La Une de La Gazzetta le vendredi 21 mai 1954, jour du départ du 37e Tour d'Italie depuis Palerme - Photo Del Campe
La Une de La Gazzetta le vendredi 21 mai 1954, jour du départ du 37e Tour d’Italie depuis Palerme – Photo Del Campe

La Gazzetta dello Sport, qui fête son 117e anniversaire cette année, est l’un des quotidiens sportifs les plus influents d’Europe, avec plus de 350 000 exemplaires vendus chaque jour. Mais cette notoriété n’est pas née toute seule, et le fait que le quotidien basé dans la ville de Milan soit étroitement lié à l’organisation de l’événement sportif préféré des Italiens, le Giro, n’y est pas étranger. Maintenant devenue l’un des principaux sponsors de l’évènement, La Gazzetta est bien plus qu’une simple source de revenue pour la course.

Un amour pour le cyclisme bonifié par Cougnet

La Gazzetta dello Sport est aujourd’hui le quotidien sportif italien le plus lu, mais c’est aussi le plus ancien. Le journal est né, en avril 1896, d’une fusion entre les quotidiens Il Ciclista et La Tripletta, tous deux spécialisés dans l’actualité cycliste. La date de création n’est d’ailleurs pas du tout un hasard puisqu’elle précède de quelques mois seulement les premiers Jeux Olympiques modernes, remis au goût du jour par Pierre de Coubertin. Cependant, c’est bien vers le vélo que se dirige tout de suite le journal, présentant dès sa première édition la course qu’il organisera, la classique Milano-Monza-Lecco-Erba. La Gazzetta dello Sport est alors un bihebdomadaire qui voit arriver  en 1898 Armando Cougnet, premier patron du journal à l’âge de 18 ans. Cet évènement marque tournant pour le quotidien sportif et pour le sport italien en général.

Grand amateur de cyclisme, le Niçois d’origine est décrit comme un homme élégant, courtois et surtout sportif, participant même à quelques épreuves cyclistes pendant sa jeunesse. Alors que le journal devient tri-hebdomadaire en 1908, l’Italien a la conviction que pour se développer, il faut organiser une grande épreuve à son nom, comme l’a fait quelques années auparavant L’Auto en créant le Tour de France. Toutefois, un autre quotidien milanais, le Corriere della Sera, veut organiser un projet similaire, devenant un rival pour le journal sportif préféré des Italiens. C’est donc en août 1908 qu’Armando Cougnet présente le projet en Une de son journal, coiffant dans le même temps le Corriere della Sera. La première édition de ce Tour d’Italie se déroulera pendant le mois de mai 1909, partant de Milan et arrivant toujours dans la capitale lombarde après huit étapes. Le pari de Cougnet – patron de l’épreuve de 1909 à 1948 – est donc réussit, et les nombreux tifosi ne manqueront pas de le remercier tout au long de ces années. Preuve de sa popularité de l’autre côté des Alpes, un critérium en son hommage fût organisé durant une dizaine d’années après sa mort.

Une histoire qui perdure

Comme L’Auto et son maillot jaune, La Gazzetta dello Sport a donné naissance au maillot rose. Cependant, le journal était, à l’origine, publié sur du papier vert. C’est seulement en 1899 qu’il a été décidé de publier les articles sur fond rose, une couleur devenue la marque de fabrique du quotidien milanais. C’est en l’honneur du journal, qu’en 1931, le maillot rose fût alors inauguré et porté par le leader du classement général. Le premier coureur porteur de ce maillot fût le légendaire Learco Guerra, quintuple champion d’Italie, champion du monde et vainqueur du Giro 1931.  Mais le maglia rosa comme on l’appelle en Italie, n’est pas la seule tradition à avoir perduré tout au long de ces années. Alors que le Tour de France ou la Vuelta se terminent chaque année sur les routes de leurs capitales, le Giro se démarque des deux autres grands tours en effectuant ses derniers coups de pédale dans les rues de Milan – à l’exception d’une quinzaine d’éditions -, en hommage à la ville d’origine de La Gazzetta.

Au fil des années, La Gazzetta dello Sport aura donc marqué de son empreinte un Giro devenu mythique. Toujours présente pour mettre en avant sa course dans son journal, La Gazzetta fait tout pour que le public puisse suivre ‘épreuve dans les meilleures conditions possibles. Depuis quelques années, le quotidien offre ainsi  la possibilité de suivre la course gratuitement sur son site internet, en vidéo et en direct. De nombreux anciens journalistes du quotidien tansalpin, comme Angelo Zomegnan, tentent de poursuivre la voie tracée Armando Cougnet en prenant les rênes de l’organisation du Giro. Et avec brio le plus souvent, au vu du spectacle que nous offre la course rose depuis de nombreuses années. L’histoire d’amour entre La Gazzetta dello Sport et le Giro est donc loin d’être terminée, pour le bonheur des tifosi et des amoureux du cyclisme.

Mehdi Khouch


 

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