2013 est une année presque prodigieuse pour Roman Kreuziger, le grand espoir qui peinait jusque là à confirmer. Lui, l’homme qui a gagné le Tour de Suisse à seulement 22 ans puis celui de Romandie un an plus tard, a souvent été dans l’ombre de leaders chez Liquigas. Avant d’enfin détenir le leadership chez Astana, sans forcément plus de réussite. Chez Saxo-Tinkoff en revanche, tout semble différent.

Une classique en poche, un podium du Tour envolé

Recruté à l’intersaison pour être le lieutenant d’Alberto Contador sur le Tour de France, le Tchèque n’a pas eu beaucoup de courses pour s’exprimer en début de saison. Mais les classiques, alors que son leader espagnol n’y prête pas trop attention, lui adore ça. Du coup, Bjarne Riis l’y a aligné, et Kreuziger ne s’est pas fait prier pour remporter – à la surprise générale – l’Amstel Gold Race. En partant au pied du Cauberg, celui qui avait déjà été placé sur Liège-Bastogne-Liège ces dernières années a prouvé qu’il était très fort. Cette première classique en poche, c’était en fait les prémices d’une suite de saison de haute volée, même si à l’époque, les observateurs penchaient plus pour un coup de chance sur une course d’un jour. Mais entre la classique néerlandaise et la Grande Boucle, il y a plus de deux mois, durant lesquels Kreuzi a disparu des radars. De quoi encore nous surprendre sur la grande messe de juillet.

Juste avant, le natif de Moravsaka avait bien signé un podium au Tour de Suisse, mais cela correspondait tellement à sa nouvelle classification d’hommes de courses d’une semaine qu’on n’y avait presque pas fait attention. Avant, bien sûr, que le Tour de France arrive. Venu pour être le principal équipier de Contador en haute montagne, le Tchèque se montre presque meilleur que son leader dans les Pyrénées, et truste même le podium après l’étape du Mont Ventoux. Malheureusement pour lui, la stratégie d’équipe prime et il doit se sacrifier pour le Pistolero un peu partout, ce qui le mène inévitablement à quelques coups d’arrêt dans les Alpes, et à une cinquième place finale. Compte tenu du déroulement de la course, un podium était largement envisageable. Mais ce top 5 améliore déjà nettement ses performances précédentes, lui qui n’avait jamais fait mieux que huitième à Paris. Quand on ajoute à ça une troisième place sur la Clasica San Sebastian, samedi, on peut définitivement dire que Kreuziger a confirmé. Et mieux vaut tard que jamais.

Quel avenir ?

Evidemment, on se demande ce qu’il en sera de Kreuziger prochainement, et notamment la saison prochaine. N’est-il pas en mesure de jouer le podium voire un peu plus sur le Tour ? N’a-t-il pas les capacités pour aller gagner un grand tour légèrement moins relevé au niveau de la concurrence, que ce soit la Vuelta ou le Giro ? Le problème reste cependant Alberto Contador, qui n’a « que » 30 ans et donc encore l’envie de disputer des Tours de France pour les gagner. Chez Saxo, difficile d’imaginer qu’on prendra le risque de faire disputer le Giro à Kreuziger tant il serait affaiblit pour aider le Madrilène en juillet. Et il est encore plus improbable que Bjarne Riis donne le leadership au Tchèque tant que le double vainqueur de la Grande Boucle sera présent. Une sorte de cercle vicieux dont le seul échappatoire pour Roman Kreuziger semble être un départ. Mais ça commencerait à faire beaucoup en peu d’années, surtout que l’environnement de la formation danoise semble bien lui convenir. Sacré dilemme…

Mais surtout, il reste une inconnue. Le garçon de 27 ans est-il capable de réaliser les mêmes performances en étant désigné leader ? La pression que cela implique n’est pas la même, que ce soit face aux médias ou bien auprès de son équipe. Peut-être que le Tchèque s’en sortirai très bien dans cette situation, mais jusqu’à maintenant, il n’a jamais été étincelant malgré une équipe à sa disposition, en atteste le Giro 2011. Du coup, même si la possibilité de rejoindre d’autres cieux s’offrira peut-être à lui cet hiver, la décision mérite une certaine réflexion. Enfin au niveau attendu, il serait dommage de tout gâcher par gourmandise. Kreuziger est peut-être destiné à un rôle d’équipier de luxe capable de glaner quelques accessits. Mais aujourd’hui, une chose semble certaine : le rôle de leadership, il doit attendre et tenter de le conquérir chez Saxo, et ne pas aller voir ailleurs trop vite.

 

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