Cinquième du Tour en juillet, Tejay van Garderen est resté en forme en août avec une victoire probante sur ses terres, au Tour du Colorado. Avant d’entamer un copieux dernier mois de compétition, l’Américain s’est confié à la Chronique du Vélo sur ses ambitions, son admiration pour Cadel Evans ou encore son statut de porte-drapeau du cyclisme américain post-Armstrong.

La saison de cyclisme 2014 a beau approcher doucement de son terme, Tejay van Garderen a toujours les crocs. Frustré par sa cinquième place sur le Tour de France, alors que les abandons de Contador et Froome pouvaient lui faire espérer un podium, le leader de BMC a brillamment rebondi en remportant, pour la deuxième année de suite, le Tour du Colorado, disputé fin août, avec deux victoires d’étape à la clé. « Je voulais prouver que je pouvais bien revenir des quelques soucis que j’avais connu pendant le printemps (virus, puis fracture à la hanche suite à une chute sur le tour de Romandie, ndlr) et sur le Tour, et gagner à nouveau au Colorado, explique l’Américain. Ça m’a fait du bien. »

« Le Mondial ? Le circuit me plaît. »

Relancé par cette victoire à domicile (il réside à Aspen, dans le Colorado), « TVG » se projette désormais sur la fin de saison avec gourmandise. Il s’alignera ainsi sur les deux épreuves canadiennes du World Tour (GP de Québec, le 12 septembre, et GP de Montréal, le 14), avec en point de mire les Championnats du monde de Ponferrada (course en ligne le 28 septembre), dont il a fait un objectif. « Malheureusement, les Etats-Unis ne disposeront pas d’une équipe complète cette année (les Américains ont droit à six coureurs, contre neuf pour les nations les plus performantes du World Tour, ndlr) donc nous allons être un peu en infériorité numérique, rappelle Van Garderen. Mais nous emmenons une bonne équipe, dont fait partie mon coéquipier chez BMC, Brent Bookwalter. Le circuit me plaît et je pense avoir des chances de faire un bon résultat. »

Sur un parcours qui n’est a priori pas vraiment fait pour lui, van Garderen peut-il créer la surprise, lui qui n’a jamais réussi à aller au bout d’un Mondial (abandons en 2010, 2012 et 2013) ? L’intéressé en semble en tout cas convaincu, au point de ne même pas évoquer le contre-la-montre (24 septembre), qu’il disputera également et sur lequel il avait manqué la médaille de bronze pour cinq secondes en 2012. Le contre-la-montre par équipes (21 septembre), épreuve dans laquelle la formation BMC a toujours été compétitive depuis son introduction il y a deux ans (2e en 2012, 4e en 2013), devrait aussi être un objectif de la semaine espagnole pour l’ancien pensionnaire de l’équipe HTC-Columbia, qui pourrait ensuite enchaîner avec le Tour de Pékin (10-14 octobre), qu’il n’a jamais couru.

« En course, Cadel semble toujours au bon endroit au bon moment »

Coureur le mieux placé de BMC au classement UCI World Tour (14e), van Garderen a donc encore des points à aller chercher d’ici la fin de saison pour le compte de la formation américaine, dont il est désormais un leader à part entière. Des responsabilités qui devraient encore grandir dans le futur, avec la retraite prochaine de Cadel Evans (certaines sources évoquent le Tour Down Under 2015 comme sa dernière course). Coéquipier du stakhanoviste australien depuis maintenant trois ans, “TVG”  a érigé celui-ci en modèle. « C’est le professionnel des professionnels lorsque l’on parle de cyclisme, affirme l’Américain. Il est méticuleux dans sa préparation et dans son entraînement, et en course, il semble toujours au bon endroit au bon moment. En continuant à courir et en engrangeant de l’expérience, j’espère être capable de faire la même chose. »

A terme, l’objectif est bien sûr d’imiter la plus grande réalisation de Cadel Evans, en inscrivant lui aussi son nom au palmarès du Tour de France. Une obsession pour Tejay, qui a jusqu’ici complètement occulté les autres grands Tours (une seule participation à la Vuelta, en 2010). « Pour l’instant, mon attention est portée sur le Tour de France », confirme le coureur de 26 ans, qui aurait pu figurer sur le podium des Champs-Elysées en juillet dernier, sans une fringale dans le Port de Balès (16e étape) qui lui fit perdre 3’30 sur les autres prétendants. « La bonne nouvelle, c’est que je sais ce que je ne dois pas faire la prochaine fois, ironise-t-il aujourd’hui. La veille, c’était la journée de repos. Je n’ai tout simplement pas assez mangé ce jour-là, et le lendemain, j’ai explosé. »

« Je sais que je peux faire mieux »

Aujourd’hui l’ancien maillot blanc sur la Grande Boucle n’a donc qu’une envie : retenter sa chance. « Je sais que je peux faire mieux que ma cinquième place sur le Tour, et ce sera un objectif sur lequel se concentrer en 2015. » Ambitieux mais lucide, le natif de Tacoma sait pertinemment que gagner le Tour est une quête de longue haleine. L’exemple d’Evans, sacré à 34 ans et à sa septième participation, n’a pu que le renforcer dans cette idée. « Vous gagnez en expérience chaque fois que vous faites le Tour, assure-t-il, et vous apprenez quelques unes des petites choses qui font que vous évitez les ennuis et restez en bonne santé sur une course de trois semaines. » C’est dans ces détails que se situe sa marge de progression la plus nette, même si “TVG” sait qu’il doit « continuer à travailler sur (s)es capacités de grimpeur et sur le chrono. »

En attendant la suite, sa victoire dans le Colorado, ainsi que sa bonne tenue générale sur le Tour, ont confirmé qu’il était l’un des patrons – avec Andrew Talansky notamment – de la nouvelle génération américaine, celle de l’ère post-Armstrong. Deux ans après la chute définitive du Texan, van Garderen veut croire qu’une nouvelle page du cyclisme US est en train de s’écrire, détachée des ombres du passé. « D’après ce que j’ai vu au Colorado, le cyclisme américain est reparti du bon pied, se réjouit-il. La foule est venue nous voir en masse et il n’y avait pas de questions sur le dopage en conférence de presse d’après-course. C’est bon signe, cela montre que nous allons de l’avant. Et il y a beaucoup de jeunes talentueux qui arrivent. » Toutefois, pour l’heure, c’est plus que jamais à Tejay van Garderen d’assumer ses responsabilités.

Rodolphe Desseauve

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