A 37 ans, l’Italien donne désormais dans le rôle de lieutenant. Pas facile pour un coureur qui a connu de très grands succès. Mais c’était le deal, en s’engageant chez Tinkoff. Alberto Contador a un objectif de taille en 2015, remporter à la suite le Giro et le Tour de France. Basso, avec toute son expérience, doit l’amener au succès. Un nouveau rôle qu’il remplit pour l’instant à la perfection.

Une mutation aisée

Après deux saisons très compliquées chez Cannondale, Basso n’avait pas le choix. Dans la fusion de son équipe avec Garmin, il n’y avait pas de place pour lui. Pourtant, le Lombard ne voulait absolument pas prendre sa retraite. « J’avais des possibilités et je ne voulais pas arrêter », expliquait cet hiver le principal intéressé à Cyclingnews. Ses relations avec Oleg Tinkov et Bjarne Riis, son ancien manager à la CSC, l’ont donc fait atterrir au sein de l’équipe russe. Un choix de cœur selon l’Italien, qui avait d’autre propositions en World Tour. Mais en signant son contrat de deux ans, il sait dès lors qu’il ne sera plus le leader qu’il a pu être. Après deux échecs successifs sur la Vuelta et le Giro, il ne peut que briguer un rôle de lieutenant pour le grand patron de l’équipe, Alberto Contador. Un statut dont Basso s’accommode : « C’est pour moi une grande motivation de terminer ma carrière aux côtés d’Alberto, de l’aider au maximum dans ses objectifs. J’en suis très fier », confiait-il ainsi à Biciciclismo.

Le double vainqueur du Tour d’Italie assure même ne pas avoir à changer son approche des courses pour être un bon lieutenant. « Je n’ai pas vraiment à changer ma mentalité. Si je veux aider Alberto, j’ai besoin d’être à l’avant de la course, quand il ne reste que quelques coureurs. Je dois garder la mentalité d’un leader, mais avec un autre travail à effectuer. » Loin de lui, cependant, l’idée de jouer sa carte personnele. « Je suis ici pour d’autres objectifs, aider l’équipe à gagner, assure-t-il. Sacrifier son ambition pour un autre est un acte d’intelligence et de maturité. » Pour autant, Basso refuse de se définir comme un vétéran. « Tu le deviens quand psychologiquement, tu préfères dormir plutôt que t’entraîner. Pas avant. Et pour moi, ce n’est pas une obligation. J’aime ça, ce n’est pas un devoir mais un plaisir. » Rien d’étonnant de la part d’un coureur qui nous a si souvent surpris. Le natif de Gallarate n’a jamais eu pour habitude d’abandonner, quitte même à s’obstiner un peu trop longtemps.

Lucide et déjà efficace

Le changement de statut de Basso a aussi été facilité par ses derniers résultats. Cela fait quelques années que le transalpin ne brille plus sur les grands tours, et il a pris conscience qu’il était nécessaire de tourner la page. « Ca a commencé en 2012. Et ça a continué sur la Vuelta 2013, où j’étais bien mais où le froid m’a forcé à abandonner. C’est psychologique. Les dernières années furent difficiles parce que les jambes n’étaient pas aussi bonnes que je l’espérais. Il faut toujours avoir de hautes ambitions, et espérer obtenir le meilleur. Mais lorsque vous n’obtenez pas ces résultats, si vous donnez le maximum, au moins votre conscience est claire. » Une philosophie que désormais, l’Italien met au service de son leader, lancé à la quête d’un improbable doublé. Difficile de savoir s’il croît lui même dans les chances du Pistolero, puisqu’il ne l’avouera de toute façon jamais à la presse. Mais s’il suivra l’Espagnol partout jusqu’au Giro, il n’est pas dit qu’il fasse le Tour.

Pour autant, Basso est déjà très efficace dans son nouveau rôle. Si les résultats de Contador ne dépendent évidemment pas que de lui, il a parfaitement lancé son leader lors de la montée vers Hazas Llanas, sur le Tour d’Andalousie. Vainqueur au sommet, le Madrilène avait profité juste avant son attaque d’un superbe travail de l’Italien. Le vainqueur ibérique n’avait d’ailleurs pas manqué de saluer son équipe, et en particulier son nouveau lieutenant. « L’équipe, avec Ivan à sa tête, a été phénoménale, et nous nous sommes entendus à la perfection. » Désormais, la suite, c’est Tirreno-Adriatico, le Tour de Catalogne puis la course rose. Après son titre retiré de 2011, Contador aura à cœur remettre les pendules à l’heure. Malgré tout, aider quelqu’un à remporter une course qu’il a déjà gagné deux fois, ce pourrait être considéré par Basso comme une régression. Mais en guise de conclusion, il assure l’inverse. « Ce n’est pas un pas en arrière, mais en avant. »

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