A 22 ans, Loïc Vliegen a couru ce dimanche son premier Liège-Bastogne-Liège. Une course forcément particulière pour ce Liégeois d’origine. Après un bon début de printemps, il abordait le Monument wallon avec l’envie de bien faire, pressé de rouler sur ses routes d’entraînement mais sans appréhension particulière. Tout au long du week-end, il s’est confié à la Chronique du Vélo. Carnet de route.

Samedi, 17 heures, après la présentation des équipes

« Sur Liège-Bastogne-Liège, je me sens vraiment à domicile. Je suis Liégeois et déjà à la présentation des équipes, je me sentais chez moi, j’ai vu beaucoup de gens que je connais. C’est agréable de pouvoir courir une telle épreuve dans ces conditions. On va passer sur mes routes d’entraînement, ça a vraiment une saveur particulière. Pour moi, Liège est la plus grande des classiques. Je me réjouis depuis un moment d’y être. Prendre le départ depuis la place St Lambert, que je connais très bien, ça va être un vrai plaisir. J’ai déjà connu ça chez les Espoirs, mais là c’est totalement autre chose, je le sais. Ca va être 250 kilomètres de course, avec un niveau incomparable. Mais je sais que c’est une épreuve qui me correspond bien, avec des côtes de deux ou trois kilomètres que j’affectionne.

Même le fait que l’on annonce de la neige pour demain ne me fait pas peur. Quand on est motivés, tout se passe dans la tête. Qu’il y ait de la neige ou quelque chose d’autre, tu dois passer au-dessus. J’aurais préféré de meilleures conditions pour ma première participation, c’est sûr. Mais ce sera pareil pour tout le monde. Et puis j’ai été rassuré sur l’Amstel la semaine dernière : c’était un premier test pour moi sur plus de 250 kilomètres et ça s’est bien passé (Loïc a terminé neuvième, ndlr). En revanche, j’ai aussi fait la Flèche wallonne mercredi et je n’avais clairement pas assez récupéré. J’espère que cette fois ça va aller, mais c’est un gros point d’interrogation. Parce que j’espère vraiment être là dans le final. Ce n’est pas dans ma nature de courir à l’arrière du peloton, je cherche toujours à être à l’avant. Sauf qu’il faut être capable de le faire… »

Dimanche, 9 heures, avant le départ

« Comme prévu, la neige est au rendez-vous, mais je suis quand même très content d’être au départ. Ce matin le réveil était à 7 heures, histoire de déjeuner au moins trois heures avant le départ. Mentalement, il a fallu penser à se préparer pour le mauvais temps, et c’est ce que j’ai fait. J’ai imaginé tous les scénarios possibles, en pensant au pire. Je me suis aussi bien habillé, je pense qu’il ne faut pas hésiter à mettre une couche de plus, quitte à avoir trop chaud. On peut toujours revenir à la voiture ensuite pour retirer le superflu. Valerio Piva, le directeur sportif, a aussi tenté de nous motiver au maximum. Il nous a prévenu que la course serait difficile. Elle l’est déjà en temps normal, mais compte tenu des conditions météos, ça va être encore plus vrai. Avec la neige, à mon avis, je me souviendrai longtemps de mon premier Liège-Bastogne-Liège !

Pour ce qui est du déroulement de la course, je n’aurais pas forcément besoin de travailler pour nos leaders, Sanchez et Porte. D’ailleurs, à ce sujet, je suis déçu de l’absence de Philippe Gilbert. J’aime beaucoup courir avec lui, il m’apprend énormément, à la fois sur le vélo et en dehors. C’est une chance d’avoir un gars comme lui auprès de soi. Mais ça me permet aussi, pour aujourd’hui, d’être un peu plus libre. J’ai un peu la pression, forcément, mais c’est quelque chose que j’aime bien, je le gère correctement et ça me motive. Surtout que je sais que ma première partie de saison est réussie. J’aimerais beaucoup faire un nouveau bon résultat ici, mais je suis jeune et en toute logique, des Liège-Bastogne-Liège, il y en aura d’autres. Je vais faire du mieux possible, mais si ça ne se passe pas bien, demain ce sera oublié et on pensera à autre chose. »

Dimanche, 17 heures, après l’arrivée

« Je m’étais beaucoup habillé et je n’ai pas hésité à me changer plusieurs fois, donc la météo n’a pas été un problème. Mais j’ai souffert du dos à plusieurs reprises cette semaine, et la douleur s’est réveillée pendant la course. Je pense que pour ça, le temps n’a pas aidé… Il a fallu aussi penser à bien s’alimenter, à penser à tous les détails, ce n’est pas facile sur une telle épreuve, où il faut toujours être concentré. Ce sont des journées très difficiles, mais il faut se dire que c’est la même chose pour tout le monde. Je suis quand même déçu car j’ai vite senti que je n’avais pas la force pour être devant dans le final. Alors j’ai voulu aider l’équipe comme je le pouvais. C’est pour ça que j’ai tenté d’accélérer avant la Redoute, c’était le moment pour essayer. Dans le final, je n’en aurais pas été capable (il a terminé 65e, ndlr).

Mais l’équipe est satisfaite de ma course. A mon âge, ce n’est pas facile d’enchaîner quatre épreuves de plus de 200 kilomètres en seulement dix jours, et le staff en est conscient. J’ai fait deux tops 10, sur la Flèche brabançonne et sur l’Amstel, et j’en suis très heureux. Mais après, j’ai eu du mal à enchaîner. Je sens que j’arrive un peu au bout de mon pic de forme et qu’il me faut du repos avant de m’attaquer à d’autres objectifs. C’était aussi la première fois que je faisais l’ensemble des ardennaises, et ça m’a permis d’apprendre beaucoup. A l’avenir, je pense par exemple que j’éviterai de participer à la Flèche wallonne. Physiquement, c’est trop difficile de courir deux jours après l’Amstel. En revanche, je reviendrai sur Liège-Bastogne-Liège, qui j’espère deviendra le point d’orgue de mes prochaines campagnes de classiques. »

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