pour Gallopin, d’autant que ce sera le jour de la fête nationale et sur une étape que tout le monde imagine explosive. Et puis il ne faut pas oublier que l’ancien pensionnaire de l’équipe Cofidis venait sur la Grande Boucle pour aider André Greipel et Jürgen Van den Broeck. Ce maillot n’était pas prévu, et même une seule journée, saura ravir le principal intéressé. Ensuite, il sera temps de redevenir cet équipier polyvalent. Mais au moins, il aura vécu quelque chose de grand juste avant. Une juste récompense pour un coureur qui aura mérité son instant de gloire.