Il est temps pour la Chronique du Vélo de récompenser le puncheur de l’année. S’il n’a toujours pas remporté le grand tour après lequel il court depuis plusieurs années, Purito a encore terminé numéro 1 mondial au classement UCI, et a été présent tout au long de la saison.

Une régularité impressionnante

Rarement cette saison, Joaquim Rodriguez est allé sur une course pour en repartir totalement bredouille. Il y eut le Tour de San Luis, en janvier, lorsqu’il était en pleine préparation. Puis le Dauphiné, dans une certaine mesure, et deux courses d’un jour italiennes en fin de saison (GP di Prato et Milan-Turin). Le reste du temps, entre victoires, classements généraux ou places d’honneur, le Catalan a toujours été présent. Du Tour d’Oman à celui de Lombardie, deux courses diamétralement opposées et surtout se situant aux deux extrémités du calendrier. Les coupures, cette saison l’Espagnol a très peu connu. L’une des plus longues a duré mois, entre la fin d’un Tour de France achevé à la troisième place et le début d’une Vuelta qu’il terminera cette fois au pied du podium.

La preuve d’une nouvelle régularité sur les grands tours, desquels il n’est sorti du top 7 final qu’à deux reprises sur ses onze dernières participations (abandon sur le Giro 2009 et 19e de la Vuelta 2011).En tant que leader sur trois semaines, Rodriguez n’est malgré tout pas encore au sommet de son art. Mais comme puncheur, qui est véritablement meilleur que lui ? Certes, le garçon gagne peu, mais ça ne change pas de d’habitude. Conclure est souvent le plus difficile, surtout quand on a la pointe de vitesse du Catalan, qui l’oblige à arriver en solitaire. Du coup, ça fonctionne de temps en temps : à Green Moutain en Oman, à Chieti sur Tirreno, à Naranco sur la Vuelta, et bien sûr, au Tour de Lombardie. Le reste du temps, Rodriguez collectionne les places d’honneur, comme sur les grands tours. A chaque fois derrière un homme différent, qui trouve toujours comment lui faire la nique…

Le nouveau patron des ardennaises

Ainsi, Dan Martin l’a aligné sur Liège-Bastogne-Liège, quelques jours après que Purito ait laissé carte blanche à son coéquipier Daniel Moreno sur la Flèche wallonne. Au sortir du triptyque ardennais, le leader de la Katusha compte donc deux places d’honneur et un abandon – sur l’Amstel. Deux grands tours plus tard, il est temps de disputer les classiques automnales, avec notamment les Mondiaux et le Tour de Lombardie. Au final, une victoire supplémentaire sur l’épreuve italienne, qui succède à celle de l’an passé et fait de Rodriguez le numéro 1 mondial. Mais une semaine avant, l’Espagnol s’était encore fait avoir, à Florence. Pas vraiment de sa faute, tant Costa avait bien joué le coup. Mais après le monument belge en avril, voilà que le maillot arc-en-ciel lui passait aussi sous le nez. Cruel…

Alors oui, à y regarder le palmarès, Purito n’a rien de si dominateur. En plus de ses deux Tours de Lombardie, il ne compte qu’une Flèche wallonne dans la besace. Mais il est bien le nouveau maître des ardennaises, et le meilleur puncheur actuel. S’il n’a pas encore montré qu’il était capable, à l’instar d’un Philippe Gilbert, d’enchaîner les victoires lorsqu’il est en forme, il a su prouver sa régularité, et ce à 34 ans. Avec son incroyable giclette, Rodriguez peut sortir à peu près n’importe qui de sa roue sur des forts pourcentages. A la régulière, personne ne peut donc espérer rivaliser. Mais encore imparfait tactiquement et surtout incapable de battre qui que ce soit au sprint, le Barcelonais ne peut se targuer d’autant de victoires qu’il le mériterait. Et à seulement quelques années de la retraite, il ne devrait pas changer. Le meilleur puncheur du peloton a donc du panache, mais pas grand chose d’un gagneur né, c’est comme ça…

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